mercredi 30 juin 2021

Après les chemins de fer, c'est au tour des cours d’eau [Actu]

"Contre-courant" ou "En remontant le courant",
allusion au retour à avant Carlos Menem


La navigation sur le Paraná, formidable cours d’eau qui se jette dans le Río de la Plata, et relie cinq pays du bassin du Plata : le Brésil, la Bolivie, le Paraguay, l’Argentine et l’Uruguay. En Argentine, depuis 25 ans, la gestion du trafic et de la navigabilité de la rivière gorgée d’alluvions (donc facilement ensablée) fait l’objet d’une concession à un tandem privé formé par une société belge, Jan de Nul, et sa partenaire argentine, EMEPA, tandem baptisé Hidrovía SA.

Carte du bassin du Plata (Cuenca del Plata)
(source : AFIP, ministère du Budget argentin)

Le 30 avril dernier, la concession arrivait à échéance et pour se laisser du temps, le gouvernement argentin l’a prolongée de trois mois. C’est que le cours d’eau est très complexe à exploiter : d’abord pour des raisons techniques (outre la présence des dépôts d’alluvion qu’il faut draguer en permanence, le débit varie sans cesse, les crues et les sécheresses se succédant de façon peu prévisible) et pour des raisons diplomatiques et juridiques puisqu’il fait l’objet d’un traité international depuis 1969 entre tous les pays riverains, dont il est une importante voie commerciale et une réserve d’eau douce et de biodiversité essentielle pour tout le continent, sur le cours principal et celui de deux affluents majeurs, le Paraguay et le Tiéte.

L'info est traitée en titre secondaire (en haut à droite)
La photo est réservée au lustre du Teatro Colón,
descendu pour son entretien annuel
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Le gouvernement argentin vient de faire savoir que l’État allait reprendre la main sur l’exploitation de cette voie fluviale par laquelle transite 80 % du commerce extérieur national.

L’exploitation directe de la section argentine par la Direction des ports sera établie pour au moins un an, dès que le président aura apposé sa signature au décret qui a déjà reçu celle du Premier ministre et du ministre des Transports. Pendant ce temps, l’État percevra donc directement les droits acquittés par les armateurs dont les navires empruntent le fleuve et il se chargera de faire draguer le lit du Paraná.

Comme pour la nationalisation du fret ferroviaire avant-hier, l’opposition veut voir sous cette décision la main de Cristina Kirchner, qui avait pourtant renouvelé cette concession accordée sous la présidence de Carlos Menem dans les années 1990. Jusqu’à présent, le ministre des Transports refusait en effet cette solution radicale mais le ministre en question a trouvé la mort récemment dans un accident de la route et son successeur accepte. Voilà de quoi alimenter les rumeurs et les potins au cours d’une année électorale qui n’en manque pourtant pas, perturbée qu’elle est par une crise sanitaire mondiale qu’aucun homme politique au monde n’avait vu venir.

Dans un an, on y verra peut-être plus clair.

"L'Etat prend le contrôle de Hidrovía,
par où passe 80% de notre commerce extérieur"
La photo est consacrée au hall des arrivées
à l'aéroport international de Buenos Aires
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D’un point de vue historique, le Paraná fut et reste l’un des plus forts enjeux de souveraineté nationale pour l’Argentine. C’est sur ce fleuve qu’en 1845, le 20 novembre, une coalition des États formant alors la Confédération argentine avait réussi à gêner considérablement la marche d’une escadre marchande française alors que la France et la Grande-Bretagne exigeaient la liberté de naviguer sur les cours d’eau du pays et que Buenos Aires leur interdisait l’entrée sur le territoire, exigeant que tout commerce étranger se fasse dans son port (qui recueillait les droits de douane et les redistribuait plus ou moins bien aux autres États confédérés).

Cette bataille fluviale, au lieu-dit Obligado, sur un méandre de la rivière, est techniquement une victoire française (un drapeau argentin flotte ainsi dans la cathédrale Saint-Louis du diocèse aux Armées, aux Invalides) mais c’est politiquement une victoire argentine puisque l’expédition commerciale s’est soldée par un échec cuisant et que les marins français n’ont pas pu faire réparer les avaries subies pendant le combat. L’une des chaînes qui avait été tendue en travers de la rivière pour arrêter les bâtiments étrangers a longtemps été exposée au Museo del Bicentenario avant d’en être retirée par Mauricio Macri, qui a aussi été tenté de supprimer le jour férié instauré par Cristina Kirchner le 20 novembre, comme fête de la Souveraineté. Pour le moment, j’ignore si ces énormes anneaux de fer ont retrouvé leur place dans les collections d’objets historiques de ce musée, situé dans les sous-sols de la Casa Rosada.

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :

Ajouts du 1er juillet 2021 :
lire l'article de Página/12
lire l'article de La Nación

mardi 29 juin 2021

Le gouvernement continue la nationalisation du train [Actu]

Une de ce matin


Lorsqu’elle était présidente, Cristina Kirchner avait nationalisé les chemins de fer et repris sous la gestion publique la branche voyageurs, laissant le fret en concession au privé. Hier, le tout nouveau ministre des transports a annoncé qu’il ne renouvellerait pas la concession au-delà de son échéance en mars 2023, eu égard aux mauvais résultats de cette activité. La décision du ministre a été publiée hier au Bulletin officiel de la République argentine.

La société publique Belgrano Cargas y Logística (fret et logistique), qui opère trois lignes différentes, passera au public à 100 %, elle devrait absorber les trois autres sociétés (Sarmiento, Roca et Mitre) pour lesquelles le gouvernement envisage à terme des partenariats public-privé.

Vu ce que donne ce type de solution dans les pays du « Primer Mundo » (c’est-à-dire nous) qui l’ont mis en place (le privé s’enrichit au-delà de l’imaginable, l’État s’appauvrit et le contribuable y perd sa chemise), il n’est pas sûr que ce soit là la formule magique pour revenir à un service sain, adapté à la lutte contre le réchauffement climatique et à des résultats sociaux équitables, mais l’Argentine est étranglée par une énorme dette contractée il y a trois ans par le président Mauricio Macri. Elle n’a probablement pas d’alternative.

C’est assez pour faire grincer des dents dans les milieux de l’économie libérale et chez les hommes politiques de droite, tendus comme des arcs en vue des élections de mi-mandat. Surtout que du côté agricole, la fâcherie des producteurs de viande continue. La droite croit donc voir dans cette décision la main (diabolisée) de Cristina Kirchner.

Mais de l’eau va encore couler dans les rivières à haut débit de l’Argentine.

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :


Ajout du 4 juillet 2021 :
lire dans Pagina/12 cette interview du nouveau directeur du fret ferroviaire où il explique avec conviction et fermeté la politique suivie par le gouvernement.

Macri dans le collimateur de la justice : soupçon d’enrichissement illégal [Actu]

L'ancien président lors d'une des causeries de promotion


L’ancien président Mauricio Macri fait désormais l’objet d’une enquête pour enrichissement illégal sur l’initiative du parquet. C’est la première fois qu’il est formellement inquiété à titre personnel.

Le procureur le soupçonne d’avoir caché une partie de son patrimoine et de ses revenus au fisc et au public pendant sa présidence. Or, circonstance aggravante, les finances personnelles d’un président argentin doivent être transparentes sur toute la durée de son mandat. En prenant ses fonctions en décembre 2015, Macri avait fait savoir publiquement qu’il confiait sa fortune à un chargé de pouvoir pendant toute la durée de son mandat afin de mettre en pratique la plus stricte transparence. Le procureur est arrivé à la conclusion que tout cela n’était que des belles paroles en l’air.

Mauricio Macri se trouve actuellement en Espagne où il fait une tournée de promotion de son bouquin, Primer Tiempo (première mi-temps), qui raconte sa présidence et défend sa politique à la tête du pays (aujourd’hui étranglé par un endettement exorbitant contracté par ses soins, sans que le Congrès ait été consulté comme le prévoit la constitution).

Le nom de l’ancien chef d’État apparaît encore dans de nombreuses autres affaires pour lesquelles des enquêtes judiciaires sont actuellement ouvertes : écoutes illégales (un scandale qui rappelle celui de la cellule de l’Élysée sous Mitterrand), concession de la poste argentine (Correo Argentino) à la holding de la famille Macri qui a manqué à plusieurs engagements envers l’État, concessions d’autoroutes avec des malversations diverses et variées et plusieurs marchés publics qui auraient bénéficié tantôt à des affidés politiques de tel ou tel membre du gouvernement de Macri tantôt à des partenaires économiques du groupe familial.

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :


Ajout du 30 juin 2021 :
Hier, à 19h12 (heure argentine), La Nación a publié un article sur ce sujet sur son site Internet.

lundi 28 juin 2021

Hommage aux victimes du covid-19 au CCK : la décence politique est de retour [Actu]

"Argentine unie", dit le gros titre
C'est la devise du mandat présidentiel
En dessous : "Le nombre des morts augmente"
(Ce qui est une évidence : à chaque jour qui passe...
Pourtant depuis quelques jours,
le nombre de décès quotidien décroît lentement)
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Hier, le président Alberto Fernández a réuni 22 gouverneurs ou vice-gouverneurs (sur les 24 entités fédérées qui constituent l’Argentine) au Centro Cultural Kirchner à Buenos Aires : ensemble, ils ont rendu hommage aux 92 000 morts du covid dans tout le pays depuis le début de la pandémie.

Belle cérémonie sobre et recueillie, avec tous les cultes existant en Argentine et quelques musiciens, qui fait ce matin la une de La Prensa. On y voit le président et son opposant en chef, le chef de gouvernement de la Ville Autonome de Buenos Aires, qui se saluent avec chaleur en partageant l’abrazo national (pas très geste barrière, mais que voulez-vous ? Entre deux Argentins vaccinés, c’est difficile à empêcher). Toujours est-il que cette généreuse accolade marque une trêve entre les deux hommes après l’attitude très hostile que l’opposant avait déployée ces derniers mois en faisant feu de tout bois pour se démarquer du président.

Le président et les gouverneurs (photo Casa Rosada)

A droite, quelques mauvaises langues prétendent que Alberto Fernández s’est dépêché d’organiser cet hommage pour éviter d’avoir à le faire après que le pays aura atteint le seuil de 100 000 décès. C’est possible en effet et après tout, dans une année électorale où l’opposition ne recule devant rien pour déconsidérer la majorité, allant jusqu’à la calomnie pure et simple, ce serait de bonne guerre. Mais peut-être a-t-il simplement voulu accompagner, par un acte symbolique fort, les sévères mesures de confinement du pays qu’il vient de mettre en place jusqu’au 9 juillet inclus, l’anniversaire de la déclaration d’indépendance. Cela fera en effet deux ans que les deux fêtes nationales, le 25 mai et le 9 juillet, ne peuvent pas donner lieu aux festivités habituelles.

Une petite fille, toute de blanc vêtue, a allumé des bougies

Et cette interprétation est d’autant plus vraisemblable que le chef d’État, qui était invité cette semaine par Emmanuel Macron à Paris pour participer à une réunion internationale, vient de renoncer à son voyage en France, sur lequel l’ambassade travaillait d’arrache-pied depuis quelques semaines… En annonçant cette annulation, le président argentin a fait savoir qu’il souhaitait montrer l’exemple et à être le premier à restreindre ses déplacements, déclaration qui souligne l’impudence de son prédécesseur qui s’est, quant à lui, envolé aujourd’hui pour l’Espagne où il va faire la promotion de son bouquin. Or cela peut difficilement passer pour un motif impérieux de sortie du territoire national mais il a un passeport italien, il va et vient donc comme il veut entre son pays et l’Union Européenne. Quand on sait par ailleurs que Mauricio Macri ne respecte pas les quarantaines qui sont imposées aux voyageurs à leur arrivée que ce soit en Europe ou en Argentine, qu’il n’hésite pas à sortir de son hôtel pour aller se promener sans masque dans les rues de la ville où il débarque, même lorsqu’il n’était pas encore vacciné !

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :

Un fossoyeur de village qui en sait long sur les vols de la mort [Actu]

"Je ne vais pas emporter ça avec moi", dit le gros titre
en citant le témoin en photo


Dans la province de Entre-Ríos, à Paranacito, une modeste bourgade sur la rivière Paraná, un fossoyeur à la retraite vient de raconter à Página/12 tout ce dont il a été témoin sous la dernière dictature militaire qui précipitaient les opposants, drogués et entravés mais vivants, depuis les avions dans les énormes cours d’eau qui sillonnent le pays, le Río de la Plata, le Paraná ou l’Uruguay.

Ce monsieur, qui a aujourd’hui 77 ans, a dû inhumer des cadavres anonymes qu’on lui apportait en lui donnant l’ordre de les enterrer et de ne rien dire. Il a souhaité soulager sa mémoire de ces cauchemars. Ses confidences pourront peut-être faire avancer la cause des disparus et permettre d’identifier certains d’entre eux. Elles apporteront à coup sûr des informations nouvelles sur ce que fut cette méthode de suppression des opposants qu’étaient ces vols militaires et policiers.

Página/12 a fait sa une sur cette interview émouvante et éclairante.

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :

samedi 26 juin 2021

La Nación fête le bicentenaire de son fondateur, le président Mitre [Actu]

Bartolomé Mitre, coiffé d'un chambergo
Une silhouette devenue iconique en Argentine
Archives de La Nación


Aujourd’hui, La Nación consacre la majeure partie de son supplément Ideas à son fondateur, Bartolomé Mitre (1821-1906), l’un des plus grands intellectuels argentins du 19e siècle. Ce grand personnage de l’histoire argentine était en effet né il y a deux cents ans, le 26 juin 1821.

Extrait de la une de La Nación ce matin
avec une caricature signée Alfredo, l'un des dessinateurs de la rédaction
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Intellectuel brillant et foisonnant, traducteur, écrivain, historien (au sens préscientifique que ce mot a de son vivant), officier, journaliste, patron de presse, homme politique qui fut aussi le premier président de la période baptisée República Conservadora (République conservatrice), soit vingt ans de gouvernement unitaire et libéral qui fit suite à une première Argentine constitutionnelle gouvernée par des partisans du régime fédéral. Il fut le premier biographe des grands héros de l’indépendance, Manuel Belgrano (en 1859) et José de San Martín (en 1887), et travailla même sur Martín Miguel Güemes (dont on vient de commémorer le bicentenaire de la mort à Salta, le 17 juin). Il fut le premier historien de la Revolución de Mayo, qui eut lieu le 25 mai 1810 et entama le processus qui devait conduire à la déclaration d’indépendance le 9 juillet 1816. Le travail de Bartolomé Mitre est devenu une sorte de référence canonique à laquelle tous les historiens argentins d’histoire événementielle, sans aucune exception, se réfèrent et qu’ils citent sans cesse dans leurs articles et leurs ouvrages, pour reprendra à leur compte ses interprétations ou pour les contester.

Mitre pose, coiffé de son traditionnel chambergo,
(dans l'axe de la troisième colonne à partir de la gauche)
avec la rédaction de La Nación, sur le toit du siège du journal,
à deux pas de la maison où il vivait
et qui est devenu un musée

Il a constitué un trio d’hommes politiques intellectuels avec Domingo Faustino Sarmiento (1811-1888), l’un des trois présidents de la República Conservadora (1860-1880), et Juan Bautista Alberdi (1811-1884), juriste, écrivain, musicien et diplomate à qui l’on doit la constitution actuelle, écrite et adoptée en 1853.

Mitre en 1897 harangue la foule depuis un balcon d'une maison
de Plaza Libertad, à Buenos Aires.
Cette maison était celle de Guerico, le directeur et fondateur
du Museo Nacional de Bellas Artes 

La Nación, le quotidien qu’il fonda et qu’il dirigea jusqu’à sa mort et dont le capital appartient encore à ses descendants, est en ce samedi le seul quotidien à marquer cet anniversaire et il le fait avec une impressionnante série de longs articles, illustrés de nombreuses photos issues des archives du journal. Le quotidien a fait appel à de nombreux spécialistes, parmi lesquels on compte l’historien et académicien Miguel Angel De Marco, Natalio Botana, le président actuel de la Academia Nacional de la Historia, et un économiste de l’université privée Torcuato Di Tella (l’équivalent d’une de nos grandes écoles de commerce).

Mitre "à la plage"
Il se promène ici à Mar del Plata

Cette solitude de La Nación est d’autant plus impressionnante que Bartolomé Mitre est une figure emblématique de la droite argentine et que ni Clarín ni La Prensa ne devraient être indifférents à une telle date, quand bien même leurs propriétaires ne partageraient pas complètement l’idéologie franc-maçonne de ce personnage historique incontournable.

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :

lire l’article sur la modernisation de l’Argentine que l’on doit à Mitre
lire l’article sur son travail d’historien et de collectionneur de documents historiques
lire l’article sur sa traduction de la Divine Comédie de Dante (dont on fête en 2021 les 800 ans de la mort).

Nouvelles règles anti-covid jusqu’au 9 juillet pendant que la vaccination progresse [Actu]

"Des vaccins pour tous et  pour toutes", dit le gros titre


Le dernier décret présidentiel portant les mesures de semi-confinement arrivait à échéance hier soir. En l’absence persistante d’une loi d’urgence sanitaire, sur laquelle les parlementaires semblent ne pas réussir à s’entendre, le président a signé un nouveau décret qui reconduit les mesures déjà en vigueur avec quelques modifications, lesquelles s’appliqueront jusqu’au 9 juillet au soir (c’est un jour férié, la fête de l’Indépendance).

Alberto Fernández a donc introduit de nouvelles restrictions d’accès au territoire national pour limiter l’expansion des variants. Le tourisme en provenance et à destination de l’étranger reste impossible. Qui plus est, au vu de la violation de l’isolement obligatoire à l’arrivée en Argentine par 40 % des personnes entrant dans le pays, le respect de la quarantaine sera désormais surveillé par la police des frontières (migraciones) et les autorités provinciales compétentes sur l’aéroport d’arrivée. Seules 600 personnes par jour pourront entrer en Argentine jusqu’au 9 juillet et chacune d’entre elles subira obligatoirement deux tests, l’un à l’atterrissage et l’autre une semaine plus tard. Les lieux de quarantaine seront désormais imposés par les pouvoirs publics et les frais de test et de séjour seront à la charge du voyageur. En cas de rupture de l’isolement, des peines de prison sont prévues (de 15 jours à 1 an ou de 6 mois à 2 ans, selon l’un ou l’autre des deux articles du code pénal qui sera retenu par le tribunal).

"Restriction des vols depuis l'étranger
et isolement de 10 jours pour ceux qui arrivent", dit le gros titre
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Par ailleurs, les doses de vaccins commencent à arriver en assez grandes quantités pour booster la vaccination partout dans le pays. Il n’y a encore que 8 % des Argentins qui sont complètement vaccinés. Avec ces livraisons, le gouvernement rêve maintenant d’une population entièrement vaccinée d’ici à la fin de l’année civile. L’Argentine a en effet pu signer avec Sinopharm pour 24 millions de doses supplémentaires et devrait voir arriver des cargaisons de Cansino (l’autre vaccin chinois) ainsi que des secondes doses de Sputnik V (le vaccin russe se compose de deux doses différentes et la Russie ne parvenait pas à fournir les n° 2). Le pays serait par ailleurs à la veille de signer avec Pfizer, en dépit des critiques et des calomnies de l’opposition. Par ailleurs, l’Argentine a reçu ces dernières heures plus d’un million de doses d’Astra-Zeneca en provenance des États-Unis (certains de mes amis ont été vaccinés avec ce produit il y a déjà plusieurs semaines).

"Réduction de 2000 à 600 le quota de personnes
pouvant entrer dans le pays", dit le gros titre
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Le gouvernement national prévoit l’administration de 8 millions d’injections par mois pendant l’hiver, en juillet, août et septembre.

En Argentine, le variant Delta a déjà été diagnostiqué dans le pays et le nombre de décès quotidien reste très élevé (il varie entre 400 et 500 par jour). En revanche, le nombre de contaminations continue de baisser. Il ne faudrait donc pas que le variant se répande.

Demain, Alberto Fernández présidera un hommage aux près de 92 000 morts du covid-19.

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :

sur le nouveau régime sanitaire applicable jusqu’au 9 juillet :
sur les nouvelles cargaisons de vaccins :

Catamarca mise sur son patrimoine archéologique incaïque [Actu]

Un détail de la muraille en pierres sèches


La province de Catamarca, dans le nord-ouest de l’Argentine, va mettre en valeur le chemin royal de l’Inca (le Qapaq Ñan) qui la traverse et qui a été inscrit en juin 2014 au patrimoine culturel de l’Humanité par l’Unesco ainsi que les ruines d’une forteresse incaïque aux murs de pierres sèches, le Pucará de Aconquija.

La province vient en effet de recevoir une donation de 365 hectares sur lesquels se trouve un joyau archéologique. Elle va donc pouvoir créer un parc provincial et en faire un atout touristique pour développer l’activité sur son territoire, l’un des plus pauvres de l’Argentine.

Une vue plus générale

Au milieu de cette semaine, La Unión de Catamarca, un quotidien qui paraît du lundi au vendredi, a consacré une demi-page intérieure à ce nouveau projet du gouvernement local.

Comme les photos le montrent, le lieu s’annonce déjà magnifique, avec ces vestiges de murailles d’une antique forteresse amérindienne (dénommée pucará en quechua) et ce qu’il reste de la route qui traversait le sud du sous-continent et reliait, avant la conquête espagnole, à l’époque des Incas qui régnaient au Pérou, le sud de l’actuelle province de Mendoza (San Rafael) à Lima en passant par la Bolivie, le nord du Chili et la Colombie.

Extrait de La Unión de Catamarca
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En 2014, six pays de la région s’étaient unis pour défendre le dossier au comité Patrimoine de l’Unesco. Avec succès.

© Denise Anne Clavilier

Pour en savoir plus :
lire l’article de Página/12 aujourd’hui
lire l’article de La Unión mis en ligne le 22 juin dernier.

vendredi 25 juin 2021

Hier, à l’Ambassade argentine à Paris, un hommage à Piazzolla [Disques & Livres]

Photo tirée du site des Editions Parole


Avant-hier et hier soir, deux musiciens français ont ajouté un chapitre à la liaison de Piazzolla avec Paris ! Dans le cadre du centenaire de la naissance du grand compositeur argentin, la pianiste Marielle Gars et le bandonéoniste Sébastien Authemayou ont donné leur version de cette musique singulière. Des arrangements et des interprétations qui leur ont demandé d’explorer pendant plusieurs années dans un véritable univers, et qui a abouti à la publication d’un livre, Astor Piazzolla - Libertad (Éditions Parole), qu’accompagne un CD d’une durée exceptionnel de 75 minutes.

Un ouvrage édité avec le parrainage de la Fondación Astor Piazzolla et du Centenaire. 528 pages. Prix de vente : 39 € (prix éditeur). C’est la première biographie musicale originale en français de ce compositeur né en mars 1921 à Mar del Plata et mort à Buenos Aires, le 4 juillet 1992.

A commander directement à la maison d’édition ou auprès de n’importe quel libraire aimant son métier.

Cette semaine à l’Ambassade, les deux interprètes français étaient accompagnés par deux célèbres musiciens argentins installés de longue date en France, le guitariste Roberto Aussel et l’accordéoniste et compositeur chamamero Raúl Barboza.

Très beau succès, qui plus est tout à fait mérité.



La façon dont Marielle Gars et Sébastien Authemayou, qui se produisent sur scène comme Duo Intermezzo, ont su s’approprier le répertoire de Piazzolla - sans jamais se la jouer - constitue une exception dans le paysage argentino-musical européen où l’imitation est monnaie courante et l’authenticité trop souvent laissée au vestiaire. Les Argentins présents dans le public ont eux-mêmes été bluffés par ce concert, ce qui est en soi un très fiable signe de qualité. Au-delà de la virtuosité technique et stylistique dont les deux font preuve, ils sont aussi dotés d’une présence et d’une théâtralité discrète qui entraînent le public et le capturent. Il est très difficile de ne pas communier à l’émotion qui se dégage de leur dialogue musical.

© Denise Anne Clavilier

Vous pouvez découvrir ce duo tanguero à travers leur site Internet et sur celui de leur éditeur.

La République argentine s’oblige à recruter parmi les trans [Actu]

Fierté, titre Página/12 sur fond de Congrès
illuminé aux couleurs des trans et non-binaires


Les personnes transgenre et non binaires viennent de gagner un droit nouveau à l’emploi en Argentine. Le Sénat a en effet voté une loi déjà adoptée par la Chambre des députés : elle oblige l’administration publique à respecter le quota minimum de 1 % de personnes qui s’identifient ainsi dans son personnel.

Ce vote a donné lieu à des manifestations de joie sur Plaza de Congreso à Buenos Aires.

En Argentine, la militance LGTB et non binaire est très dynamique et le président actuel, Alberto Fernández, lui-même sensibilisé à cette question par son fils transgenre, avait promis des avancées dans ce domaine. Il tient parole, malgré la crise sanitaire et économique qui ne le laisse pas beaucoup souffler. Et la Casa Rosada a été illuminée la nuit dernière aux couleurs du drapeau des trans et non binaires (rose, blanc, bleu).

Seule Página/12 porte à sa une cette information, qui reçoit peu d’échos dans l’ensemble de la presse.

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :


Ajout du 5 juillet 2021 :
lire cet article de Rosario/12, l'édition locale de Página/12, sur la réintégration de trois femmes trans dans les effectifs de l'usine d'armement Fray Luis Beltrán (du nom d'un héros de la Traversée des Andes). Elles avaient été licenciées en 2018, sous le mandat de Mauricio Macri, qui avait fait décliner les activités de cet arsenal national au profit d'importations. Le quotidien en a fait sa une pour l'édition de Rosario.

"Un futur meilleur", dit le gros titre du 5 juillet