samedi 30 juin 2018

La descente aux enfers continue [Actu]

Dans le fonds, on reconnaît le bâtiment foudroyé :
c'est la Casa Rosada, le palais présidentiel
S'enfuyant en accourant vers nous,
le président Macri en tête et son ministre Dujovne,
celui qui a négocié avec le FMI
Et un petit écho à la Marseillaise en manchette, en haut

Le gouvernement et la banque centrale argentine ont beau s'agiter dans tous les sens et et changer les responsables dans les ministères et les organismes financiers pour donner des signaux positifs aux marchés, ceux-ci continuent à marquer le peu de confiance qu'ils accordent à un pays qui est maintenant sous perfusion du FMI et qui déverse les réserves en dollars reconstituées grâce au Fonds Monétaire International pour calmer la hausse du billet vert.

Une photo pour le football
et la crise financière à droite, en petit titre
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Hier, le dollar a encore grimpé. Il a maintenant atteint le niveau de presque 29,66 pesos à la fermeture hier (heure argentine). L'indice de la Bourse de Buenos Aires a encore perdu plus de 2 points et les titres de dette souveraine argentine ont plongé à Wall Street.


Le peso est en train de se désintégrer
Et on voit que le dollar est encore plus haut qu'à la clôture officielle
dans une officine de change qui profite de la situation
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Página/12 souligne dans l'un des nombreux articles qu'il consacre au phénomène ce matin que la conjoncture internationale n'y est pour rien, contrairement à l'explication que le gouvernement a tendance à donner (c'est la faute à pas de chance, la tendance était à la baisse partout, etc.).

Clarín se la joue tabloïd en choisissant cette photo des obsèques
de la mère d'un détenu kirchneriste pour une affaire de corruption
Mais le gros titre est bien sur la crise financière
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La Nación, qui est plutôt favorable à cette majorité, ajoute un article sur le niveau de consommation qui continue de baisser sans renversement de la courbe...

Pour en savoir plus :
lire l'article de Página/12 sur la conjoncture internationale
lire l'entrefilet de La Prensa sur le dollar
lire l'article de La Prensa sur l'impact de la crise sur la politique développée par le gouvernement
lire l'article de La Nación sur le marché financier
lire l'article de La Nación sur les promesse de Mauricio Macri de réduire définitivement les déficits publics
lire l'entrefilet de La Nación sur l'indice de la consommation toujours en berne
lire l'article de Clarín sur la crise financière

jeudi 28 juin 2018

Les marchés restent hostiles [Actu]

"De pays émergent à pays aux urgences", dit le gros titre

Le gouvernement argentin a beau multiplié les discours optimistes et mettre en avant le classement du pays comme marché émergent et la confiance que lui ferait le FMI en lui accordant un prêt, les marchés ne suivent pas.

Le dollar a de nouveau atteint les 28 pesos hier, alors qu'il avait légèrement reculé à 27. Et l'indice boursier de Buenos Aires a perdu 8,9 points.

La Nación consacre sa photo de une à l'élimination de l'Allemagne
et traite en gros titre la crise financière
et en titre très secondaire (à droite du gros titre) la nouvelle politique en faveur des PME
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Du coup, le gouvernement change de cap et s'intéresse à nouveau aux PME qu'il avait abandonnées à leur triste sort, il y a deux ans et demi, lors de son arrivée au pouvoir, au profit des grosses entreprises qui ont sa préférence (mines, aérien, BTP, immobilier, carburants, banques). Le président avait méthodiquement saccagé toutes les dispositions prises par le gouvernement précédent pour soutenir la production industrielle locale, les petites entreprises familiales, les coopératives et l'agriculture biologique et raisonnée. Le patronat des PME avait tenté de tirer le signal d'alarme sans obtenir la moins réaction des pouvoirs publics. Ces derniers temps, beaucoup de petites maisons ont mis la clé sous la porte, incapables de surmonter les brutales et répétées hausses des tarifs du gaz et de l'électricité, qui ont fait exploser les coûts de revient. Et voilà que la présidence annonce un plan d'aide aux PME... Mieux vaut tard que jamais.
Certains ministres laissent peu à peu tomber le discours triomphaliste, aveuglé et comme insensibles aux souffrances provoquées par leur politique ultra-libérale (mais pas Hernán Lombardi, dont on a vu hier qu'il chantait les vertus d'un licenciement massif à Télam), et quelques uns, dans les marocains économiques, osent à présent tenir un discours un peu plus proche de la réalité vécue par l'Argentin moyen en annonçant une récession à venir et des mois difficiles qui attendent le pays (et en parlant de mois, ils restent bien optimistes).

Clarín reste vraiment très discret sur la crise financière et la politique pro-PME
(dans la colonne de droite)
Comme chez son concurrent,
la défaite allemande au Mundial a les honneurs de la photo
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Dans ce changement de comportement et de discours, Clarín croit voir l'influence de deux agences de communication et d'analyse de conjoncture auxquelles le président Mauricio Macri (1) accorderait désormais une confiance exclusive... Quant à Página/12, avec son humour habituel, grinçant le plus souvent, il a fait une image de une qui vaut tous les articles : l'Argentine se noie sous une inondation de dollars.

Pour en savoir plus :
sur la conjoncture économique générale du pays
sur les aides aux PME
lire l'article de Clarín

Ajouts du 29 juin 2018 :
lire l'article de Página/12 sur le cours du dollar qui continue sa folle escalade (il atteint presque les 29 pesos à la vente)
lire l'article de La Nación



(1) La ressemblance entre le style de leadership et de discours de Macri et de Macron est de plus en plus troublante. On dirait que les deux hommes sont taillés dans le même modèle et déroulent les mêmes scénarios, fondés sur les mêmes idées préconçues et à la mode.

mercredi 27 juin 2018

Les licenciements FMI commencent dans le secteur public [Actu]

Le personnel gréviste de Télam devant l'un des sièges de l'agence, rue Bolívar (Monserrat)
Il fait froid (pour la sensibilité portègne) et cela se voit aux vêtements
mais ils sont sortis pour bloquer la circulation dans cette rue de taille modeste
Rien à voir avec les 140 m de largeur de Avenida 9 de Julio dont je vous parlais hier.

Profitant de la victoire de l'équipe nationale à Saint-Pétersbourg, le ministère des Contenus et Média publics (Hernán Lombardi) vient de mettre en œuvre et accessoirement d'annoncer une mesure collective de licenciement au sein de l'agence de presse nationale Télam : 354 salariés viennent de perdre leur travail du jour au lendemain, avertis par un simple télégramme, comme d'habitude depuis que ce gouvernement a pris les commandes du pays.

Devant l'autre bâtiment de Télam.
Le personnel a installé une photo gigantesque de Lombardi, avec son visage le moins avenant
frappé du mot "videur" (au sens tueur, en vocabulaire social français)
Photo Infonews

Le télégramme standard et légal dit à l'intéressé qu'il cesse de faire partie des effectifs à partir de ce jour (día de la fecha), que son dernier salaire, ses indemnités et ses papiers de fin de contrat l'attendent à tel endroit. Et c'est tout.

Les explications relèvent d'une violence patronale, elle aussi hélas habituelle partout sur la planète : les salariés remerciés n'auraient pas eu le profil. Pourtant, ils travaillent pour Télam depuis plusieurs années.

De l'autre côté, toujours pour exercer cette violence qui sème la terreur parmi les salariés et les divisent, ceux qui échappent au licenciement ont reçu un mail qui leur dit : « Toi, tu fais partie de la nouvelle Télam. Nous avons confiance en toi pour construire une agence professionnelle, pluraliste, démocratique et fédérale, capable de produire des contenus informatifs fiables, de façon à ce que nous puissions fournir à l'industrie (sic) journalistique fondée sur le développement des nouvelles technologies.
Pour ces raisons, nous attendons que tu continues à livrer ta contribution pour que Télam trouve sa place non seulement sur le marché national mais aussi sur le marché international.
Le directoire de Télam ».
Le message ne contient ni formule d'appel (comme « cher journaliste » ou « cher collaborateur »ni formule de politesse finale).

Autre manifestation, aujourd'hui cette fois, sur Plaza de Mayo,
devant la grille qui sépare maintenant la place en deux
et protège la Casa Rosada d'une trop grande proximité des manifestants quels qu'ils soient
Les salariés brandissent la même photo du ministre "videur"
Photo Página/12

De surcroît, le communiqué officiel de l'agence s'intitule « Télam a un avenir », comme si se séparer de 354 personnes était une broutille. Une gifle magistrale lancée au visage des licenciés, juste pour le plaisir de les maltraiter en plus de les mettre à la porte. C'est odieux !

Et le stratagème a parfaitement bien marché. Seul Página/12 a relayé l'information, en deux articles, dont un éditorial. La Prensa se contente d'un très rapide entrefilet. Comme s'ils n'étaient pas concernés. Ils sont pourtant clients ! Clarín et La Nación n'avaient rien à dire sur le sujet, ce matin, lorsqu'ils ont bouclé leur édition papier.

Le ministre, Hernán Lombardi, s'est par ailleurs félicité du fait que les antennes provinciales de Radio Nacional, qui dépendent aussi de lui, n'aient plus de programmation propre ou en aient beaucoup moins et se contentent désormais de relayer localement les émissions produites à Buenos Aires, dans un seul bâtiment (les installations et les personnels de la rue Maipú ont déménagé rue Pacheco, alors qu'il y a quelques années encore des travaux importants avaient été effectués pour moderniser plusieurs studios de Maipú, notamment celui de RAE où j'ai enregistré de nombreuses interviews et qui n'a plus de programmation propre depuis la prise de fonction de l'équipe Macri).

Tout cela est lamentable de la part d'un gouvernement qui se vantait de remettre l'économie argentine en bon ordre. Résultat : tout se qui marchait a disparu et le pays retombe dans les griffes du FMI.

Une partie de l'agence s'est mise en grève aujourd'hui.

Pour en savoir plus :
lire l'article de La Nación (site Internet)
La Nación se contente dans sa version papier d'un article sur un sujet annexe : les aveux du Premier ministre qui annonce l'arrivée de mois de récession (ce n'est pas un scoop !)

Ajout du 28 juin 2018 :
lire l'article de Página/12 sur la réaction de la Commission de la liberté d'expression à la Chambre des Députés qui souhaite entendre Hernán Lombardi (les licenciés votent tous dans l'opposition - en général, c'est le motif de licenciement dans le secteur public depuis décembre 2015... Service public dans lequel il était difficile d'entrer sous le mandat précédent si on n'était pas kirchnériste ou allié de Cristina)

Ajouts du 3 juillet 2018 :
lire l'article de Página/12 sur la conférence de presse tenue par le personnel de Télam qui tâche de s'organiser, salariés licenciés et salariés maintenus en poste, pour garder du goût et du sens à leur travail et préserver l'agence de l'arbitraire gouvernemental
lire cet éditorial de La Prensa, peu aimable pour Télam mais très intéressant pour les chiffres qu'il donne (et qui montrent qu'il y avait d'autres solutions que le licenciement de plus d'un tiers des effectifs).

Exultet argentin de la Neva al Río de la Plata [Actu]

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Les unes des journaux nationaux disent tout ce matin. L'Argentine est passée bien près du désastre hier soir, à Saint-Pétersbourg, contre la sélection nigériane, jusqu'à ce qu'un dernier but, dans les toutes dernières minutes de la seconde mi-temps, l'assure de disputer les huitièmes de finale.

Contre la France. Samedi après-midi (heure de Paris).

La Prensa a fait preuve d'originalité dans son choix d'illustration !
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Quelque soit le vainqueur et le vaincu de cette rencontre où chacune des équipes joue son va-tout, il n'y aura pas d'article sur le sujet dimanche. Ma journée sera occupée par d'autres engagements.

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Pour connaître les analyses du côté argentin, à partir des articles principaux :

mardi 26 juin 2018

Une grève générale très suivie hier [Actu]

La photo montre la gare de bus devant l'une des grandes gares ferroviaires
un nœud de transports en commun

Le succès de cette grève générale ne laissait guère de doute dans la situation actuelle particulièrement lourde pour les couches populaires de la population argentine, qui craignent en plus qu'elle empire avec l'emprunt au FMI et les conditions draconiennes que l'organisme a l'habitude d'imposer aux pays fragilisés qui font appel à lui. Mais les photos d'une avenida 9 de Julio déserte, alors que ce centre névralgique de la capitale argentine est d'habitude noire de monde et grouillante de voitures, de camions et de bus, restent impressionnantes. Elles disent plus que tous les discours que vraiment, la vie économique s'est bel et bien arrêtée hier en Argentine.

Un gros titre sur la grève d'hier et une photo sur le Mundial
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Página/12 se régale avec une référence très péroniste. "Ni el loro" (pas même le perroquet). Une expression idiomatique typiquement argentine, qui viendrait d'une loi prise après le renversement par coup d'Etat de Juan Domingo Perón en septembre 1955. Il a été interdit de même prononcer le nom de Perón et de Evita. Et la population est allée jusqu'à prétendre que même les perroquets étaient soumis à cette interdiction si stupide et absurde qu'elle a, bien entendu, été abondamment contournée avec beaucoup d'insolence et d'imagination.
L'expression est devenue proverbiale et pourrait se traduire : "il ne reste rien, même pas un radis, même pas une miette" (selon le contexte). Ou ici : "pas un chat dehors".

La photo du haut représente la avenida 9 de julio
Impressionnant, non ? 140 m. de large et pas une voiture à l'horizon
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Le président Mauricio Macri a cru bon de lancer une provocation en twittant une photo à la Casa Rosada légendée : ici, on travaille... Mais il y a six jours, il a osé ne pas se rendre à Rosario pour honorer le drapeau et la mémoire d'un des pères fondateurs du pays, le général Manuel Belgrano (1770-1820) ! (cf. mon article du 20 juin 2018)

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De son côté, La Prensa a monté une une particulièrement méprisante, et même insultante, pour les syndicats en titrant, en titre secondaire "L'Argentine improductive" à droite d'une photo des dirigeants ouvriers réunis en conférence de presse, tandis qu'au-dessus, le journal met l'accent sur les enjeux du Mundial ("c'est tout ou rien").

Pour en savoir plus :
lire l'article de Página/12 sur les activités de Mauricio Macri dans la province de Buenos Aires pendant cette journée de mobilisation sociale
lire l'article de La Prensa, qui se focalise sur l'activité de Macri et ses critiques contre les syndicats
lire l'article de La Nación qui reconnaît que la mobilisation a été réussie
lire l'article de Clarín qui préfère parler de Mauricio Macri tout en choisissant pour sa une une photo de l'équipe nationale qui va faire tout son possible pour briller ce soir à Saint-Pétersbourg.

lundi 25 juin 2018

Quand les hausses de prix démentielles causent la mort d'un enfant [Actu]


Cet enfant avait 5 ans. Il s'appelait Valentino. A la suite d'un accident, il avait besoin d'une machine pour vivre à cause d'une défaillance cérébrale. Sa mère devait soixante-mille pesos à la société distributrice d'électricité Edesur qui a coupé le courant dans la maison pendant toute une journée, lundi dernier, sous prétexte que la cliente ne payait pas ses factures. L'enfant est mort après 14 heures sans assistance.

La mère avait averti Edesur de la situation particulière de son fils. L'entreprise, bien connue en Argentine pour son manque d'empathie sociale et sa voracité financière, prétend qu'elle n'était pas informée.

Il existe une loi en Argentine qui obligent les fournisseurs d'énergie à alimenter gratuitement les foyers où habitent des personnes dont la vie dépend d'une assistance mécanique électrique et à leur fournir gratuitement un groupe électrogène en cas de panne de secteur. Le ministère de la Santé refuse de mener la campagne d'information du public et des secteurs professionnels concernés prévue pourtant dans la loi elle-même, en avançant le manque de budget, à cause de la politique de rigueur qu'a déclenché le gouvernement, sous prétexte de conduire l'Argentine au bonheur et au développement.

Le récit que fait cette femme de ses démarches pour faire rétablir le courant chez elle lundi dernier est consternant : d'après ses dires, le courant a été coupé entre 7h du matin et 22h le soir. Elle a appelé Edesur qui lui a conseillé de patienter. Elle est allée demander du secours dans la rue à une équipe qui travaillait au coin de chez elle. On lui a dit la même chose. Le petit n'a pas pu être pris en charge par un hôpital à cause du risque de surinfection (c'est la grande époque des bronchiolites et autres maladies respiratoires en ce début d'hiver très rude) et parce qu'il n'y avait pas d'ambulance équipés de distributeur d'oxygène disponible. Il fallait attendre plusieurs heures pour que l'une d'entre elles arrivent tant leur nombre est insuffisant. Quant à l'attitude d'Edesur avant la tragédie, le manque d'empathie humaine dont ont fait preuve les salariés de l'entreprise selon le récit de la tante de l'enfant est scandaleux d'inhumanité.

Le corps de l'enfant a été enlevé à la famille après sa mort, pour une autopsie. On ne le lui a rendu que samedi dernier dans un pays où la coutume est d'inhumer dans les vingt-quatre heures suivant le décès !

Clarín et Página/12, qui sont de deux bords politiques opposés, racontent ce matin cette même épouvantable histoire, alors que le pays vit une grève générale, très suivie, avec laquelle les syndicats entendent protester contre la politique de hausses tarifaires mise en place par le gouvernement depuis deux ans et demi. Le gouvernement prétend procéder de manière progressive mais la réalité sociale est que la majorité des gens ne peuvent pas suivre et que c'est la pauvreté qui progresse dans le pays. L'association argentine des dépendants de l'électricité a pris fait et cause pour cette famille

Pour aller plus loin :
lire les communiqués de l'association argentine des électro-dépendants, qui est sur Facebook.

Ajout du 26 juin 2018 :
lire l'article de La Nación

samedi 23 juin 2018

Surlendemain de catastrophe [Actu]

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Avant, il fallait supporter (1) un optimiste du but.
Mais maintenant, c'est l'heure de la nuit...
Messi est des nôtres.
Traduction © Denise Anne Clavilier

Avant-hier, l'équipe nationale argentine a été battue à plate-couture par la Croatie.
3 à 0. Cela rappelle quelque chose ! 
La sélection albiceleste s'est montrée désarticulée sur le terrain, sans cohérence, comme une mosaïque d'individualités et un gardien de but qui n'a pas semblé avoir le niveau d'un Mundial.

A la une de Clarín ce matin
"Le jour où l'Argentine a acclamé les buts du Nigéria"

Depuis, Messi semble avoir disparu. Toutes sortes de rumeurs circulent sur sa santé ou son état psychique. Réalité ou intox pour démobiliser l'équipe du Nigeria, dont l'efficacité décidera mardi, à Saint-Petersbourg, le sort de l'Argentine dans la suite de la compétition.

"Messi ne parvient toujours pas à surmonter la crise
Macri a pris contact avec Sergio Agüero pour apporter son appui"
Traduction © Denise Anne Clavilier

Miguel Rep a commenté cette situation peu commune pour le pays et particulièrement malheureuse à un moment où les Argentins ont besoin de réconfort et d'optimisme pour affronter les difficultés socio-économiques qui les attendent pour la énième crise de leur histoire. Il a choisi pour cela son personnage éternellement déprimé, voire dépressif, Lukas.

Pour aller plus loin :
lire l'éditorial de La Prensa, qui invite le coach Jorge Sampaoli de s'en aller tout de suite.

Ajouts du 24 juin 2018 :
lire cet article de La Prensa qui analyse la perte de confiance des joueurs dans leur entraîneur national
lire l'article de Clarín sur le même sujet
lire l'article de Página/12



(1) Il s'agit bien du verbe supporter tel qu'on l'emploie en bon français, dans le sens de tolérer. Le verbe soutenir, en sport, c'est hinchar (en Argentine, au Paraguay, en Uruguay) ou alentar (encourager).

Le nouveau ministre tente de ne dorer la pilule à personne [Actu]

Página/12 et son humour grinçant :
"Ne partez pas ! Le pire, c'est maintenant !"

Le nouveau ministre de la Production, qui a prêté serment cette semaine, a annoncé que le second semestre 2018 allait être encore plus dur que le premier. Página/12 ironise, en une et dans son article, sur ce discours réaliste qui remplace un refrain qui a été utilisé par le gouvernement pendant la première partie du mandat : la reprise sera au rendez-vous au second semestre. Bien entendu, cette reprise n'est jamais venue, au point que l'Argentine a eu besoin de recourir cette semaine à un prêt du FMI, qui aura pendant trois ans un contrôle sévère sur son économie, au point, on le sait, de réduire la souveraineté du pays.

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Hier, la CGT, le principal syndicat et le plus emblématique sur le plan historique, a annoncé une grève générale pour lundi prochain, ce qui implique plus que de la gêne pour circuler dans les villes et des cortèges très bruyants un peu partout dans le pays.

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Devant la tension qui monte, la conférence épiscopale, de plus en plus proche des idées du Pape François, eu égard à plusieurs nominations depuis 2013, a pris la parole, en présence de deux figures de la majorité, la gouverneure de la Province de Buenos Aires et la ministre nationale du Développement social, à Mar del Plata, où se déroulait la Semaine Sociale catholique, présidée par Mgr Lugones, de la commission sociale de la CEA et par ailleurs oncle d'un ancien maire de cette cité balnéaire, et Mgr Ojea, nouveau président de l'épiscopat argentin. Il ont insisté, entre autres choses, sur la nécessité de ne pas faire payer aux pauvres du pays la politique de rigueur à laquelle l'Argentine devra se soumettre pour satisfaire aux conditions imposées par le FMI et les quatre banques privées qui ont abondé le prêt du Fonds monétaire et ils ont approuvé l'appel à la grève des organisations ouvrières. Ce qui n'est pas fréquent.

"Un surplus de vie" : la une la plus optimiste du jour
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Si Página/12 fait sa une sur les propos du ministre, avec une bonne dose d'ironie, les autres journaux, situés à droite, font écho aux propos des deux prélats.

Pour en savoir plus :
Sur les propos des représentants de l'épiscopat :
lire l'article de La Nación, qui titre son article dans les mêmes mots que Página/12
lire la dépêche de l'agence AICA (agence de presse catholique argentine).

Ajout du 24 juin 2018 :
lire cet article de La Prensa sur les propos du ministre

Ajouts du 25 juin 2018 :
lire cet article de La Nación sur les prises de positions de l'épiscopat dans la suite de la Semaine Sociale, à Mar del Plata
lire cet article de Página/12 sur le même sujet
lire ce billet de La Prensa, où le journaliste voit l'ombre du Pape François, soupçonné d'être péroniste (critique assez acerbe dans le contexte actuel) dans les propos de Mgr Lugones (comme si le Souverain Pontife était à la manœuvre en Argentine et que l'évêque n'était pas capable tout seul d'additionner deux et deux)

vendredi 22 juin 2018

Lendemain de catastrophe [Actu]

Il nous faut plus qu'un miracle, dit le gros titre
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L'humiliante défaite contre la Croatie, qui a mis trois buts à une équipe argentine à la dérive, malgré l'atout Messi, fait la une de tous les journaux aujourd'hui. Le pays pourrait bien être éliminé du tournoi dès le premier tour, alors même que l'équipe avait eu tant de mal à se qualifier, il y a quelques mois.

Página/12 a fait plus sobre, en mettant l'accent sur les péripéties
du débat parlementaire sur la loi de dépénalisation de l'avortement en bas
En haut, le jeu de mot habituel : "On tremble" (orthographe réelle : estremecidos)

Le gros titre se comprend tout seul
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Tous les quotidiens multiplient les articles sur le sujet : analyses, prospectives, critiques contre le coach et bien entendu contre le gardien de but, qui n'a pas su tenir son rang de classe internationale...

"Effondrés : l'équipe au bord de l'élimination", dit le gros titre
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Pour aller plus loin :

mercredi 20 juin 2018

Cérémonie buissonnière à Rosario en ce 20 juin [Actu]

Crédit photo : Monumento Nacional de la Bandera

En ce 20 juin, un jour férié, l'Argentine célèbre son drapeau, créé en 1812 par le général Manuel Belgrano à Rosario. La fête a été établie pendant la guerre civile espagnole pour lutter contre le danger de déchirement des Argentins descendants d'Espagnols.


La Nación a publié l'information en une
dans ses titres secondaires
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Traditionnellement, le chef d'Etat se rend à Rosario pour la cérémonie officielle au Monument National au Drapeau. Cette année, ce déplacement figurait normalement sur l'agenda du président mais il en a été effacé hier. En fait, à la veille d'engager le pays dans un nouvel emprunt auprès du FMI et après une montée très brutale des prix à la consommation à la suite du décrochage du peso face au dollar, Mauricio Macri craint que des manifestations politiques hostiles viennent gâcher la fête. Il a donc renoncé à présider l'hommage.

L'image d'Epinal de l'événement historique sur les bords du Río Paraná
(que l'on aperçoit au fond)

Triste situation !
Et triste comportement d'un chef d'Etat qui semble ne pas assumer les risques qu'il fait prendre à son pays et à sa population la plus défavorisée alors que lui-même est riche et que nombre de ses ministres gardent leurs sous dans des comptes offshore !
Tout l'inverse de ce qu'ont fait, tout au long de leur vie publique, les deux libérateurs que furent les généraux José de San Martín (1778-1850) et Manuel Belgrano (1770-1820).

Pour aller plus loin :
lire l'article de La Nación

Ajout du 21 juin 2018 :
lire cet article de Página/12 sur la réaction du gouverneur socialiste de Santa Fe qui regrette l'absence du président hier à la cérémonie, alors qu'il avait mis tout en œuvre pour assurer le calme et la sérénité pour le président comme pour tous les participants,
lire l'article de La Prensa qui estime que la désertion présidentielle est une victoire des fauteurs de trouble
lire l'article de La Nación sur les 1500 agitateurs de l'opposition dont les services de renseignement auraient détecté la présence à Rosario (personne ne dit qu'ils avaient l'intention de brutaliser le chef d'Etat, juste de se manifester bruyamment)
lire l'article de La Nación sur la polémique déclenchée par l'absence du président hier à Rosario

Forte hausse des prix dans l'alimentation [Actu]

4,8%, c'est, pur le seul mois de mai, le taux de hausse du panier de produits alimentaires de référence en Argentine. La valeur de cette sélection de produits de base sert aussi à apprécier le seuil de pauvreté.

Photo Clarín

Inutile d'ajouter que cette augmentation démente entraîne une catastrophe pour les secteurs défavorisés qui voient leur situation et leur niveau de vie se dégrader à vue d'œil depuis que le peso dévisse face au dollar (le peso a perdu 22% de sa valeur au cours du mois de mai).

Pour en savoir plus :
lire l'article de La Prensa

Ajout du 25 juin 2018 :
lire l'article de La Nación sur ce sujet très préoccupant