vendredi 29 septembre 2023

Marche féminine dans toute l’Argentine contre les programmes des droites [Actu]

"Des vertes contre la droite", dit le gros titre
En Argentine, les écologistes n'existent pas politiquement
Le vert est donc le symbole du droit à l'avortement légal
et le violet, comme aux Etats-Unis, celui du féminisme
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Hier, dans plusieurs villes argentines, les féministes ont manifesté contre les dangers des programmes des deux candidats de droite, Patricia Bullrich, la libérale néo-tatcherienne à la tête du PRO, le parti qui a propulsé l’ancien président Mauricio Macri, et Javier Mileí, l’ovni trumpo-bolsonarien et néo-fasciste échevelé apparu il y a deux ans dans un paysage politique que son premier rang dans les sondages actuels affole.

Tant l’une que l’autre promettent un retour en arrière sur différents droits sociaux et sociétaux acquis de longue lutte pendant les vingt dernières années et auxquels les féministes n’entendent renoncer.

Des manifestations qui semblent avoir été massives mais dont seul Página/12 fait mention. La presse de droite préfère les ignorer sans doute pour que ce dont on ne parle pas ait plus de chance de ne pas avoir existé.


""Verte espérance", dit le titre secondaire
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Le premier tour de l’élection présidentielle et des élections générales se tiennent dans une quinzaine de jours. Le pays semble vivre en apnée jusqu'à ce verdict des urnes.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12
lire l’article de Rosario/12, l’édition du journal dans la province de Santa Fe (en tête de cet article)

lundi 25 septembre 2023

Le monde de la culture est descendu dans la rue [Actu]

"La voix de la culture", dit le quotidien de gauche
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Hier, une importante manifestation d’artistes et de travailleurs du secteur culturel s’est déroulée sur Avenida Corrientes, à la hauteur du Centro Cultural San Martín (qui appartient au complexe théâtral municipal) et le Centro Cultural de la Cooperación Floreal Gorini, centre culturel emblématique de la gauche argentine.

Ces artistes et acteurs de la culture protestent contre la montée de la droite au pouvoir avec son chapelet de coupures budgétaires dans leur secteur : théâtres, musées, compagnies, bibliothèques, festivals et autres lieux où la population peut se nourrir, voire se former, souvent à prix accessibles, sinon gratuitement.

Seul Página/12 se fait l’écho de cette manifestation, les journaux de droite faisant leur une sur la victoire électorale de la droite dans la province de Mendoza. Alfredo Cornejo arrive en première place de l’élection avec environ 40 % des voix exprimées et redevient le gouverneur de cette province viticole et touristique. C'était la dernière élection locale avant les élections nationales qui verront renouveler le Congrès et la présidence.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

mercredi 20 septembre 2023

Tango por la Identidad reconnu par la Legislatura porteña [Actu]

Estela de Carlotto, la présidente de Abuelas,
contre-signe le document officiel dans un salon de la Legislatura


Hier, le parlement local de la Ville autonome de Buenos Aires, qui porte le titre de Legislatura Porteña, a remis au mouvement Tango por la Identidad une reconnaissance officielle : Tango x la Identidad est l’une des nombreuses manifestations artistiques qui aident l’association Abuelas de Plaza de Mayo à retrouver les enfants en bas âge issus de couples d’opposants à la dernière dictature militaire et que cette dernière a fait disparaître en les volant, souvent à leur naissance et en trafiquant leurs papiers d’identité avant des adoptions pour le moins suspectes.

Sur la chaîne Youtube de la Legislatura

Tango x la Identidad est surtout un mouvement de danseurs, de chorégraphes et d’enseignants de tango-baile.

Il a son siège dans un bâtiment municipal.

"Le tango t'ouvre les bras, les grands-mères aussi"

La musique et le théâtre sont d’autres secteurs qui se sont associés à Abuelas pour accompagner ses campagnes de communication envers les quarantenaires qui pourraient avoir des doutes sur leurs origines et se manifester auprès d’elles afin de procéder aux examens qui, à 133 reprises, ont permis d’identifier l’une des 300 personnes encore recherchées.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’entrefilet de Página/12, le seul quotidien à relever cette info. Là encore, c’est une chose à laquelle la droite, qui n’est pas au clair avec l’histoire de la dictature, refuse de s’intéresser.

L'ex-ESMA intègre le patrimoine de l’Humanité [Actu]

Un titre simple, sans calembour
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Cela fait des années que l’Argentine des Droits de l’Homme attendait cette reconnaissance de l’UNESCO. C’est fait depuis hier.

Le Site de la Mémoire (sitio de la Memoria) installé dans l’ancien campus militaire de l’Ecole de Mécanique de la Marine argentine, d’où le sigle ESMA en espagnol, rejoint donc la liste des lieux symboliques qui conservent la mémoire des grandes catastrophes humanitaires du monde comme Hiroshima et Auschwitz. C’est l’ancienne ministre de la Justice, Marcela Losardo, actuelle ambassadrice argentine auprès de l’organisation onusienne, qui a obtenu ce succès diplomatique et militant.


Le campus de l’ex-ESMA abrite maintenant de très nombreuses institutions culturelles autour du thème des disparus sous la Dictature militaire des années 1976-1983, de ce qui s’est passé dans ces lieux transformés alors en centre clandestin de détention, de torture et d’exécution extra-judiciaire, avec même une minuscule et cynique maternité où les prisonnières accouchaient avant que leurs bourreaux leur arrachent leur bébé puis la vie.

Pourtant ce lieu de mort est devenu un lieu où la vie triomphe à travers la culture et les activités artistiques avec des programmes fournis de concerts, d’ateliers, de conférences, de présentations d’ouvrages et d’expositions.

La photo centrale est consacrée aux
événements du Haut-Karabagh
avec une nouvelle menace qui pèse sur l'existence
même de l'Arménie, lâchée par son "protecteur" russe
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Sans grande surprise, seul Página/12 en fait sa une. La Nación n’y accorde qu’un petit appel d’article. Les premières pages de Clarín et de La Prensa n’en parlent pas du tout. C’est une partie de l’histoire du pays que la droite ne rappelle que contrainte et forcée et qu’elle n’a pas encore pleinement renié, comme en ont témoigné ces derniers jours des manifestations négationnistes particulièrement écœurantes qui se sont tenues dans les locaux du Congrès national.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Clarín
lire l’article de La Nación, qui s’en prend à une erreur de communication du président Alberto Fernández (c’est à peu près tout ce que cette rédaction a donc à dire sur le sujet !)

mardi 19 septembre 2023

Et c’est reparti : les juges relancent les procès contre Cristina [Actu]

Página/12 a choisi de ne pas en faire
son titre principal
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Il sera très bientôt très difficile d’affirmer que les juges argentins qui ont à connaître des affaires impliquant Cristina Kirchner travaillent et décident sans aucune considération pour le calendrier politique de leur pays. C’est en effet dans les deux dernières années de son second mandat présidentiel, quand elle ne pouvait plus se représenter aux mêmes fonctions et que l’alternance politique paraissait probable que Cristina Kirchner a commencé à se trouver sérieusement dans le viseur de la justice dans le cadre de dossiers parfois plutôt légers, dont certains ont même été récemment classés sans suite. Quand elle a à nouveau fait partie de la majorité, ces procès ont ralenti, certains ont même abouti à des non-lieux pendant l’actuel mandat et maintenant que la gauche à laquelle elle appartient vient de se retrouver en troisième position à l’ouverture du processus électoral des élections générales et présidentielles, voilà que deux magistrats fédéraux rouvrent deux dossiers, dont l’un est tout bonnement un procès politique contre une décision de politique internationale prise par une présidente démocratiquement élue et de surcroît validée par le Congrès.

De quoi s’agit-il ?

  • D’une affaire de corruption qui implique aussi son fils, le fort peu sympathique Máximo Kirchner, député sortant péroniste (membre éminent de l’actuelle majorité), et même la mémoire de son mari, le président Néstor Kirchner, contre lequel toute action est éteinte puisqu’il est décédé en octobre 2010 : le dossier Hotesur, du nom d’un établissement luxueux situé dans la province de Santa Cruz, en Patagonie, un hôtel construit et exploité par la famille et dont les juges pensent avoir établi la preuve qu’il n’a pas d’activité réelle et qu’il ne sert qu’à blanchir des pots-de-vin.
  • Et d’un traité international avec l’Iran, qui comportait entre autres dispositions la possibilité pour un magistrat argentin d’aller sur place interroger des personnes, placées sous notice rouge d’Interpol à la demande de l’Argentine, parce que la justice de ce pays les soupçonne depuis près de vingt ans d’être les donneurs d’ordre et les facilitateurs de l’attentat, toujours non élucidé, contre l’AMIA, la mutuelle juive de la rue Pasteur à Buenos Aires, qui a fait 85 morts et 300 blessés le 18 juillet 1994, sous la présidence de Carlos Menem, lequel a été soupçonné d’avoir eu des relations très bizarres avec les conducteurs de la camionnette piégée qui venait d’exploser devant le siège de l’organisation communautaire (et en ce qui le concerne, toute action est éteinte puisque lui non n’est plus de ce monde).


"Dur revers pour Cristina Fernández de Kirchner :
réouverture des dossiers Hotesur et Iran", dit le gros titre
en rouge et noir
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Là où les poursuites contre Cristina sont surréalistes, c’est que ce Memorandum d’Entente est un fait politique, qu’il a été signé par les représentants officiels, internationalement reconnus, de l’Argentine et de l’Iran, avant d’être sanctionné par un vote constitutionnel du Congrès argentin sans que le processus diplomatique n’aille à son terme puisque, de son côté, le parlement iranien ne l’a pas entériné. L’accord n’est donc jamais entré en vigueur, il est nul et non avenu et les autorités argentines n’ont d’ailleurs jamais levé les notices rouges d’Interpol qui restreingnent pas mal encore aujourd’hui la liberté de voyager des suspects.

Poursuivre devant une juridiction pénale le chef de l’État sous la présidence duquel une telle négociation a été menée ne peut pas être qualifié d’un autre nom que celui de procès politique et il n’a donc aucune place dans l’enceinte d’un tribunal. Il ne peut se tenir que dans les urnes puisqu’il n’a pas été traité en son temps dans l’hémicycle et devant les commissions idoines du Congrès. Le procès qu’on fait ici à l’actuelle vice-présidente est un authentique « procès d’intention », au plein sens de l’expression, puisque les juges qui poursuivent lui prêtent des intentions qu’elle aurait cachées sous la procédure diplomatique. Elle aurait voulu profiter de cet accord pour faire ceci ou cela. Quand bien même ce serait vrai, comme il n’y a pas le début du commencement du quart de la moitié de ce qui pourrait ressembler à une réalisation de sa part, dans un État de droit, il n’y a rien à poursuivre. On ne poursuit que des faits avérés, pas des intentions en l’absence de réalisation de faits contrevenant à la loi.

Sur la une de Clarín, qui s'est refait une beauté ce matin,
"Dur revers pour Cristina : elle sera jugée avec Máximo
pour blanchiment d'argent", dit le gros titre
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Cet acharnement sur ce dossier jette bien entendu un soupçon sur l’ensemble des procédures intentées contre la vice-présidente et en particulier celle(s) que vient de relancer la Cour de Cassation fédérale argentine, d’autant que la décision d’hier intervient après une série d’arrêts de différentes hautes cours fédérales, dont la Cour suprême, qui pointaient clairement contre la majorité sortante alors que l’opposition de droite voit ses appels et ses renvois aboutir systématiquement à des décisions qui sont favorables à ses intérêts économiques, politiques au sens large et même électoraux au sens restreint.

Sur ce sujet, la presse se sépare donc ce matin en deux camps : celle de droite, majoritaire, Clarín, La Prensa, La Nación, se réjouit à la perspective de revoir Cristina prendre place bientôt sur le banc des prévenus devant une cour pénale et encourir des peines exorbitantes ; celle de gauche, qui, au niveau national, se résume à Página/12, enrage du caractère incorrigiblement partisan de la justice du pays. Cela fait tout de même au moins 150 ans que cela dure !

"Dur revers pour Cristina : elle sera jugée
pour blanchiment d'argent et pour le pacte avec l'Iran",
dit le gros titre
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Maintenant, il faut observer comment ces audiences vont se dérouler, quelles seront les preuves que le ministère public produira et surtout, dans le cas du Memorandum iranien, avec quel raisonnement il les soutiendra devant la juridiction, comment les avocats de Cristina et des co-prévenus plaideront et comment à la fin les juges jugeront. Ensuite, il y aura appel puis recours en Cassation et devant la Cour suprême et cela montera peut-être jusqu’à une juridiction internationale panaméricaine parce que Cristina n’est pas du genre à s’avouer vaincue. Elle a déjà été condamnée à de la prison ferme dans une affaire de corruption précédente qu’elle a aussitôt contestée.

Après tout, la Cour suprême du Brésil ne vient-elle de reconnaître la nullité du procès vicié et inique, intenté à Lula à coup de fausses preuves à l’instigation de la droite ultra-libérale qui, par la suite, a soutenu Bolsonaro, tout cela (c’est prouvé maintenant) pour empêcher l’ancien président de se représenter puisqu’il aurait sans doute gagné l’élection que Bolsonaro a remporté grâce à l’absence de son rival de gauche. Et Lula a fait plusieurs années de prison pendant lesquelles il a perdu sa femme et l’un des ses petits-fils. En Argentine, le processus électoral est beaucoup plus avancé qu’il ne l’était au Brésil au moment de la tenue de ce procès mais c’est bel et bien une sorte de Bolsonaro, Javier Mileí, qui est sorti en tête de la première phase électorale il y a un mois !

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lundi 18 septembre 2023

Inflation mensuelle en août : des chiffres effarants ! [Actu]

"Une inflation effrénée : 12,4% en août.
C'est la plus élevée en 32 ans", dit le gros titre
sous la photo de Pepe Soriano
qui n'a donc qu'une partie de la une
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Alors que la campagne électorale de premier tour bat son plein et que pointe le danger d’une politique libertaire dérégulée à la Trump, avec mensonges à gogo et idéologie fascisante, les chiffres que l’INDEC a publiés à la fin de la semaine dernière sur l’inflation et ses effets désastreux sur les plus vulnérables relèvent de la catastrophe autant politique que sociale.

Infographie de l'INDEC représentant
la synthèse générale de l'inflation d'août
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Au mois d’août, le taux d’inflation mensuel a en effet presque doublé par rapport à celui relevé en juillet. Il est passé à 12,4 % pour ce seul mois. Le cumul sur douze mois, quant à lui, est dix fois plus élevé et pour la seule partie écoulée de cette année 2023, à la fin de ce qui n’en est que le huitième mois, l’inflation atteint déjà 80 % de moyenne générale nationale.

Infographie des variations dans le temps et l'espace
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Inutile de dire que tous les efforts de Sergio Massa, le ministre de l’Economie et candidat à la présidence pour le courant péroniste de gauche, sont sans aucun doute maintenant voués à l’échec quoi qu’il fasse : dévaluation (il a en décrété une en août et on voit les résultats) ou promesse de supprimer les impôts sur le revenu pour les salariés des classes populaires et de la classe moyenne.

"L'inflation dans toute sa crudité", dit le gros titre
sur cette photo d'un garçon boucher portant sa demi-carcasse
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Página/12 s’est intéressé à une réunion entre patron et ouvriers dans les deux usines qui constituent le groupe dirigé par le président de l’Union des Industries Argentines, un regroupement patronal de PME qui ont un très mauvais souvenir du laisser-aller sous le mandat libéral de Mauricio Macri, il y a quatre ans. Ce patron a pu en effet comprendre que ses ouvriers avaient en août majoritairement voté pour Javier Milei, l’apprenti dictateur trumpien en bonne place pour être élu, et il apparaît clairement que ces travailleurs ont cru voter contre l’inflation dans une ignorance abyssale du programme et des conséquences des mesures tonitruantes annoncées par le candidat.

Synthèse des données régionales par l'INDEC
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La rage, la colère, l’impuissance ont motivé leur choix dans l’isoloir et tous les efforts de leur patron pour éclairer leur lanterne ne semblent pas avoir vaincu cet aveuglement désespéré. Les phénomènes observés par l’INDEC n’annoncent donc rien de bon, d’autant que les chiffres ne sont pas vraiment une surprise.

"Saut dramatique de l'inflation : les prix
ont monté de 12,4% en août", dit le gros titre
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Tous les consommateurs avaient déjà observé une hausse des prix spectaculaire en faisant tout simplement leurs courses et la presse bruissait de pronostics terrifiants, qui se sont avérés assez exacts. Et de fait, c’est l’alimentaire hors alcools qui mène le bal avec une augmentation de 15,6 % en un mois, pour la moyenne nationale. Dans deux régions, ce panier-test de produits alimentaires a même augmenté de 18 % et plus.

Página/12 a préféré mettre en avant
le paquet de mesures économiques
(et électoralistes) annoncé par Sergio Massa la veille
L'info sur l'inflation est discrètement traitée
en haut à droite
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La presse a été remplie d’articles sur le sujet pendant plusieurs jours et ce n’est pas fini. Jeudi, alors que le pays pleurait la mort de Pepe Soriano, les journaux en ont fait leur une.

Synthèse des données concernant
le seuil de pauvreté en bleu et celui de l'indigence en rose
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Dans la foulée, l’INDEC a aussi publié son rapport mensuel sur les seuils de pauvreté et d’indigence, que l’institut mesure tous les mois à Buenos Aires et sa région à travers deux paniers, l’un de produits alimentaires de base (indigence) et l’autre avec ces mêmes produits alimentaires auxquels s’ajoute une poignée de services eux aussi indispensables (pauvreté).

Sans surprise, ces résultats sont tout aussi effarants : hausse de 17 points en un seul mois pour le panier alimentaire et de 14,3 points pour le panier mixte.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

sur l’inflation :
lire l’article de Página/12
lire l’article de La Prensa
lire l’article de Clarín
lire l’article de La Nación
sur les seuils de pauvreté et d’indigence :
lire l’article de Página/12
lire l’article de La Prensa
lire l’article de Clarín
lire le rapport de l’INDEC sur l’inflation
lire le rapport de l’INDEC sur les seuils de pauvreté et d’indigence

vendredi 15 septembre 2023

L’Argentine pleure Pepe Soriano, un géant de l’art dramatique [Actu]

"Hier, aujourd'hui et toujours", dit le gros titre
sur cette photo du comédien disparu


Le comédien et acteur Pepe Soriano est décédé mercredi à l’âge de 93 ans. Il a partagé sa vie professionnelle entre l’Argentine, son pays natal, et l’Espagne, où il s’était installé entre 1987 et 1992.

Son travail sur la scène, couvert de louanges par toute la presse hier, nous reste inaccessible.

Reste sa filmographie. Impressionnante. Je me souviens particulièrement d’un film tourné en Espagne où il incarnait Franco et son double, un brave type, qui finit par être enterré à la place du Caudillo à Valle de los Caídos (dont on a retiré la dépouille il y a d’ailleurs quelques années, sous l’impulsion de l’actuel gouvernement socialiste). Ce film s’intitule Esperáme en el Cielo (attends-moi au Ciel) et il vaut son pesant d’or.

Il fut aussi un inlassable militant pour que les droits des interprètes soient reconnus et valorisés. Le choix de ses rôles montre aussi un fort engagement social, plutôt à gauche. Pour toutes ces raisons, il a été plus que mal vu par la junte militaire qui a pris le pouvoir en 1976. S’il a tenu à rester en Argentine pendant ces années sombres, il lui a fallu assez souvent se cacher, changer de lieu où passer la nuit afin de protéger sa famille (il avait deux enfants). Il a même été arrêté à trois reprises.

Président pendant quelque temps de la Société argentine des artistes-interprètes (SAGAI), il a été veillé hier pendant trois heures dans une chapelle ardente installée dans les murs de l’institution.

Il a ensuite été porté en terre à la Chacarita, dans le caveau collectif et monumental dont les membres de la SAGAI disposent dans ce cimetière de l’ouest de la capitale argentine où reposent presque tous les grands artistes de Buenos Aires.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

vendredi 8 septembre 2023

Agarrate Catalina ce soir au Luna Park [à l’affiche]


C’est une murga iconique de l’Uruguay qui se produira ce soir au Luna Park, l’immense palais des sport situé près de Puerto Madero : Agarrate Catalina. Musique de carnaval, joyeuse et foutraque, dont les Uruguayens ont le secret.

La troupe présentera une synthèse de ses vingt-deux ans d’existence. L’affiche indique fièrement 20 en chiffres romains : c’est qu’ils devaient venir à Buenos Aires il y a deux ans et que les mesures sanitaires ont entraîné une annulation de leur tournée. Ils reprennent donc exactement le même programme en ajoutant deux ans sur le visuel.

Le spectacle se donne presque à guichets fermés. Il reste encore quelques places à 9 500 $ (ARG) avant ce soir, 21h.

Une du supplément culturel quotidien de Página/12
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Página/12 les accueille en une de leur supplément culturel quotidien Cultura y Espectáculos ci-dessus.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12
voir la présentation du spectacle sur le site Internet du Luna Park

Raquel Liberman aura sa station de métro [Actu]

Couverture d'une biographie récente
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La Legislatura porteña, le parlement municipal, l’a voté hier : la station de métro Callao, sur la ligne D (il y a deux stations du même nom), ajoutera le nom de Raquel Liberman à sa dénomination. La station est idéalement située au cœur de Buenos Aires, dans un nœud de communication et un carrefour par où tout le monde passe en semaine comme le week-end.

Raquel Liberman était une jeune femme juive, originaire de l’actuelle Ukraine mais pourvue d’un passeport polonais (c’était normal avant le pacte Ribbentrop-Molotov en septembre 1939) lorsqu’elle est arrivée en Argentine. Avec ses deux enfants, elle rejoignait son mari, qui avait émigré avant elle et avait trouvé du travail. Assez vite, elle s’est retrouvée veuve et donc économiquement très vulnérable. Elle a été ainsi repérée par une organisation criminelle, la Zwi Migdal, qui s’abritait dans une fausse synagogue et faisait, sous prétexte de mariage, venir des jeunes femmes juives d’Europe de l’Est, principalement de la Pologne d’entre-deux-guerres, pour les prostituer dans les innombrables maisons spécialisées, clandestines ou ayant pignon sur rue, dont la capitale argentine était alors couverte. Raquel Liberman s’est ainsi retrouvée piégée dans la prostitution. Elle a réussi par deux fois à échapper à ses bourreaux et elle a pu porter plainte contre eux.

Cette plainte a déclenché un scandale inouï en 1930 en mettant en lumière la tragédie et l’ampleur de ce qu’on appelait alors la « traite des Blanches » dans la ville et la province et le caractère particulièrement odieux du système de la Zwi Migdal. De plus, ce scandale a changé pour toujours le fonctionnement institutionnel de la communauté juive en Argentine : c’est la seule communauté qui n’admet aucune conversion au judaïsme, y compris et peut-être surtout en cas de mariage et ceci même lorsque la conversion a été conduite en bonne et due à l’étranger, y compris en Israël.


Portrait de Raquel Liberman

Par le courage dont elle a fait preuve, Raquel Liberman est devenue une figure de l’émancipation des femmes et de la lutte contre les violences qui leur sont faites.

Página/12 et La Nación se font l’écho de cette décision importante.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

Le Festival de Tango de Flores commence aujourd’hui [à l’affiche]


Flores est un quartier de classe moyenne de Buenos Aires. Depuis une dizaine d’années, un festival assez informel et très dense y est organisé dans des établissements variés du coin : cafés, restaurants, salles de spectacles, établissements scolaires, etc.

Au programme, comme dans tous les festivals : concerts, récitals, rencontres avec les artistes, cours de danse, milongas, conférences et autres tables rondes.

Cette année, un hommage sera rendu à Sebastián Piana, le compositeur et pianiste qui a inventé la milonga ciudadana, avec le poète Homero Manzi, à travers Milonga sentimental : il a pris un genre très populaire dans les campagnes et y a introduit l’expression de la ville, et notamment la trace des vestiges des communautés d’afro-descendants qui existaient encore à San Telmo à ce moment-là (1933). Un retour au passé rosiste, à l’époque romantique, quand le despotique gouverneur de Buenos Aires, Rosas, s’efforçait de mettre en lumière les us et coutumes locaux apportés par les anciens esclaves, comme cela est resté vivant au Brésil et en Uruguay.

Quelques événements sont à entrée payante (PAF). D’autres sont au chapeau (a la gorra) : libre participation.

Le festival prendra fin le dimanche 17 septembre prochain.

La Academia Nacional del Tango est l’une des marraines de la manifestation.

© Denise Anne Clavilier


Pour en savoir plus :

jeudi 7 septembre 2023

Gardel et Le Pera, c’est du solide. La preuve en est à ND Teatro [à l’affiche]

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C’est un spectacle que le groupe Los Amados a présenté au début de cette année à Buenos Aires puis un peu partout dans le pays, sous la direction artistique de Alejandro Viola.

Le groupe entend rendre hommage au duo créateur phare du tango première période, Carlos Gardel, compositeur et chanteur, et Alfredo Le Pera, son dernier parolier, le plus mythique de tous.

Los Amados le font avec leur style particulier, fait de kitch déchaîné et de rythmes de l’Amérique tropicale et afro. Et ça donne quelque chose qui se tient ! Il faut aimer, bien sûr, mais ça se tient !

Très costaud, ce répertoire !



Le spectacle, de retour à Buenos Aires, est à voir tous les samedis de septembre à partir de cette semaine, au ND Teatro, Paraguay 918, dans le quartier de Retiro.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12 aujourd’hui
lire l’article de La Nación du 8 février dernier
voir la présentation du spectacle sur le site Internet du groupe

lundi 4 septembre 2023

Prochain hommage à la compagne de Atahualpa Yupanqui, compositrice de plusieurs de ses chansons [à l’affiche]

 

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Cette semaine, du 7 au 9 septembre 2023, dans la ville de Córdoba, où il était né, se tiendra un congrès académique autour de l’œuvre de Atahualpa Yupanqui, le grand poète, le grand maître de ce qu’on appelle en Argentine l’Intérieur au 20e siècle (l’Intérieur c’est tout le pays sauf Buenos Aires).

Cette première édition de cette manifestation culturelle de haut niveau rendra un hommage à la compagne de l’artiste, une artiste elle-même, puisqu’elle a composé, sous un pseudonyme masculin, Pablo del Cerro, un bon nombre de ses chansons.

Nennette Pepín Fitzpatrick a travaillé et vécu incognito, dans l’ombre du grand homme, alors qu’elle est en partie responsable de son succès et de sa renommée.

Entrée libre et gratuite dans les deux lieux où se tiendront les rencontres, à Córdoba intra-muros et en dehors de la ville, au Cerro Colorado, l’un des meilleurs atouts naturels de la région.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12
lire la communication officielle de la fondation Atahualpa Yupanqui qui co-organise l’événement
lire le communiqué de présentation sur le site Internet du ministère de la Culture provincial