jeudi 28 novembre 2024

Trio d’amis dispersés au CC Torcuato Tasso [à l’affiche]


L’une vit en Espagne, l’autre multiplie les tournées à l’étranger et le dernier s’est lancé avec un nouveau groupe. Tous les trois profitent donc d’un moment (rato) ensemble (juntos) pour jouer ce soir, jeudi 28 novembre 2024, à 22h, au Centro Cultural Torquato Tasso, à San Telmo.

Piano, voix et guitare pour du tango contemporain très engagé.

Entrée : 12 000 pesos argentins ($ ARG). Consommation en plus !

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :

Pour étudier la passion de Mileí pour le judaïsme, il faut être au moins deux [Disques & Livres]

Les forces du ciel, dit le titre du livre
Référence à un slogan mileíste qui prétend
que le président gouverne avec les susdites forces
Instrumentalisation de Dieu comme l'osent Trump et Netanyahu
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La passion excentrique, ostentatoire, pour ne pas dire exhibitionniste, "cosmétique" dit l'autrice, de Javier Mileí pour le judaïsme, qui plus est dans un courant de type intégriste, rend perplexes tous les observateurs tant elle est incohérente et peu compatible tant avec la vie privée de l’intéressé (toujours célibataire sans enfant à plus de cinquante ans, en communication avec son chien préféré mort depuis des années, en représentation publique aux cotés de sa sœur devenue la Première dame de l’Argentine et identifiée par son frère à Moïse, ni plus ni moins) qu’avec ses positions politiques : Mileí affiche en effet une exécration à toute épreuve de tout ce qui ressemble de près ou de loin à une disposition sociale (en contradiction manifeste avec la tsedaka, le devoir spirituel et moral de partager avec le plus pauvre), sa haine de l’État et sa volonté de le détruite complètement en Argentine (et ailleurs dans le monde – et le roi David, il en fait quoi ?) sans oublier son admiration inconditionnelle pour Israël, État fort s’il en est et social par-dessus le marché, une caractéristique à laquelle les Israéliens tiennent comme à la prunelle de leurs yeux, d’autant plus que les pays voisins n’ont rien qui s’en approche un tant soit peu. Ajoutez à tout cela le scandale que Mileí a déclenché au tout début de son mandat lorsqu’en toute connaissance de cause, il a volontairement profané le repos du chabbat en prononçant à 21h le traditionnel discours d’ouverture de la session parlementaire, que le président délivre chaque 1er mars à midi pile, avec retransmission en direct à la télévision publique. Or cette année, le premier mars tombait un vendredi et à 21h, en mars, la nuit est tombée depuis longtemps. Le discours a par conséquent été prononcé et transmis pendant le chabbat, ce qui est formellement interdit et qu’aucun aspirant à la conversion ne peut pas ignorer, pour autant qu’il soit un tout petit peu sincère.

Sans parler des raisons grotesques et ridicules qu’il avance pour justifier qu’il soit resté à mi-chemin de son parcours pour devenir juif. Il ne lui manquerait en effet plus que d’être circoncit pour entrer dans la communauté, une opération devant laquelle tout homme pubère peut à juste titre éprouver quelque crainte (c’est très douloureux et en plus, ce n’est pas dénué de risque d’infection). D’après ses dires, Mileí aurait reporté sine die cette étape finale parce que les devoirs de sa charge de chef d’État l’empêcherait de respecter le repos du chabbat. C’est se moquer du monde ! A ce titre, aucun juif ne peut exercer des fonctions gouvernementales or telle n’est pas la réalité dans le monde. La loi rabbinique et la pratique, notamment en Israël, le modèle des modèles sur ce thème, accordent bien entendu des dispenses pour les métiers et les fonctions qui exigent une continuité de service (personnel hospitalier et militaire, police, magistrature, gouvernement, etc.)

Le livre a été présenté par ses auteurs le 13 novembre dernier

Un duo d’auteurs, une femme et un homme, se sont donc penchés sur ce phénomène qui laisse sans voix ou mettent franchement en colère bien des juifs argentins, pratiquants ou non, au moment où l’antisémitisme fait son entrée dans le pays, comme ailleurs, dans le sillage des massacres du 7 octobre qui ont comme lâché la bride à l’expression de la vieille haine recuite qui remonte au plus profond du Moyen-Age. Página/12 en publie aujourd’hui quelques bonnes feuilles qui soulignent combien cet engagement insensé de Mileí met de l’huile sur le feu de l’insécurité dont souffrent les juifs argentins depuis plus d’un an.

"Le Mur des Lamentations", dit le titre
du supplément Radar Libros (Página/12)
On se souvient du lamentable et obscène spectacle
de Mileí s'effondrant en pleurs au pied du mur
lors de son premier voyage officiel en Israël
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© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12 dans le supplément Radar Libros
lire l’article de présentation sur la plateforme de vente en ligne Mercado Libre.

Il reste un peu de bon sens et de courage à la Chambre basse [Actu]

"Arrêter le ballon", dit le gros titre
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Hier, les députés ont voté une proposition de loi qui devrait interdire les publicités pour les jeux de hasard et en particulier les paris sportifs, afin de protéger les enfants et les adolescents, très sensibles à leur discours.

L’addiction au jeu en ligne est un fléau auquel l’Argentine n’échappe pas plus que les pays de l’hémisphère nord.

Comme on peut s’en doute, cette proposition de loi a été combattue jusqu’au dernier moment par le gouvernement en place et son allié intermittent, le PRO, le parti de la droite libérale dite « pro-business » dont l'ancien président, Mauricio Macri, a repris les rênes. Bien évidemment, ils se battent pour que leurs amis puissent continuer à se faire du fric sur le dos des pauvres gens qui rêvent de gagner le gros lot et de sortir ainsi de l’incertitude économique permanente de ces crises fréquentes que favorisent les politiques du PRO comme de Mileí. Il est probable qu’ils vont s’efforcer encore de faire échouer le vote au Sénat.

Seul Página/12 se fait l’écho ce matin de cette première victoire dans la presse quotidienne argentine.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

Le procès des dirigeants de France Télécom dans les salles argentines [à l’affiche

"Le capitalisme le plus sauvage", dit le gros titre
sur cette photo souriante de Sandra Gugliotta
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La réalisatrice argentine Sandra Gugliotta a consacré un documentaire d’un peu plus d’une heure au procès en France, au nouveau Palais de Justice de Paris, des dirigeants de France Télécom qui avaient si mal traité le personnel de l’entreprise en voie de privatisation, aujourd’hui Orange, qu’un grand nombre de salariés s’étaient suicidés, détruits par le management par le stress et le mépris imposé par les instances dirigeantes.

Le film, intitulé El Proceso, daté de 2023, sort aujourd’hui en salle en Argentine. Le titre sonne très français : en espagnol, on parle en effet de « juicio », jamais de « proceso » qui veut plutôt dire « processus ».


Cet exemple paroxystique du management par la violence a attiré l’attention de Página/12 qui en fait la une de son supplément culturel quotidien, Cultura y Espectáculos, avec une interview de la réalisatrice. Bien entendu, tous les journalistes et les lecteurs du journal ont en tête la violence et la brutalité qui s’expriment au sein du gouvernement argentin actuel, avec ses effets délétères sur l’ensemble de la société.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12
lire l’article de Cine Reverso, un blog cinéphile politiquement engagé en espagnol
lire la présentation du film sur Filmaffinity

lundi 25 novembre 2024

L’Uruguay passe à gauche. Le Chili y reste [Actu]

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Comme on pouvait le deviner après le premier tour, il y a un mois, la gauche uruguayenne avait du vent dans les voiles pour ce scrutin présidentiel qu’elle vient de remporter.

Orsi salue ses partisans en compagnie de la future vice-présidente
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C’est donc Yamandú Orsi qui sera le prochain président de la République orientale de l’Uruguay le 1er mars 2025. Avec une impressionnante participation électorale de 90 % des inscrits, le Frente Amplio, l’organisation qui fédère toute la gauche du pays, a gagné 125 000 voix de plus qu’au premier tour. Un chiffre impressionnant dans un pays de quatre millions d’habitants.

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La majorité sortante (droite libérale) a reconnu sa défaite avec élégance et loyauté, tôt dans la soirée électorale, le président se mettant même « aux ordres » de son successeur pour organiser dans les meilleures conditions la phase de transition qui dure un peu plus de trois mois.

La Prensa fait peu de cas de ce qu'il se passe
de l'autre côté du Río de la Plata !
En revanche, les réjouissances footeuses
au cœur de Buenos Aires au lendemain d'une victoire du Racing...
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Le futur président prend ainsi la relève du regretté Tabaré Vázquez, le cancérologue distingué et le catholique pratiquant, et de Pepe Mujica, l’horticulteur (toujours en activité malgré la maladie et ses près de 90 ans) et l’ancien guerrillero révolutionnaire. Le parcours de Orsi est très différent. Son père, d’abord agriculteur dans le secteur vinicole, était devenu épicier de quartier dans la ville de Canellones. Le fils a repris l’activité commerciale de la famille avant de suivre des études pour devenir professeur d’histoire dans le secondaire, un métier qu’il exerçait encore il n’y a pas si longtemps. Il a aussi été danseur folklorique, ce qui est un bon signe pour le monde de la culture. Yamandú Orsi n’a pas promis la révolution mais le retour, dans le calme et l’écoute de tous les courants politiques du pays, au chemin de justice sociale ouvert par ses deux prédécesseurs et dont le président sortant, Lacalle Pou, s’était notablement écarté.

Là encore, admirez la hiérarchie des photos
et des sujets !
Et pourtant La Nación se veut le journal
le plus sérieux de toute l'Argentine...
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Sur le plan social et culturel, l’Uruguay peut espérer une politique plus égalitaire, une économie mieux régulée, une lutte pour l’émancipation des femmes et une action climatique. Sur le plan diplomatique, il faudra voir ce que fera le nouveau chef d’État vis-à-vis des États-Unis de Trump, du Mercosur, de l’Ukraine (qui était soutenue par Lacalle Pou) et du conflit au Moyen-Orient où l’on peut s’attendre à un soutien plus affirmé au peuple palestinien.

Le pire dans ce genre, c'est cette Une
qui ne propose même pas la photo de l'élu uruguayen !

Dans un premier temps, l’élu a affirmé sa volonté de maintenir un voisinage fluide avec l’Argentine, alors même que Mileí fait tout, absolument tout, pour entretenir les pires relations avec ses voisins lorsqu’ils sont gouvernés à gauche. Ainsi s’est-il brouillé avec Lula au Brésil et Gabriel Boric au Chili. Orsi risque de se sentir très seul ! Et pourtant c’est bien lui qui a raison.

Página/12 préfère montrer la foule uruguayenne en liesse
après la publication des résultats
"En face, le front", dit le gros titre
avec un jeu de mot avec le nom de la coalition gagnante
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De l’autre côté du continent, dans la même journée, les élections régionales ont redonné de l’élan au président de centre-gauche Gabriel Boric, l’un des rares soutiens de l’Ukraine du continent de ce côté-là du spectre politique. Ce qui fait dire à Página/12 que l’Amérique du Sud est en train de retourner à la gauche après un virage à droite qui s’est partout traduit par des atteintes à l’État de droit et au développement social et écologique.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

Dans la presse uruguayenne :
lire l’article principal de El Observador
lire l’article principal de La Red 21 (journal en ligne)
lire l’article de Une de Grupo R Multimedio (journal en ligne), ex La República
La lecture de El País est réservée aux abonnés

Dans la presse argentine :

vendredi 22 novembre 2024

Cette année à Mar del Plata, le cinéma n’est pas vraiment à la fête [à l’affiche]

Bandeau Facebook du festival officiel


Premier festival international du cinéma de Mar del Plata sous l’ère Mileí. Le festival est la plus grande manifestation cinématographique de l’Amérique latine mais le président a décidé de lui tourner le dos et de le priver de subsides publics.

"L'allié" : Thierry Frémaux", dit le gros titre
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En cette année de disette, la programmation reste riche mais l’atmosphère n’est pas à la fête. Cela se voit clairement dans la terne soirée d’ouverture qui s’est tenue hier soir.

Autre indice : la discrétion de la manifestation dans la presse de ces jours-ci ! Pour le moins inhabituel. D’ordinaire, on parle du festival plusieurs jours à l’avance, puis la veille, puis le lendemain de l’ouverture et les jours suivants.

De son côté, Thierry Frémaux a fait le voyage pour présenter la prochaine édition du festival de Cannes. Il a donné deux interviews, l’une à Página/12, l’autre à Clarín. Il y soutient fermement l’existence et la valeur du cinéma argentin qui sont menacée par la disparition du budget et des principales missions de l’INCAA, l’institut national du cinéma et des arts audiovisuels, organisateur historique du rendez-vous marplatense.

Contracampo a choisi de faire un contre-champ pour sa communication :
une représentation du célèbre front de mer de Mar del Plata !

Cette année, revient donc un contre-festival qui avait disparu il y a quelques années : le off de Mar del Plata. Cette programmation alternative se nomme Contracampo (contre-champ en français). Forte représentation du cinéma national dans cet à-côté du festival officiel.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12 en Une de son supplément culturel quotidien, Cultura y Espectáculos, consacré aux propos de Thierry Frémaux
lire l’article de La Prensa
lire l’article de Clarín sur l’austère soirée d’ouverture
lire l’interview de Thierry Frémaux accordée à Clarín
lire l’article de La Nación
visiter le site du festival officiel
Sur Contracampo :
lire l’article de Página/12
lire l’article de Clarín
lire l’article du quotidien local, La Capital Mar del Plata
visiter le site du festival off

lundi 18 novembre 2024

Macron à Buenos Aires : droits de l’homme, économie, écologie- accords et désaccords [Actu]

"Le signe de la sainte croix", dit le gros titre
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A Buenos Aires, ce week-end, Macron a fait de la diplomatie. Il a manifesté sa bonne entente avec Mileí sur le plan économique et il a relevé des différences politiques significatives sur les droits de l’homme, l’écologie et la coopération internationale, trois domaines que Mileí méprise ouvertement.

"Une relation plus forte avec la France", dit le gros titre
sur cette photo des deux présidents sur le balcon
de la Casa Rosada, une coutume inventée par Mileí,
pour à peu près n'importe qui !
Ce n'est donc pas un honneur particulier fait
à la France ou à son président
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Il est intéressant de regarder les Unes des journaux argentins de ce matin : elles révèlent clairement les différences idéologiques entre les différents titres.

Macron et Mileí montent l'escalier d'honneur de la Casa Rosada
En arrière-plan, la tapisserie des Gobelins offerte par la France
à l'occasion du Centenaire de l'Argentine.
Elle représente le général José de San Martín.
Photo : compte X du président de la République

Hommage de Macron aux victimes françaises de la dictature de 1976 à l’église de la Santa Cruz, où reposent, entre autres, les deux religieuses livrées aux bourreaux par l’infiltré Alfredo Astiz (aujourd’hui en prison) à la une de Página/12 tandis que les autres journaux, qui représentent toutes les nuances du spectre des droites, mettent plutôt en avant les désaccords politiques, quand ils ne font pas mine de voir dans cette visite de travail du président français un renforcement des liens entre les deux pays (il n’y a pas plus de renforcement des liens aujourd’hui qu’il n’y en avait sous Mauricio Macri ou sous Alberto Fernández, il y en aurait même plutôt moins, ne serait-ce que pour les questions relatives à la lutte contre le réchauffement climatique dont Mileí dit qu’il s’agit d’une billevesée communiste).

"Macron et Mileí : appui dans l'économie
et réserves sur la politique", dit le gros titre
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A noter que, parmi les militants des droits de l’homme qui lui ont demandé de rappeler à Mileí les engagements internationaux de l’Argentine en faveur de l’État de droit et de la défense des femmes, des enfants et des minorités, le couple présidentiel français a rencontré le prix Nobel de la Paix Adolfo Pérez Esquivel, qui a tenu à poser debout à ses côtés malgré son grand âge.

Les deux hommes saluant la foule sur le balcon
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© Denise Anne Clavilier


Photo de groupe à l'église
Adolfo Pérez Esquivel se tient à la gauche de Macron
Photo : compte X de Romain Nadal, ambassadeur de France en Argentine

Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12 sur la visite présidentielle à l’église de la Santa Cruz, en compagnie du curé de la paroisse et de plusieurs militants des associations de victimes du terrorisme d’État
lire l’article de Página/12 sur l’interview d’une des militantes sur les ondes de La 750 (la radio généraliste du groupe Octubre, propriétaire aussi de Página/12)
lire l’article de La Prensa. Rédigé à l’avance et non révisé avant publication, l’article ne tient pas compte de l’annulation de l’hommage à San Martín sur la place du même nom (peut-être parce que la visite à l’église a pris trop de temps ou plus probablement parce qu’il y a eu un désaccord important entre la France et le tout nouveau et très inexpérimenté ministre des Affaires étrangères argentin : les deux hommes auraient dû se rencontrer à cette occasion, sur la place toute proche du ministère, mais ils ne se sont pas vus)
lire l’article de Clarín sur la visite à l’église en page 4 (alors qu’il n’en est pas question en Une)
lire l’article de La Nación sur l’hommage aux Français victimes de la dictature
lire l’article de La Nación sur les rencontres entre les deux présidents, à la Casa Rosada et à Olivos, dans la résidence privée du président argentin, en grande banlieue de la capitale.

vendredi 15 novembre 2024

Décision arbitraire de Mileí contre Cristina [Actu]

"Le petit dictateur", dit le gros titre
pastichant le titre original du film (The Great Dictator)
Ok, c'est facile... mais c'est efficace
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A la suite de l’arrêt de la cour de Cassation confirmant la condamnation de Cristina Kirchner pour corruption dans la complexe affaire dite des voies publiques de Santa Cruz, Javier Mileí a supprimé les deux pensions dont jouit Cristina. L’une lui est due au titre de son veuvage d’un ancien président. L’autre est liée à ses deux mandats présidentiels qui ont suivi celui de son époux.

Ces pensions sont établies par la loi, elles trouvent leur origine dans l’élection du président et leur existence est justifiée par le fait que tant le président que la Première dame perdent leur activité professionnelle (quand les épouses en ont une) pendant la durée du mandat. Ces pensions sont par ailleurs généreuses comme le sont généralement les indemnités électives en Argentine.

Tout en haut à gauche, avec une photo de Cristina :
"Il était temps !" dit le titre
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Le président n’a pas compétence pour retirer ce type de pension à un bénéficiaire. La seule institution qui peut procéder à cette privation, c’est le Congrès mais uniquement à l’issue d’une procédure de destitution (juicio político), qui ne peut exister que pendant le mandat de l’intéressé. Or les mandats générateurs de ces droits sont achevés et ni elle ni lui n’a été destitué. Il n’est donc pas possible de retirer le bénéfice de ces pensions à Cristina, d’autant qu’aucune confiscation de ses biens ou de ses revenus n’est mentionnée dans le jugement qui la condamne.

Le conseiller : Pourquoi vous aimez Trump ?
Mileí : Parce qu'on lui a inventé un tas d'affaires pénales
pour l'écarter de la vie politique et on a voulu le tuer
Le conseiller : Tout comme Cristina
Mileí : Par pitié, arrêtons de tout regarder sous l'angle idéologique.
Dessin de Une de Página/12 ce matin
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Quoi qu’on pense de Cristina, qui se serait grandie en renonçant par exemple à la pension de réversion plutôt que de tout cumuler (ça fait mauvais genre), sachant que par ailleurs, elle ne manque pas de revenus et que de surcroît, depuis son départ de la Casa Rosada, elle n’a presque jamais cessé d’exercer de nouveaux mandats indemnisés, la décision présidentielle est parfaitement illégale et illégitime même si Mileí s’en vante auprès de qui veut bien l’écouter !

Cela n’empêche pas la presse de droite de se réjouir de cette mesure délibérément humiliante pour sa puissante adversaire politique et la presse de gauche, essentiellement Página/12, de crier au scandale.

"Mileí a annulé la retraite présidentielle de Cristina :
Tout ne se vaut pas", proclame le gros titre
avec en dessous cette photo à Mar-a-Lago
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A noter que la veuve de Carlos Menem touche elle aussi la pension de réversion liée au mandat de son époux. Le fait que ce président néolibéral vénéré par Mileí avait été multi-condamné ne trouble nullement son actuel adorateur à la Casa Rosada. Il n’est pas question de priver la veuve de quoi que ce soit.


"On retire les retraites présidentielles à Cristina
et elle déclare que c'est illégal", dit le gros titre
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Après cette décision pour le moins contestable, le couple présidentiel, Mileí et sa sœur, se sont envolés pour Mar-a-Lago, où ils ont passé une soirée festive avec Trump et Elon Musk, entourés de leurs familles respectives, dans les décors clinquants de la résidence privée du président-élu. Tout ce joli monde d’apprentis-dictateurs est en train de comploter contre les politiques internationales pour limiter le réchauffement de la planète et contre la COP qui se tient actuellement (sans espoir d’accord pertinent) à Bakou.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

A l’ONU, l’Argentine vote seule contre la lutte contre les violences sexistes [Actu]

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Hier, l’Assemblée générale de l’ONU débattait une résolution favorable à l’intensification des efforts pour lutter contre les violences faites aux femmes et aux enfants.

L’Argentine a été LE SEUL PAYS de la planète à voter contre !

Des pays comme l’Iran, l’Afghanistan, la Russie (qui a rétabli sous Poutine le droit pour les hommes de violenter femme et enfants tant que cela ne les conduit pas à l’hôpital), le Bélarus ou la Syrie ont préféré s’abstenir ou ne pas assister à la session.

Voilà qui en dit long sur l’avenir en Argentine.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

jeudi 14 novembre 2024

Condamnation de Cristina Kirchner confirmée par la cour de Cassation [Actu]

"Confirmation de la condamnation de Cristina
à six ans de prison pour corruption. Elle fera appel
auprès de la Cour [suprême]", dit le gros titre
sur cette photo de Cristina saluant la foule
massée dans la rue au pied de l'Instituto Patria,
 le siège de sa mouvance au sein du parti justicialiste
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Hier, trois juges de la cour de Cassation ont, sans surprise, validé ; dans un arrêt de 1 543 pages, la condamnation de l’ancienne présidente puis vice-présidente péroniste Cristina Kirchner à six ans de prison ferme et une inéligibilité à vie pour des faits de corruption au bénéfice d’un tiers dans des travaux publics réalisés dans la province de Santa Cruz d’où son défunt mari, Néstor Kirchner, était originaire et dont il avait été gouverneur avant d’être élu à la présidence, juste avant elle. Les juges n’ont pas assorti cet arrêt d’un ordre de détention immédiate.

"Plus Cristina de jamais", dit le gros titre
sur une photo plus optimiste
sur le même balcon hier, après la publication de l'arrêt
On voit bien dans ces choix éditoriaux
vers où penchent les quotidiens
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Il est certain que Cristina Kirchner va désormais se porter devant la cour Suprême de la République argentine dont il serait très étonnant qu’elle ne confirme pas l’arrêt d’hier (le tribunal supérieur argentin est massivement à droite et il l’a démontré ces dernières années en se prononçant très souvent de manière partisane sur des affaires très variées, poursuivant ainsi une vieille tradition de la magistrature argentine qui n’a jamais réussi à s’abstraire des idéologies successives portées par les classes dominantes qui se sont succédé à la tête du pays depuis l’adoption de la constitution en 1853).

Les trois juges de la cour de Cassation s’inscrivent eux aussi très clairement dans cette tradition. Aucun d’entre eux ne cachent ses préférences politiques pour l’ancien président ultra-libéral, issu du monde des affaires et du grand capital, Mauricio Macri avec lequel il est prouvé qu’ils ont entretenu des relations mondaines alors qu’il était le locataire de la Casa Rosada. Tous les trois sont pétris de biais culturels antisociaux et machistes, au point que l’un d’entre eux continue d’exercer ses fonctions alors qu’il fait actuellement l’objet d’une plainte, acceptée par le parquet, pour violence conjugale et pour viol. Le type n’a même pas la décence de se mettre en retrait ! L’arrêt qu’ils viennent de rendre ne peut donc pas être considéré comme objectif, quel que soit par ailleurs le contenu de l’affaire.

"Coupable ! a arrêté la cour de Cassation",
dit le gros titre sur une photo d'un tout autre
événement où Cristina a pris la parole
(Elle parcourt le pays en ce moment)
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Pour les partisans de Cristina, les preuves de la corruption, dans cette affaire extrêmement complexe, n’existent pas contre elle, même si l’arrêt les désigne comme accablantes. Et il est vrai que la démonstration n’a jamais été très convaincante de ce côté-là. Dans la gauche argentine, l’arrêt de cassation rappelle donc un précédent continental, la condamnation de Lula, qui a passé plusieurs années en prison au Brésil sous le mandat de Bolsonaro, avant d’être pleinement innocenté il y a peu, la justice ayant reconnu que le dossier contre l’ancien président était une machination ourdies d’un commun accords par une poignée de juges et de parquetiers afin d’écarter Lula d’une élection présidentielle qu’il avait alors de bonnes chances de remporter.

Il y a quelques jours, Cristina Kirchner, qui, notamment du fait de la politique économique antisociale de Mileí, est bel et bien redevenue la leader « naturelle » et fort peu contestée de la gauche de gouvernement, a été portée à la direction du Partido Justicialista (le parti péroniste historique), en remplacement de l’ancien président, Alberto Fernández, qui est complètement discrédité, englué qu’il est dans deux scandales retentissants, l’un qui porte sur une affaire de corruption au profit de tiers et d’enrichissement personnel de plusieurs de ses proches qui auraient empoché les juteuses marges du système d’assurance de l’État, l’autre sur des coups et blessures volontaires qu’il aurait (a) portés à son ex-compagne, laquelle, il y a quelques mois, a dénoncé les faits au procureur chargé du dossier précédent. Dans son cas, il n’y a pas grand-monde pour croire à un complot de la droite. Les preuves contre lui sont constituées, elles sont nombreuses, concordantes et par conséquent difficiles, voire impossibles, à réfuter.

"[La cour de Cassation] a ratifié la condamnation
de Cristina pour corruption et la Cour [suprême]
décidera si elle va en prison", dit le gros titre
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En se portant devant la cour Suprême, Cristina Kirchner cherche à gagner du temps. L’année prochaine, se tiendront les élections de mi-mandat. Si elle était élue à l’une ou l’autre des chambres qui composent le Congrès, elle bénéficierait ipso facto d’une immunité parlementaire, ce qui interromprait immédiatement toutes les procédures judiciaires entamées contre elle. D’ordinaire, il faut plusieurs années à la cour Suprême pour se prononcer sur un dossier. On verra donc si les procédures habituelles sont suivies dans le cas d’espèce ou si le délai de traitement se voie miraculeusement écourté. Hier, la mise sous écrou est devenue une menace très concrète pour l’ancienne chef de l’État, d’autant que le président en fonction plaide publiquement pour que sa seule véritable rivale actuelle dans l’électorat argentin soit mise derrière les barreaux. En attendant, Cristina Kirchner affronte cette situation délicate crânement et non sans un certain panache, que la droite prend pour une provocation indécente, et elle s’efforce de rassembler ses partisans autour d’elle.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article principal de Página/12
lire l’article de La Prensa
lire l’article de Clarín qui en propose de nombreux autres, la plupart réservés en ligne à ses abonnés<

vendredi 1 novembre 2024

Demain, nouvelle Noche de los Bares Notables à Buenos Aires [à l’affiche]

Couverture du catalogue officiel des Bares Notables
de la Ville Autonome de Buenos Aires
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Demain, samedi 2 novembre 2024, Buenos Aires célèbre la Nuit des Cafés classés. Au programme, comme chaque année, des concerts et des rencontres avec des artistes.


Intérieur du Café de los Angelitos,
rendu particulièrement célèbre par le tango du même nom
Carlos Gardel a souvent fréquenté cet établissement.
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Les Bares Notables sont une soixantaine d’établissements distingués par le ministère de la Culture de la Ville Autonome de Buenos Aires pour leur valeur patrimoniale et architecturale et le rôle qu’ils ont joué et continue de jouer dans la vie culturelle, artistique et intellectuelle de la ville.

Mon coup de cœur personnel :
El Federal se situe juste à côté de la maison
où je loge lorsque je suis à Buenos Aires
J'y ai de très beaux souvenirs d'amitié
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Tous ont beaucoup souffert de la pandémie, comme on peut l’imaginer. Tous souffrent de la crise actuelle déclenchée par le gouvernement Mileí par-dessus une inflation démentielle qui a commencé après les confinements sanitaires.


Autre souvenir personnel dans le même quartier :
Le Café La Poesía a été le lieu d'enregistrement
de plusieurs émissions de télévision de Nolo Correa
auxquelles j'ai été invitée.
Ce café est cité par Horacio Ferrer dans le tango
qu'il a dédié à la femme de sa vie : "Lulú"
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Le portail de la Ville présente le programme uniquement en ligne cette année que l’on peut fouiller par quartier et par établissement.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

visiter la page de la manifestation sur le portail des festivals de Buenos Aires.