Le vendredi 6
septembre 2013, dans la matinée, je rendrai compte de mon travail
sur José de San Martín
à un public un peu particulier : les officiers du plus
prestigieux régiment argentin, l'escorte présidentielle, le
Régiment des Grenadiers à Cheval "Général San Martín",
dont la caserne se situe dans les hauts de Palermo, dans le nord de
la capitale.
Ce régiment
d'élite, qui a été recréé en 1903, peu avant la
célébration du premier centenaire, comme un symbole d'unité
nationale, se consacre à la sécurité des personnalités et des
bâtiments publics fédéraux et il est, à ce titre, de toutes les
grandes cérémonies protocolaires, notamment celles qui se sont
tenues, en l'honneur de San Martín,
le 17 août, anniversaire de sa mort à Boulogne-sur-Mer :
dépôts de gerbe au pied de la statue équestre sur Plaza San
Martín,
passage des troupes en revue, discours, etc...
L'actuel régiment
n'a pas de lien direct avec son illustre fondateur, car une rupture
de près de 80 ans le sépare de son ancêtre fondé par San Martín
le 16 mars 1812, une semaine après qu'il avait débarqué à Buenos
Aires à bord de la frégate anglaise George Canning.
Ce
régiment, de onze mois à peine, est celui qui s'illustra au combat
de San Lorenzo dont on fêtait, en l'étonnante absence de la
Présidente, le bicentenaire le 3 février dernier (voir mon article)
et qui devait participer fidèlement à toute la campagne de
libération continentale conduite par San Martín à partir de Mendoza, en
1817, depuis la prestigieuse traversée des Andes jusqu'aux dernières
victoires en zone sub-équatoriale.
En
1826 néanmoins, Bernardino Rivadavia, l'abominable gnôme de
l'épopée révolutionnaire (un vrai personnage de roman noir, fourbe
et immonde à souhait), décidait de dissoudre un corps qui s'était
couvert de gloire, dans le vain espoir de noyer dans l'oubli
la popularité -insubmersible- du général, qui vivait alors en exil à
Bruxelles et qu'il n'avait cessé de poursuivre de sa haine depuis
octobre 1812.
En 1903, le régiment
fut donc reconstitué et, en 1907, il lui fut même rendu son
uniforme originel, celui conçu par le fondateur en personne, avec le goût de la sobriété qui a toujours
caractérisé le grand homme.
Deux Grenadiers en faction autour du reliquaire qui contient,
derrière une vitre blindée, le sabre de San Martin
derrière une vitre blindée, le sabre de San Martin
sous une statue de la Vierge de Mendoza
Hall d'honneur de la Caserne, à l'entrée du musée
(Photo RGC)
La mission des Grenadiers est désormais
d'assurer la sécurité tout en haut de l'Etat. Le régiment dispose
de trois casernements, à Buenos Aires, où il veille sur plusieurs
reliques de son "chef" mythique, à Yapeyú,
dans la Province de Corrientes, où San Martín
a vu le jour le 25 février 1778, et à San Lorenzo, près du champ
de bataille du même nom, à quelques kilomètres de la grande ville
de Rosario, dans la Province de Santa Fe.
A Buenos Aires, on
le voit monter la garde à la Casa Rosada, près du tombeau de San
Martín
dans la cathédrale, au Museo Nacional del Bicentenario, dans
différents ministères. Pour ma part, j'ai vu deux de ses membres
rendre les honneurs à la Vierge de Luján,
à l'inauguration de l'Exposition des Livres catholiques, ce qui n'a pas manqué de surprendre un peu la Française, pétrie de laïcité, que je
suis depuis toute petite !
A la caserne de
Buenos Aires est attaché un petit musée qui conserve des effets
personnels de San Martín
et plusieurs documents qui lui sont attachés, dont une feuille de
service de l'armée espagnole, plusieurs médailles, son chapelet qui lui fut offert par une religieuse en Espagne, après l'éclatante victoire de Bailén (1) et diverses reconstitutions historiques
interactives qui permettent d'approcher la réalité de Buenos Aires
et des Provinces Unies du Sud dans les années révolutionnaires. Ce
musée dispose d'une impressionnante bibliothèque dans les rayons de
laquelle se glissera dès la fin de mon intervention cette première
biographie en français qu'il m'est revenu l'honneur d'écrire et de
publier, San Martín,
à rebours des conquistadors (Editions du Jasmin, décembre 2012).
La conférence, qui sera
donnée en espagnol, est réservée aux officiers et à quelques
civils dont l'exercice professionnel est lié à San Martín
comme c'est le cas à l'Instituto Nacional Sanmartiniano, société
savante dédiée, depuis sa fondation en 1933 (2), à la mémoire et désormais à l'histoire (au sens
scientifique du terme) de cette personnalité, de son temps et de son
contexte (voir la rubrique Histoire – attention terrain miné, en
partie basse de la Colonne de droite).
La visite du musée
du régiment (MRGC pour les intimes) figure naturellement dans le
programme-pilote du séjour culturel à Buenos Aires que je vous
propose, en avril-mai 2014, avec l'agence solidaire française Human
Trip (voir mon article du 1er mai 2013 et le site Internet de Human Trip qui proposera très
prochainement un programme solidaire en faveur d'une des plus belles
initiatives musicales dans la ville de Buenos Aires)
Pour en savoir plus sur le
Régiment des Grenadiers à Cheval et son musée :
visitez le site Internet récemment relooké du RGC (3)
connectez-vous à sa toute nouvelle page Facebook.
(1) Le 19 juillet 1808,
contre l'armée impériale placée sous les ordres d'un illustre
général napoléonien dont plus personne ne connaît le nom en
France. Normal, il a perdu ! Manque de bol supplémentaire :
le malheureux officier s'appelait Dupont. Comment voulez-vous gagner
une gloire immortelle avec pareil patronyme ?
(2) Une date (et donc une institution) qui sent le soufre pour la gauche argentine, car il y avait alors à la Casa Rosada un gouvernement putschiste qui avait plongé le pays depuis 3 ans dans un vrai bain de sang (notamment pour les anarchistes et les communistes)
(3) Depuis le retour de la démocratie en Argentine, il y a trente ans, l'état d'esprit de l'Armée de Terre comme de l'Air et de la Marine a bien changé. C'est maintenant un outil démocratique aux mains d'un exécutif constitutionnel.