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vendredi 20 juin 2025

Le Caras y Caretas de juillet rendra hommage à Pepe Mujica [Disques & Livres]

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En juillet, le nouveau numéro du mensuel Caras y Caretas, du groupe médiatique Octubre, qui possède Página/12, rendra hommage à Pepe Mujica, le président uruguayen qui vient de mourir à près de 90 ans, à Montevideo.

La rédaction du mensuel a en fait une réincarnation de José Gervasio Artigas, le père de l’indépendance de l’Uruguay, un personnage historique, lui aussi décédé à un âge très avancé, que la gauche s’est pleinement approprié au prix parfois de quelques entorses à la réalité historique mais c’est le seul leader indépendantiste qu’elle peut revendiquer sans trop être contredite. Elle pourrait aussi en revendiquer d’autres mais comme l’histoire conventionnelle écrite pour l’école par des penseurs de droite en ont déformé la légende, ils ne leur reste qu’Artigas. L’occasion était trop belle pour l’équipe de Caras y Caretas, menée par l’historien péroniste Felipe Pigna.

Beau portrait en couverture !

Le portrait conventionnel du héros
par un peintre largement postérieur (1889)
qui ne l'a jamais rencontré
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Dimanche dernier, ce nouveau numéro était en vente avec l’édition du jour du quotidien Página/12. Il est ou sera disponible, indépendamment du journal, très prochainement dans les kiosques.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :
lire l’éditorial de Felipe Pigna sur le site du magazine.

vendredi 6 juin 2025

Felipe Pigna franchit le pas et publie son premier roman [Disques & Livres]

La couverture nous fait le coup habituel en Argentine
de l'énorme anachronisme de service :
en 1814-1815, Londres avec l'actuel palais de Westminster
et des réverbères au gaz ou à l'électricité
et un passant habillé comme Sherlock Holmes...
Ils sont fous, ces Argentins !


Felipe Pigna est un historien argentin à la fois intéressant et très critiqué. Il appartient à un courant appelé Revisionismo, parce qu’il conteste fortement la doxa historique, portée par la droite libérale, qui constitue la colonne vertébrale de l’histoire scolaire, jusqu’au bac, depuis la loi de l’école obligatoire et gratuite, en 1883.

Le Revisionismo est né dans les années 1930 à gauche, chez les partisans de l’UCR, le radicalisme argentin. Dans les années 1980, il a définitivement basculé dans le péronisme. Felipe Pigna adhère à cette lecture idéologique de l’histoire, contre la doxa, tout aussi idéologique (mais dont les tenants n ne veulent pas ou ne peuvent pas l’admettre). Le revisionismo a ceci de positif qu’il n’avance pas masqué. Sa part de propagande est facilement identifiable et le fait qu’il combatte l’histoire dogmatique est une bonne chose : il permet de se poser des questions plutôt que de répéter des « vérités » toutes faites.

On fait assez souvent à Pigna le reproche de romancer l’histoire dans ses livres, ses documentaires, ses articles de presse et ses émissions diverses et variées à la télévision et à la radio. En fait, c’est assez injuste : en excellent vulgarisateur, qui veut donner le goût de l’histoire aux petits et aux grands, alors que l’école les en a souvent dégoûtés (et on le serait à moins), il écrit en s’appuyant sur des procédés littéraires propres au roman. Il utilise l’action comme le fait un romancier et découpe ses chapitres comme pour un scénario de cinéma. Et ça marche ! Ses bouquins se vendent comme des petits pains et sont lus avec plaisir par un public très large.

"Deux héros historiques à bord", dit le gros titre
sous cette photo de Pigna dans son bureau
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Cette fois-ci, Felipe Pigna saute le pas et publie un vrai roman. Un roman historique qui suit les pas et imagine l'état d'esprit de deux grands personnages historiques, l’un qu’il présente comme le gentil de l’histoire, Manuel Belgrano (1770-1820), le premier économiste latino-américain qui devint général au début de la guerre d’indépendance, et l’autre qui, sous sa plume, a toujours le rôle du méchant, Bernardino Rivadavia (1780-1845), qui allait devenir le premier Président de la République argentine de 1826 à 1827, deux figures dont Pigna fait des ennemis irréconciliables.

Raccourci des plus contestables pour la vérité historique : Belgrano et Rivadavia avaient de bonnes relations lorsqu’ils se sont embarqués fin 1813 pour se rendre à Londres avec la mission d’y trouver un prince libéral, éclairé, susceptible d’accepter la couronne d’une future Argentine dotée d’une constitution à l’anglaise, qui n’a jamais vu le jour. Le grand général Belgrano, héros incontesté de la Révolution de Mai (1810), était très amical envers son jeune compagnon d’ambassade qu’il avait vu naître, dans une maison voisine de celle de sa famille. Il lui faisait confiance. Belgrano faisait a priori confiance, quitte à changer d’attitude lorsque son analyse des faits l’y invitait. Une fois à Londres, il s’est rendu compte, avec amertume, que Rivadavia suivait sa propre ambition politique, en ne s’occupant plus que vaguement ou mal de leur mission diplomatique et en le trompant assez souvent sur ses véritables intentions. La confiance a alors disparu. Ils ne sont cependant jamais devenus des véritables ennemis, Rivadavia ayant décidé de rester en Europe où il a voyagé en France puis en Espagne (ce qui pose des questions politiques sur son compte : comment alors qu'il avait été l’un des acteurs, certes mineurs, mais acteur tout de même, de la révolte de Buenos Aires contre l’ordre colonial dès 1810, comment a--t-il pu librement mettre les pieds dans l’Espagne d’après Waterloo, en pleine tentative infructueuse de recolonisation de l’Amérique !). Belgrano, quant à lui, était de retour en Argentine dès le début de 1816 et il ne lui restait plus alors que quatre ans à vivre. Il était donc mort depuis un certain temps quand Rivadavia est rentré d’Europe et s’est lancé, avec succès, dans une carrière politique marquée par son hostilité, fort antipathique, aux héros de l’indépendance (désormais acquise), à commencer par des manigances ignobles contre José de San Martín (1778-1850), l’autre héros de cette période fondatrice. En revanche, à l’égard de Belgrano, Rivadavia a toujours affiché une grande admiration. Sans prendre aucun risque puisque le révolutionnaire n’était plus là pour contester sa politique ni dénoncer son hypocrisie, si hypocrisie il y eut.

Ce nouveau livre romance donc ce voyage et cette mission à Londres ainsi que la relation entre les deux hommes. Les amateurs de Mauricio Druon et d’Alexandre Dumas s’y retrouveront sans doute. Les historiens, coincés dans leur académisme, beaucoup moins. Et pourtant, l’auteur annonce la couleur. Il est honnête envers le public.

4e de couverture du roman
telle qu'on la trouve sur le site des Editions Planeta
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Il est bon de savoir que Felipe Pigna occupe des fonctions importantes dans le groupe médiatique de gauche Octubre (qui détient le quotidien Página/12) : il y exerce les fonctions de directeur de la rédaction de Caras y Caretas, le mensuel historico-culturel du groupe. Pour être tout à fait franche, nous sommes nombreux à nous demander comment il trouve le temps de faire tout ce qu’il fait : il a un poste de professeur d’histoire dans une université nationale, un poste de directeur de la rédaction d’un magazine, il publie au moins un livre par an, sans parler des émissions de radio et de télévision dont il était chargé dans le service public lorsque celui-ci avait une véritable existence, ce dont il a été privé à l’arrivée de Mileí au pouvoir il y a un an et demi. Cela fait tout de même beaucoup pour un seul homme !

Le livre est en vente sur le site de l’éditeur, Planeta Argentina, au prix astronomique de 39 900 pesos argentins. S’offrir un livre maintenant en Argentine, c’est devenu un luxe inaccessible !

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12, qui en fait la Une de son supplément culturel quotidien (on n’est jamais mieux servi que par soi-même)
lire l’article de Clarín (longue interview de l’auteur, assez surprenant au demeurant car cette rédaction a l'habitude de présenter assez souvent cet auteur comme un adversaire politique)

vendredi 23 mai 2025

La catastrophe continue : plusieurs instituts nationaux sont dissous, dont le Sanmartiniano et le Belgraniano [Actu]


Trois jours avant la fête nationale, ce dimanche, qui célèbre la Révolution de Mai (1810), laquelle a mis fin à l’Ancien régime colonial pour lui substituer une première forme d’autonomie grâce à l’instauration d’un gouvernement collégial élu parmi les principaux patriciens de la ville de Buenos Aires, Javier Mileí a fermé plusieurs instituts culturels nationaux, dissolvant les uns, comme l’Instituto Nacional Belgraniano, consacré à l’étude de la vie et de l’œuvre politique de Manuel Belgrano, l’un des principaux acteurs du 25 Mai 1810, n transformant d’autres, comme l’Instituto Nacional Sanmartiniano, consacré à José de San Martín qu’on surnomme en Argentine le Padre de la Patria (rien que ça !), qui va devenir un musée (n’importe quoi !) et fusionnant les troisièmes comme l’Instituto Nacional del Teatro qui va être vidé de toute raison d’être (il avait pour vocation d’organiser les professions du théâtre, de les représenter dans le dialogue avec les pouvoirs publics, de soutenir les activités théâtrales et notamment les festivals).

D’autres instituts historiques disparaissent aussi. Comme par hasard, ceux consacrés à des personnages historiques qui déplaisent fortement à cette droite dictatoriale qui s’est installée à la Casa Rosada depuis l’élection de Mileí : ceux consacrés à Juan Domingo Perón, à Guillermo Brown (un amiral de la période indépendantiste) et à Juan Manuel de Rosas, un gouverneur fédéraliste de la Province de Buenos Aires à l’époque romantique, pendant la Guerre civile qui opposait les libéraux, partisans d’un État unitaire, aux fédéraux qui s’appuyaient plus sur le peuple que sur le développement du commerce international (Rosas a tenté, sans y parvenir, de créer une culture et une société qu’on appellerait aujourd’hui multiraciales en donnant une place aux descendants d’esclaves d’origine africaine et aux Amérindiens de la région que les gravures historiques nous montrent fréquemment dans le paysage urbain de Buenos Aires). Ces personnes ont existé, elles ont marqué l’histoire de l’Argentine, que cela plaise ou non au parti au pouvoir ! Même l’institut consacré au pionnier de l’aviation Jorge Newberry n’échappe pas à l’hécatombe !!!

Le musée Eva Perón échappe, pour le moment, au massacre parce qu’il constitue une attraction touristique importante… à cause de Don’t cry to me, Argentina, qui n’a strictement rien à voir avec elle mais bon, passons ! Tant mieux si ce très intéressant musée survit. En revanche, l’institut d’études historiques Eva Perón disparaît corps et biens.

Les instituts historiques ainsi dissous sont censés voir leurs activités regroupées dans un nouvel Instituto Histórico Nacional qui a surtout, semble-t-il, pour objectif de permettre de supprimer quelques postes de travail.

De toute manière, d’un point de vue scientifique, c’est une nouvelle décision d’une crétinerie sans fond : la recherche sur l’histoire argentine n’est pas encore assez mûre pour mélanger ainsi tous les sujets. Pour l’heure, ce dont le pays a besoin, c’est de se raconter son roman national, sans lequel aucune nation ne peut exister. Toute communauté, nationale ou même plus petite, a besoin de ses mythes fondateurs et il faut bien produire le récit qui fera un jour consensus, or ce consensus sera porté par des figures humaines, des héros à aimer et à admirer. Historiquement, en Europe, ce processus a duré environ 4 siècles, soit 16 générations, dans chacun de nos nombreux États-nations. Les États-Unis ont été les seuls à résoudre ce problème grâce à la littérature et au cinéma. Eux seuls en ont eu les moyens financiers et techniques. Et l’université a fait tranquillement son travail de recherche, de son côté et sans bruit. Cela a eu un prix : les travaux des historiens n’ont pas atteint le grand public et on s’en rend bien compte quand on entend Trump énoncer les âneries qu’il accumule en la matière. Ce qu’il connaît de l’histoire de son pays, c’est ce que racontent quelques films quand ils passent à la télé !

En Argentine, le grand mérite des Instituts, depuis la fondation du Sanmartiniano dans les années 1930, aura été de commencer à opérer la transition entre mémoire et histoire (au sens scientifique du terme). Or cette transition est loin d’être achevée et la séparation des instituts, leur autonomie, chacun avec son personnage tutélaire, donnait déjà un travail de fou aux historiens qui en faisaient partie, dont certains étaient membres de plusieurs d’entre eux.


Il n’est pas habituel dans ce blog que je me mette aussi franchement en avant mais il se trouve que, sous deux statuts différents et depuis plusieurs années, je suis la correspondante en France de l’Instituto Nacional Sanmartiniano et de l’Instituto Nacional Belgraniano. Et je le resterai en dépit de cette nouvelle forfaiture de Mileí et de ses sbires !

Cette double fermeture me concerne donc personnellement et je m’associe aux amis que j’ai dans ces deux sociétés pour vous inviter à signer la pétition qu’ils ont lancée hier dès la nouvelle connue :

NO AL CIERRE DEL SANMARTINIANO
Y DEL BELGRANNIANO

Voici le lien pour accéder à cette pétition.

Le site Change.org vous demandera en français (si vous vous connectez depuis la France) vos nom et prénoms, votre ville, votre pays et votre adresse mail où un message de confirmation vous sera envoyé pour valider votre signature.

Pour les quelques salariés, dont certains sont devenus mes amis et qui viennent de perdre leur travail, historiens, archivistes et agents administratifs, pour tout le travail accompli ces dernières années, notamment la tâche disproportionnée de transcrire l’ensemble des archives connues de l’un et l’autre personnages, pour les dizaines d’historiens qui animent bénévolement ces structures et y apportent leur travail, pour le matériel rassemblé dont on ignore ce qu’il va devenir, je vous remercie pour la signature de notre pétition.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :
lire l’article d’aujourd’hui de Página/12
lire l’article d’hier de Clarín
lire l’article d’hier de La Nación
Página/12 a consacré aussi aujourd’hui un article à la défense du bien-fondé du musée de la Mémoire de la ex-ESMA que le gouvernement menace aussi de détruire : l’objectif du président est de faire disparaître tout ce qui a trait à la mémoire douloureuse de la dernière dictature militaire entre 1976 et 1983 et des crimes contre l’humanité dont elle est rendue coupable et en général de détruire l’histoire, de faire des Argentins un peuple amnésique et donc plus facile à dominer sous la forme d’une nouvelle dictature, celle d’une certaine oligarchie comme en rêve Trump.
Quant à Clarín, il publie aujourd’hui un billet d’opinion concernant la liberté de la presse et les héros de la Révolution de Mai 1910 (ce sont ceux qui l’ont été établie en Argentine pour la première fois).

mercredi 18 septembre 2024

Une conférence sur Gardel au Museo Mitre : rare ! [à l’affiche]

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Demain, jeudi 19 septembre 2024, à 18h, le Museo Mitre propose une conférence sur Carlos Gardel qui, à ses débuts, chantait surtout de la musique rurale et non pas du tango. A cette époque où il fallait qu’il se produise dans les restaurants fréquentés par la très bonne société de la fin de la Generación del Ochenta, une période politique qui s’étend de 1880 à 1916, année au cours de laquelle Gardel bascule dans le tango, le chanteur a mis à son répertoire une valse en hommage à Bartolomé Mitre (1821-1906), l’homme de lettres, l’érudit, le patron de presse et l’homme politique qui avait occupé la présidence argentine dans la période précédente (la República Conservadora, 1860-1880).

Il existe un enregistrement de cette valse intitulée A Mitre. C’est l’un des tout premiers disques de Carlos Gardel : il date de 1912.

La conférence de Mario Ezequiel Pérez portera donc sur les origines du tango dans la vie politique argentine du début du 20e siècle.

Le Museo Mitre est installé dans ce qui fut la demeure privée de ce personnage-clé dans la vie politique, institutionnelle et intellectuelle de l’Argentine. La visite vaut le coup, notamment pour l’impressionnante bibliothèque qu’il avait assemblée et lue tout au long de sa vie et le trésor archivistique que ce collectionneur passionné avait constitué, nous préservant de véritables trésors pour la recherche historique. C’est un des principaux musées d’histoire à Buenos Aires et bien entendu, sa direction est menacée par Mileí et son ignorance crasse (dont il a encore fait étalage cette semaine dans un long discours sur sa politique économique que presque personne n’a voulu écouter).

© Denise Anne Clavilier

samedi 29 juin 2024

Caras y Caretas commémore les 50 ans de la mort de Perón [Disques & Livres]

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Demain, dimanche, les lecteurs de Página/12 pourront acheter avec leur journal le nouveau numéro du mensuel Caras y Caretas, qui est consacré en juillet au cinquantenaire de la disparition de Perón, rentré d’exil six mois auparavant.

Sous cette présidence violemment anti-péroniste, le groupe Octubre est fier de revendiquer ses racines politiques et idéologiques même si l’aventure a fini en catastrophe, la vice-présidente devenue cheffe de l’État ayant été incapable de prévenir et de lutter contre le putsch qu’allait

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12 annonçant la parution
lire l’éditorial de l’historien Felipe Pigna dans Caras y Caretas
lire également l’éditorial de La Nación sur les cinquante ans qui ont conduit de la mort de Perón, haute figure politique des années 1940, au triomphe actuel de Mileí (dont La Nación, quotidien libéral anti-péroniste, n’est pas fan).

vendredi 5 avril 2024

Mileí revendique le vieux fond raciste colonial [Actu]

"Avec le visage de Roca", dit le gros titre
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Mardi, 2 avril, Javier Mileí présidait sa première cérémonie d’hommage aux combattants des Malouines qui se tient tous les ans au jour anniversaire du début de la guerre en 1982. Il a profité de l’occasion pour exprimer son admiration sans borne pour « la baronne Margaret Thatcher » (sur l’ordre de qui un navire baptisé General Belgrano a été coulé, faisant près de 400 morts argentins, sans parler de l’amitié de la dame pour Pinochet !). Pire encore sans doute, loin d’être le « meilleur Premier ministre britannique de l’histoire », elle en a sans douté été le pire puisqu’à sa mort, trente ans après son dernier jour au pouvoir, les Britanniques ont été très nombreux à manifester contre elle, y compris le long du cortège funéraire, alors que ce grand nombre d’années, avec le changement de génération, fait d’ordinaire taire les contentieux, au moins pendant le deuil et rassemble les gens autour du catafalque.

Non content de son effet, Mileí a ajouté une provocation de plus à la déjà très longue liste de ses insolences : il a nommé comme l’un de ses modèles historiques le général Julio Argentino Roca, celui qui, à la fin du dix-neuvième siècle, a conduit une expédition militaire d’une cruauté sans nom et reconnue aujourd’hui comme de nature génocidaire (encore que la notion n’existait pas encore), la dite Campaña del Desierto, un nom de propagande pour désigner ce qui était en fait la conquête de la Patagonie, alors habitée par les peuples mapuches comme on peut le constater sur les cartes de l’Argentine à la même époque (où la région est nommée comme « République indienne »). Il n’y a pas beaucoup personnages plus honni à gauche et même au centre que Roca, cette espèce de Custer du sud (à qui l’on prête cette formule odieuse : « un bon Indien est un Indien mort ».)

"Une cause nationale qui divise les politiques",
dit La Prensa, dont la plupart des éditorialistes
tiennent des propos très proches de ceux du président
sur les mêmes sujets
La photo représente le monument aux soldats
morts aux Malouines, en contre-bas de la
Plaza San Martin à Buenos Aires
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Une fois la cérémonie achevée, il a persisté dans ses propos par un acte symbolique : il a de nouveau débaptisé une salle d’honneur de la Casa Rosada, le Salón de los Pueblos Originarios, qui portera désormais le nom de Héroes de las Malvínas, le tout en prétextant que les peuples préhispaniques n’avaient aucune civilisation digne de ce nom. Une compréhension du monde dont San Martín et Belgrano eux-mêmes s’étaient déjà défaits au début du 19e siècle ! (1)

Plus de vingt ans d’efforts existants (à défaut d’être couronnés d’un plein succès) pour intégrer dans la nation et dans l’histoire ces peuples victimes de la colonisation, des maladies apportées par les conquérants européens puis de leur répression politique et culturelle que notre siècle reconnaît enfin comme criminelle, réduits à néant, volontairement, sciemment, cyniquement, par ce personnage débordant de haine et qui a voué sa vie au culte de l’argent et du profit…

L'étreinte hypocrite du président et de la vice-(présidente
devant le monument aux soldats morts aux Malouines
Ils ne se supportent pas et ne peuvent pas le cacher.
"Milei appelle à une réconciliation avec les Forces Armées",
dit le gros titre d'un journal dont la rédaction a autrefois
collaboré de bon coeur avec la Junte militaire
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Une nouvelle fois, l’Argentine, qui montrait la voie à tout son continent en matière de droits de l’homme, livrée à une régression dont elle aura du mal à se remettre.

Même idée pour cette autre une :
"Lors de l'hommage pour la guerre des Malouines,
Milei a appelé à une réconciliation avec les Forces Armées"
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Mileí a aussi appelé à une réconciliation nationales avec les forces armées, en confondant volontairement les bourreaux dûment condamnés avec l’ensemble des militaires du pays, ce qui au bout de quarante ans de démocratie est une confusion que les Argentins ne font plus, et alors que sa vice-présidente, catholique traditionaliste et elle-même fille d’un militaire qui a trempé dans la dictature, veut voir tous les condamnés amnistiés.

La plaque de la salle d'honneur dans la Casa Rosada

© Denise Anne Clavilier
www.barrio-de-tango.blogspot.com


Pour aller plus loin :



(1) Mileí n’a aucune considération pour les deux Pères de la Patrie qui pourtant réunissent tout le monde en Argentine. Sans doute parce qu’ils font l’unanimité et qu’il déteste cela dans son pays.

jeudi 28 mars 2024

Mes prochaines dédicaces au Palais de la Femme en avril [ici]

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Les 12, 13 et 14 avril 2024, en même temps que le gigantesque et très commercial Festival du Livre de Paris, se tiendra une nouvelle édition du petit et riche salon L’Autre Livre qui rassemblera de nombreux éditeurs artisanaux et militants de la diversité culturelle dans notre pays, avec leurs auteurs et autrices qui dédicaceront sur les différents stands.

Comme tous les ans au printemps, le salon se tiendra au Palais de la Femme, 94 rue de Charonne, dans le 11e arrondissement de la capitale (M° Charonne).

Je serai sur le stand des Éditions du Jasmin où je présenterai (et dédicacerai) mes ouvrages sur l’Argentine, sa culture populaire et sa grande histoire (aujourd’hui mise à mal par un gouvernement irresponsable et inculte et on en a pour quatre ans comme ça !).

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Je serai présente le vendredi et le samedi après-midi, les 12 et 13 avril prochain.

L’entrée est libre et gratuite.

Il y a de quoi gâter tous les âges et satisfaire tous les goûts.

Nous vous attendons nombreux dans un quartier bon marché et très vivant.

© Denise Anne Clavilier


Pour mieux connaître les Éditions du Jasmin, n’hésitez pas à aller faire un tour sur son site Internet.

mardi 27 juin 2023

Un nouveau musée dans le centre historique de Buenos Aires [à l’affiche]

L'une des vitrines du musée


Il y a cinq ans, un chantier mettait à jour les vestiges d’un patio que les archéologues ont tôt fait d’attribuer à une maison particulière ayant appartenu au gouverneur de la Province de Buenos Aires des années 1835-1852, Juan Manuel de Rosas, haute figure du camp fédéraliste pendant la guerre civile qui suivit l’indépendance argentine.

Despote richissime, il disposait de cette belle maison de maître en centre-ville, à quelques centaines de mètres de la cathédrale, de la place de la Victoire (future Plaza de Mayo) et du Fort de Buenos Aires qui a depuis fait place à la Casa Rosada et d’un vaste manoir au sein d’une gigantesque propriété transformée dans la seconde moitié du 19e siècle en un quartier d’habitations et d’espaces verts, Palermo.

Au sein de cette maison de ville, située en plein Monserrat, rue Moreno 550, où une famille riche a effectivement vécu, on a trouvé des trésors d’informations sur le mode de vie des Portègnes de cette époque, à commencer par une gigantesque citerne destinée à recueillir les eaux de pluie qu’il a été très difficile de préserver de l’avidité de l’exploitant du chantier qui a bien failli la faire disparaître pour ne pas prendre de retard. Cette citerne a donné son nom au musée qui va bientôt ouvrir ses portes dans un bâtiment tout neuf de 14 étages qui accueilleront tous les objets que les archéologues ont sauvés : vaisselle de luxe, bouteilles, cruches, ustensiles de cuisine, ossements, reliefs de repas, objets domestiques, jetons et monnaies, etc.

Le museo de la Cisterna sera ouvert tous les après-midis du mercredi au dimanche et fermés les lundis, mardis et jours fériés.

Entrée et visite guidée de 40 mn gratuites.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

mardi 20 juin 2023

Fête du Drapeau… en musique [Coutumes]

Affiche de l'Instituto Nacional Belgraniano,
qui dépend du ministère de la Culture
L'illustration est un portrait de Belgrano réalisé à Londres en 1815
le peintre était un réfugié français qui avait fui le retour des Bourbons à Paris
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C’est jour férié aujourd’hui en Argentine : el Día de la Bandera se fête à l’anniversaire de la mort du général Manuel Belgrano (1770-1820), qui créa l’emblème national en février 1812 sur le front de Rosario, contre les absolutistes qui voulaient rétablir l’ordre colonial aboli le 25 mai 1810.

Une cérémonie officielle s’est tenue ce matin à 11h (heure locale) dans le patio de la basilique du Rosaire, l’église de la maison provinciale des dominicains, qui accueille le mausolée du héros depuis 1903 (et où il avait été enterré au lendemain de son décès, selon les coutumes locales).

Le même jour, le ministère de la Culture publie une nouvelle version d’une partie des chansons patriotiques que tous les Argentins apprennent à l’école : elles ont été enregistrées par différentes formations musicales nationales, orchestres et chœurs, et doivent être rendues disponibles avec téléchargement gratuit sur le site du ministère dans la journée…

Prochain férié national : le 9 juillet. Les Argentins fêteront alors l’anniversaire de la déclaration d’indépendance, en 1816, à Tucumán.

L'article est annoncé dans le petit titre violet
Le gros titre est dédoublé entre la manifestation
contre la disparition d'une jeune fille à Chaco
(de forts soupçons de féminicide pèse contre
une famille qui figure dans les petits papiers
du gouverneur péroniste
qui s'est pris dimanche une veste de première aux primaires)
et la visite de Blinken en Chine
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© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :

lire l’article de La Prensa sur ces enregistrements à haute valeur symbolique (un article annoncé en une)
lire le communiqué officiel sur le portail du gouvernement national.

mercredi 7 juin 2023

A Olavarría, ils ont tous quelque chose en eux du Beauvaisis [à l’affiche]

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Samedi prochain, le 10 juin 2023 à 18 h, le musée municipal de Olavarría, ville située dans l’ouest de la province de Buenos Aires, inaugure une exposition qu’il organise autour de son principal trésor, le portrait en pied de Manuel Belgrano (1770-1820), que celui-ci avait fait faire pendant sa mission diplomatique à Londres, dans la deuxième moitié de 1815.

Un portrait réalisé par un disciple de David et d’Ingres qui s’était récemment réfugié dans la capitale britannique pour ne pas être contraint par la Restauration de renier ses engagements politiques : Casimir Carbonnier.

Casimir Carbonnier était né à Beauvais en 1787. Fils d’un maître menuisier, il avait attiré l’attention de ses enseignants et avait ainsi obtenu une place au lycée du département (à cette époque, il n’y en avait qu’un et il se situait dans la préfecture). Le jeune garçon y avait fait reconnaître en particulier ses talents de dessinateur. Plus tard, il était allé se former à Paris et avait pu intégrer l’atelier de Jacques Louis David, à peu près à l’époque où cet atelier réalisait l’immense tableau du Sacre de Napoléon. Carbonnier a fait une jolie carrière à Paris sous l’Empire, participant à tous les salons annuels où la reine de Naples, Caroline Murat, finit par le remarquer en 1812. Elle lui commanda diverses œuvres pour son palais italien, dont un portrait dont il semble qu’on ait perdu la trace aujourd’hui.

A Londres, où Carbonnier s’est installé depuis quelques mois, Manuel Belgrano est l’un de ses tout premiers clients prestigieux. Il n’en manquera pas par la suite. Sans doute ont-ils pu communiquer en français, car le général argentin parlait notre langue et plutôt bien, disent les contemporains. Ce qu’on peut facilement croire car la maîtrise de notre langue était alors indispensable à tout travail diplomatique.

On doit la majeure partie de ce que l’on sait de sa vie à un prêtre féru d’histoire locale qui s’est attaché à sauvegarder l’histoire de cet artiste qui avait illustré sa Picardie natale.

Le tableau de Londres, non signé, destiné à la famille du modèle tout là-bas, dans la lointaine Argentine, est resté dans la famille pendant quelque cent-cinquante ans et il a été donné, il y a plusieurs années, à ce musée de la ville où une branche de la famille vit toujours.

Belle exposition autour de ce portrait récemment nettoyé et restauré par les soins du musée. Inauguration en présence de Manuel Belgrano, le président de l’Instituto Nacional Belgraniano, descendant du général à la sixième génération et qui a connu ce tableau chez lui dans sa jeunesse. Olavarría, c’est loin de Buenos Aires mais ça vaut le coup !

© Denise Anne Clavilier


En 2017, à Buenos Aires, dans l’une des salles de la caserne du Régiment de Patricios, à l’invitation du président Manuel Belgrano et de l’équipe qui anime l’Instituto Nacional Belgraniano, j’avais pu donner une conférence sur la vie et l’œuvre de Casimir Carbonnier, mort à Paris, en 1873, dans la maison provinciale des Missions étrangères de Paris où il avait pris l’habit quelques années plus tôt et où on lui doit une grande partie de l’actuelle décoration religieuse, tant dans la chapelle que dans les parties communautaires.

mercredi 24 mai 2023

Sortie d’un film historique et féministe pour la fête nationale [à l’affiche]

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Demain, jeudi 25 mai 2023, à l’occasion de la fête nationale, la cinéaste Sabrina Farji sort au cinéma Gaumont, qui est le siège de l’INCAA (l’institut national du cinéma et des arts audiovisuels), à Buenos Aires, son docu-fiction féministe et militant consacrée à une figure aussi prestigieuse que mal connue de l’époque indépendantiste, María Sánchez de Thompson, dite Mariquita

Cette femme a été une patriote de premier plan en son temps. Une féministe à une époque où cette cause avait bien peu d’adeptes. Et comme la marquise de Sévigné, sa correspondance a fait d’elle une des toutes premières figures de la littérature argentine.

Le gros problème est que les historiens disposent de très peu d’archives pour retracer sa vie réelle et que la plupart des récits sur elle s’appuie sur des légendes, répétées, notamment à l’école, de générations en générations depuis 1883, année où l’école primaire est devenue obligatoire, à l’instigation d’un ancien président, Domingo Sarmiento, qui l’avait bien connue et lui avait confié des missions de définitions des programmes d’instruction des fillettes.

Si l’on en croit sa bande-annonce, ce film nous propose un portrait ultra-idéologisé de Mariquita et des images 100 % anachroniques. Rien d’étonnant d’ailleurs : ces grands personnages de l’indépendance servent d’écran géant à la projection de tous les rêves et de toutes les théories, y compris les plus fantaisistes (du point de vue historique), des auteurs qui s’en emparent.

Quelques historiens sérieux apparaissent dans les trois minutes d’extraits. Je ne suis pas sûre que la réalisatrice les laissent remettre les pendules à l’heure.

Mais allez tout de même y jeter un coup d’œil : ça vaut le coup pour comprendre à quels grands écarts sont soumis ces personnages historiques. Ecoutez comment on fait chanter l’hymne argentin à l’interprète de Mariquita, en robe empire et avec des tatouages sur ses bras nus, pour se rendre compte que sur le plan historique, cela ne peut pas tenir la route. En 1812, personne n’aurait jamais eu l’idée saugrenue de chanter ce texte révolutionnaire et hardi avec cette voix déjà pâmée.

Cela n’empêche évidemment pas Página/12 de porter le film et son autrice aux nues en donnant ce matin la parole à Sabrina Farji et en titrant sur la difficulté qu’elle a sans aucun doute rencontrée pour parler des femmes en évoquant la révolution de 1810.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12
lire la fiche du film sur le site Cines Argentinos (la bande-annonce y est incrustée).

lundi 24 avril 2023

Une exposition s’ouvre demain sur Belgrano au Museo Mitre [à l’affiche]

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Le Museo Mitre, situé dans la rue San Martín, derrière la cathédrale de Buenos Aires, est installé dans la maison de maître qu’a habité le général Bartolomé Mitre (Buenos Aires, 1821 - ibidem, 1906), qui fut l’un des géants de la vie intellectuelle argentine dans la seconde moitié du 19e siècle.

Lecteur infatigable, maîtrisant plusieurs langues, il est considéré, non sans raison, comme le premier historien argentin puisqu’à partir de 1856, il publia de nombreuses études sur les débuts de l’indépendance, consacrant en particulier des biographies plus que fournies de Manuel Belgrano, José de San Martín et Miguel Martín Güemes. D’orientation libérale, philo-britannique, plutôt hostile à la culture espagnole ou en plus exactement à ce qu’il en percevait dans le nouvel Etat qui se dégageait avec difficulté de la gangue coloniale tricentenaire, Bartolomé Mitre fut aussi un acteur incontournable de la presse quotidienne (il a fondé et dirigé La Nación, le quotidien qui brille encore aujourd’hui au firmament des journaux sud-américains), un poète (dont les œuvres ont beaucoup souffert des outrages du temps), un précieux collectionneur de documents historiques (on lui doit la conservation d’une impressionnante quantité d’archives)n et un homme politique d’une grande importance, puisqu’il fut président de la République, au tout début des vingt années connues dans l’histoire comme La República Conservadora (de 1862 à 1968, quand la constitution prévoyait encore un mandat de six ans).

Lorsqu’en 1903, on installa les restes de Manuel Belgrano dans le fastueux mausolée qu’on venait de lui construire sur le parvis de l’église provinciale des dominicains, la basilique de Santo Domingo y Santo Rosario, c’est lui qui prononça l’éloge funèbre en présence de quelques descendants et du gratin de la République.

Demain, le Museo Mitre inaugure une exposition temporaire qui mettra en scène quelques uns des documents écrits de la main de Manuel Belgrano (1770-1820), le premier penseur de l’indépendance, le premier économiste sud-américain, l’un des tout premiers généraux ayant combattu pour l’indépendance, dès 1811, contre les restes de l’armée coloniale espagnole.

Cela promet une très belle et passionnante visite pour tous les amoureux de l’histoire.

L’exposition partira en tournée un peu plus tard.

© Denise Anne Clavilier

mardi 7 mars 2023

Caras y Caretas consacre son édition de mars au cinquantenaire du retour d’exil de Perón [Disques & Livres]

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En mars 1973, Juan Domingo Perón rentrait en Argentine après un long exil de presque vingt ans et reprenait le pouvoir dont il avait été chassé par un coup d’État soutenu par la CIA en septembre 1955.

La gauche argentine se mettait à rêver d’un retour à l’époque faste qu’avait été les presque dix ans de sa présidence au tout début de la Guerre froide. Mais les choses allaient tourner autrement. Il n’a vécu que six mois de plus et à sa mort, il a laissé à la Casa Rosada sa veuve, Isabelita, qui allait transformer l'Argentine en une autocratie de plus en plus violente avant d’être à son tour renversée par un coup d’État militaire conduit par le chef d’état-major qu’elle avait elle-même promu, le général Videla.

En cette année que l’Argentine consacre aux quarante ans de son retour à la démocratie (un anniversaire nettement moins ambigu), le groupe médiatique Octubre, toujours infiniment sensible aux thèmes péronistes, consacre son mensuel culturel, Caras y Caretas, à cet événement intervenu dix ans plus tôt.

Il faut dire que ce retour à l’aéroport de Ezeiza fut quelque chose de très spectaculaire avec une foule très dense qui attendait le leader nationaliste et l’a escorté jusqu’à Buenos Aires, à la façon dont les champions du monde de football ont été à leur tour accueillis en héros peu avant Noël. Cristina Kirchner était dans cette foule et elle en a un souvenir très vif qu’elle a raconté ici et là dans des interviews. Ce fut un retour agité. Il y eut de nombreux incidents violents dont les origines ne sont toujours pas très clairs. Des mouvements de gauche étaient déjà passé à la lutte armée et le retour à une vie constitutionnelle paisible était déjà impossible à ce stade de l’évolution politique du pays ?

Les plus belles signatures de la rédaction sont à l’œuvre comme d’habitude, à commencer par l’historien (très contesté) et vulgarisateur (excellent) Felipe Pigna, qui signe l’éditorial d’ouverture.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

vendredi 24 février 2023

Retour sur images : ma conférence de mercredi à l’Ambassade de la République argentine à Paris [ici]

 

Déclaration préliminaire de l'Ambassadeur

L’Ambassade a posté sur sa page Facebook quelques photos de la conférence que j’y ai donnée mercredi soir autour d’une aventure archivistique que j’ai menée pour son compte et en compagnie d’une des diplomates de la section culturelle pour authentifier un bâtiment parisien qui a appartenu au général José de San Martín (1778-1850) de 1835 à sa mort, intervenue à Boulogne-sur-Mer sous la Seconde République.

L'Ambassadeur de dos assis au premier rang

Cette plongée grimoiresque au cœur de la mémoire parisienne m’a pas mal occupée depuis Noël jusqu’à ces tout derniers jours, comme vous pouvez vous en rendre compte avec le nombre d’articles publiés sur ce blog beaucoup plus faible que d’habitude pendant cette traditionnelle pause australo-estivale...


Monsieur l’Ambassadeur m’a fait l’honneur de présenter la soirée avec pour moi des paroles plus qu’aimables dont je le remercie une nouvelle fois.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de présentation de cette conférence.


Prochaine rencontre avec le public : le salon du livre de Saint-Germain-lès-Arpajon (91) dans une quinzaine de jours, pas très loin en fin de compte de la maison de campagne que San Martín avait achetée en 1834. Comme d’habitude, je dédicacerai tous mes livres sur le stand des Éditions du Jasmin.