vendredi 13 janvier 2023

L’inflation 2022 esquive le 100 % d’un cheveu [Actu]

"L'inflation reste dynamique et très haute :
5,1% le mois dernier et un record en 32 ans"
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C’est avec une certaine impatience que les observateurs attendaient l’étude mensuelle de l’INDEC, l’institut national argentin de statistiques, sur l’évolution de l’inflation pour avoir avec les chiffres de décembre les totaux de l’année. Personne ne s’attendait à un miracle et il n’y en a pas eu. Toutefois les pires prédictions ne se sont pas réalisées : l’inflation annuelle manque de 5 points le doublement des prix sur l’année 2022.

Tableau synthétique de l'inflation mensuelle
sur les différents postes étudiés par l'INDEC
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L’année dernière, l’inflation moyenne générale valable pour tout le pays s’établit donc à 94,8 %. C’est le pire résultat enregistré depuis trente-deux ans (entre temps, il est vrai, l’INDEC a revu sa méthodologie et y a introduit beaucoup plus de rigueur et moins de manipulations des chiffres en faveur du gouvernement en place). Les trois ans du mandat en cours ont d’ores et déjà dépassé le triste score d’inflation obtenu par Mauricio Macri au cours de ses quatre années de présidence ultra-libérale et super-endettée, sans Covid ni crise systémique mondiale mais à cheval sur les deux méthodologies de calcul de l’INDEC.

Página/12, soutien du gouvernement en place,
préfère faire un gros titre sur la guerre que le président
a déclaré à la fin de l'année dernière au pouvoir judiciaire
"Au rouge vif" dit le gros titre
En-dessous, les chiffres de l'inflation sont très lisibles
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Pour le seul mois de décembre, avec ses 5,1 % de moyenne générale, l’inflation argentine accuse une légère et nouvelle accélération par rapport au taux alors très en retrait observé le mois dernier : 4,9 %. Au-delà de ces taux généraux, on observe de grands écarts entre rubriques, depuis le secteur de la restauration-hôtellerie à 7,2 % jusqu’à celui de la téléphonie (3,4%), comme entre régions.

Tableau synthétique de toutes les variations
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Sans surprise cette fois-ci, c’est à nouveau Buenos Aires et son bassin de vie qui l’emportent en matière de taux d’inflation moyenne toutes rubriques confondues quand les différents postes de dépenses montrent des écarts modérés (tout étant relatif en la matière).

"Les prix volent haut", dit le gros titre
En-dessous, le ministre de l'Economie
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En revanche, dans les autres régions, des écarts considérables apparaissent entre les deux rubriques les plus affectées (présentées à gauche) et les deux les moins touchées (présentées à droite). Champions toutes catégories de la hausse mensuelle, les transports publics de la région de Cuyo (Mendoza, San Juan, San Luis) atteignent un démentiel 18 % tandis que l’alimentation, un poste traditionnellement très inflationniste, n’apparaît nulle part dans ces variations régionales, ni parmi les postes les plus touchés ni parmi ceux qui le sont le moins.

L'inflation région par région
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Appréciée au niveau de tout le pays, l’inflation appliquée à l’alimentation reste légèrement inférieure à la moyenne générale nationale. Serait-ce un indice que le nouveau programme de gel de prix, Precios Justos, porte ses premiers fruits ? On aimerait le croire. L’avenir nous le dira peut-être.

"Sans frein, l'inflation a clôturé 2022 à 94,8%,
le plus haut taux depuis 1991", dit le gros titre
En-dessous, une catastrophe écologique
sur les plages de Mar del Plata (plage Bristol)
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Ainsi que l’on pouvait s’y attendre au début d’une nouvelle année électorale (chaque année impaire), la presse fait ses choux gras de ces chiffres catastrophiques pour le gouvernement en place, qui, reconnaissons-le, n’aura pas été aidé par la conjoncture mondiale : dette surdimensionnée héritée du président sortant, pandémie interminable, sécheresses à répétition qui ont détruit de nombreuses récoltes, asséché des fleuves larges de plusieurs kilomètres et tuent actuellement des troupeaux bovins pour finir avec cette épouvantable guerre de la Russie contre l’Ukraine qui a déclenché la crise systémique dans laquelle tous les pays se débattent depuis au moins six mois.

Un rayon d'hypermarché consacré
aux conserves du programme Precios Justos

© Denise Anne Clavilier


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