samedi 8 juin 2024

Mileí reconnaît qu’il veut détruire l’État [Actu]

Javier Mileí interviewé par Bari Weiss, de The Free Press


Dans une interview donnée en espagnol à un média des États-Unis, The Free Press, Javier Mileí reconnaît qu’il s’est installé à la tête de l’État comme une cinquième colonne qui a mission de « détruire l’ennemi ».

Il hait l’État, il y voit une organisation criminelle qui vole les citoyens et veut sa disparition. Dans cet entretien, il fait étalage d’une insensibilité devant la misère que sa politique génère, qui laisse la journaliste perplexe -et pourquoi ne pas le dire ?- il exprime sans aucune pudeur un degré de cruauté narcissique qu’on rejetterait s’il venait à l’idée d’un scénariste d’en doter le comportement du méchant du film.

Cette interview où le président argentin ose se poser, contre tout ce dont il a a fait preuve pendant ces six premiers mois de mandat, comme un dirigeant responsable fait pas mal de remous dans la classe politique argentines. Certains élus commencent à envisager de lancer un procès en destitution contre ce mandataire qui a juré, le 10 décembre à son investiture, de servir l’État et qui annonce maintenant, sans aucune retenue, vouloir le faire disparaître.

Par ailleurs, Mileí déclare également : « J’ai décidé que mes alliés sont les États-Unis et Israël ». Phrase lunaire, pleinement anti-démocratique, où la décision est prise par un homme seul, de manière discrétionnaire et à son profit (« mes alliés »)… De surcroît, un tel choix est idiot : les principaux alliés d’un pays en paix et qui veut assurer sa prospérité sont d’abord nécessairement les pays voisins d’autant plus qu’e Amérique du Sud, ceux-ci sont liés à l’Argentine par l’alliance économique du Mercosur. Les pays limitrophes sont toujours les premiers partenaires économiques, c’est même ce pourquoi le Brexit était un suicide.

Bref, cet homme n’est pas seulement dingue : il a démontré qu'il est dangereux. Il veut faire disparaître l’institution qui permet de tout temps à toute société de vivre dans la paix civile au lieu d’être soumise la loi de la jungle (celle contre laquelle la Torah, qu'il dit étudier et révérer, lutte depuis des millénaires pour imposer des relations humaines où les forts prennent soin des plus faibles).

Lui ne jure que par la loi du plus fort, c'est celle qu’il veut mettre en place là où il vit et ailleurs aussi, comme il l’a montré il y a quelques semaines à Madrid. Son intérêt pour l'Ukraine ne repose sans doute sur aucune conviction personnelle un tant soit peu sincère.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Clarín
lire l’article de La Nación
lire l’interview de The Free Press avec la vidéo incluse.
Página/12 en parle aussi mais l’accès à l’article en ligne est réservé aux abonnés.