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"La pire gâchette", dit le gros titre sur cette photo tirée d'une caméra de surveillance Cliquez sur l'image pour une meilleure résolution |
Il s’appelait Thiago Correa Medina, il était supporter du Boca Juniors et, à sept ans, dans une ville de la banlieue sud de Buenos Aires, La Matanza (la bien-nommée : ce nom signifie « la tuerie », allusion probable au massacre d’un grand nombre d’Amérindiens à l'époque coloniale), il attendait le bus, avec son papa, pour rentrer à la maison. A deux cent mètres de l’arrêt de bus, des cambrioleurs profitaient de la nuit de ce début d’hiver pour commettre leur forfait. Encouragé par la complaisance criminelle et de longue haleine de la ministre de la Sécurité, Patricia Bullrich, un fonctionnaire de la police fédérale a sorti son arme, mis en fuite la petite bande de délinquants puis il a tiré dans le tas. Il a atteint, en pleine tête, le petit garçon qui est mort de ses blessures cette nuit, après deux jours d’hospitalisation.
Et,
une fois encore, la ministre ose défendre le policier impliqué et
prétendre qu’il a agi en situation de légitime défense.
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L'info est perdue sur cette Une de Clarín Sous la photo du gamin : "Un assaut, 11 tirs de la part d'un policier et un gamin de 7 mort" Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
C’est
elle et l’ex-président Macri, il y a donc un paquet d’années,
qui ont inventé cette horrible doctrine de sécurité publique selon
laquelle un policier qui sort son arme et tire est présumé en
situation légitime pour le faire. Cette doctrine assassine porte le
nom d’un autre policier qui avait tué un homme qui venait de
poignarder un passant, sans doute en vue de le dépouiller, sur un
carrefour de La Boca, un quartier sud de la ville de Buenos Aires
mais, au moment où le policier a tiré, sans aucune sommation,
l’homme, sans doute effrayé par le sang qu’il venait de
répandre, était déjà en fuite. Il lui tournait le dos ! Ce
policier, Luis Chocobar, appartenait aux forces de l’ordre de la Province (et non de la Ville) de Buenos Aires. Il n’était pas en
service aux moment des faits. Pire encore, il n’était même pas dans sa
juridiction. Malgré l’inculpation sous laquelle il était déjà
placé pour cet homicide, Mauricio Macri et sa ministre d’alors
l’avaient reçu, avec tous les honneurs, dans un des beaux salons
de la Casa Rosada, et, sans attendre que la justice se prononce, ils
avaient déclaré qu’il avait fait son devoir en agissant comme il
avait agi. Aujourd’hui, Macri est politiquement dans les choux,
pour un bon moment semble-t-il, mais, depuis un an et demi, Bullrich,
qui vient de le trahir en quittant le PRO, leur parti, pour rejoindre
LLA, celui de Mileí, a retrouvé son chouette portefeuille
ministériel sous l’autorité d’un autre président qui est en
train de détricoter l’État argentin et l’État de droit. Et elle défend
cet autre policier qui a du sang sur les mains.
Entre eux, cette fois-ci, l’ignoble ministre et le flic à la gâchette chatouilleuse, il n’y a pas le corps d’un petit voyou à quelques semaines de sa majorité, qui aurait pourtant dû avoir un juste procès et qui n’a pas trouvé beaucoup de voix dans l’opinion publique pour le dire haut et fort tant son parcours était peu reluisant.
Cette fois, il y a le corps encore chaud d’un petit garçon de 7 ans ! Et une famille, ordinaire et modeste, en deuil.
Pour
aller plus loin :
lire
l’article
de Página/12
lire
l’article
de La Prensa
lire
l’article
de Clarín
lire
l’article
de La Nación