Il semble qu’environ un million
d’Argentins, sur une population totale de moins de 50 millions, ont
arpenté les rues des grandes villes du pays hier dans l’après-midi,
donc en plein jour, pour soutenir l’ancienne présidente Cristina
Kirchner et protester contre le traitement judiciaire qui lui est
appliqué et qu’ils sont nombreux à estimer injustifié. Le
gouvernement tente en vain de prétendre que le nombre de
manifestants n’a guère dépassé les 48 000 personnes, un peu
comme ce conseiller de Trump prétendait samedi soir que le défilé
militaire avait été un grand succès tandis que les manifestations
No Kings avaient connu un fiasco retentissant (on sait que c’est
exactement l’inverse qui s’est passé).
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Le gros titre parle comme d'un enterrement : "La foule pour un adieu ?" Quelle mauvaise foi ! Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
La
presse de droite brûle d’envie, elle aussi, de minimiser les
chiffres mais les journalistes avouent qu’ils doivent se rendre à
l’évidence. Les photos démontrent clairement qu’il y a eu
environ un demi-million de manifestants hier dans la seule capitale
où la Plaza de Mayo ainsi que les rues et avenues qui y mènent
étaient noires de monde sur plus d’un kilomètre en profondeur.
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Une photo de la manifestation à La Plata dans cette édition locale de Página/12 Cristina Kirchner est native de La Plata Cliquez sur l'image pour une meilleure résolution |
La
presse de droite prétend aussi, contre toute évidence, que le
mouvement péroniste serait divisé alors qu’il est clair que pour
l’occasion, il a refait son unité dans la diversité des courants
et des personnalités qui le composent. A Buenos Aires, les bannières
les plus visibles étaient celles de la Campora, le mouvement de
jeunesse, passablement radicalisé, que dirige Máximo Kirchner, le
fils quarantenaire de l’ex-présidente, lequel se présente
désormais en héritier politique de ses deux présidents de parents.
Pour autant, il n’est pas certain que ce mouvement constituait la
majorité du cortège à Buenos Aires.
Patricia
Bullrich, la très droitière ministre de la sécurité, a tenté de
mettre des bâtons dans les roues aux manifestants, multipliant les
contrôles tatillons et délibérément vexatoires aux entrées de
Buenos Aires et à la descente des bus spécialement affrétés pour
l’occasion aux quatre coins du pays mais elle a dû rapidement se
rendre à l’évidence : il était impossible de faire
appliquer ses règles restrictives anti-manifestants comme celle qui
veut que les participants n’occupent que le trottoir et laissent la
chaussée libre pour ne pas entraver la circulation. Elle a dû
laisser les gens occuper la voirie tout entière sur les différents
parcours dessinés par les organisateurs. Ce qui prouve bien que ses
chiffres sont faux, que la foule était impressionnante et que cette
convocation est donc un succès pour l’opposition, qui semblait
moribonde et qui a ressuscité la semaine dernière à la publication
de cet arrêt de la Cour suprême qui n’en impose à personne.
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"Une autre Place de Cristina", dit le gros titre de cette autre édition locale de Página/12 Cliquez sur l'image pour une meilleure résolution |
Sur
Plaza de Mayo, les organisateurs ont fait retentir la voix de la
prisonnière la plus populaire du pays : un message enregistré
et qu’elle avait fait sortir de chez elle. Il semble qu’on lui
ait conservé le droit d’utiliser les réseaux sociaux et qu’elle
garde, pendant la durée de sa peine, sa pleine liberté
d’expression, dont elle va sans doute faire un grand usage. C’est
tout ce qui lui reste mais c’est beaucoup, car c’est une
excellente oratrice et on ne peut pas en dire autant dans les rangs
de la majorité. Cristina a déclaré que le modèle politique,
social et économique suivi par Mileí était en train de s’effondrer
et que les responsables actuellement au pouvoir en étaient
conscients. Elle a traité Mileí de cachivache : un
Tartarin, un baratineur qui ne se réalise que dans l’esbroufe.
C’est assez bien vu, ,non ?
Et pour couronner le tout, on trouve dans la presse internationale de beaux échos de l’événement. Tout ce que les pouvoirs publics voulaient précisément empêcher en trafiquant les procédures des audiences après l’arrêt de la Cour suprême. Eh bien, c’est raté !
Pour
aller plus loin :
lire
l’article
principal de Página/12
lire
l’article
de La Prensa
lire
l’article
principal de Clarín
lire
l’article
de Clarín sur les chiffres (où le journaliste reconnaît
lui-même que ceux du gouvernement ne peuvent qu’être très
en-dessous de la réalité)
lire
l’article
principal de La Nación