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Visuel de présentation du documentaire (Il s'agit d'une procession à Santiago del Estero) |
Le documentaire de moyen métrage, Mama Antula, una historia del milagro argentino ‑ Cómo fue la vida de la santa que sorprendió a Occidente, raconte la vie et l’œuvre spirituelle de la première canonisée argentine, portée sur les autels par le pape François le 21 février de l’année dernière.
Native de Santiago del Estero, dans le nord-ouest argentin, et morte à Buenos Aires, où elle fut immédiatement canonisée par la vox populi, Mama Antula a permis à la spiritualité ignacienne de survivre à l’expulsion des jésuites à la toute fin du régime colonial, sous Carlos III, et de prospérer. Son activité pastorale et missionnaire intense et couronnée de succès, notamment dans les élites du vice-royaume, avait surpris les théologiens et les prélats qui en entendirent parler en Europe, jusqu’au sein de la Curie romaine.
Le
documentaire, de Matías Boela et Cecilia Miljiker, produit par La
Nación, pour la chaîne de télévision du groupe, a été tourné,
en 2024, à Santiago del Estero, Río Gallegos, Buenos Aires et Rome,
où le pape François a bien voulu apporter sa propre contribution,
grâce à l’entremise de la correspondante en Italie du journal,
Elizabeta Piqué, une excellente journaliste qui avait un accès
privilégié auprès du Saint-Père, privilège de leur nationalité
commune.
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Le portrait de la nouvelle sainte pendu à l'un des balcons de la basilique Saint-Pierre de Rome le jour de la canonisation |
Le film est distingué pour sa narration innovante, sa rigueur historique (1) et sa qualité cinématographique, dans la catégorie Journalisme culturel.
Cecilia Miljiker a reçu le prix à Madrid des mains du roi d’Espagne, accompagnée de son épouse, elle-même ancienne journaliste de télévision. C’est la deuxième production de La Nación qui reçoit cette distinction, ce dont le premier quotidien historique de l’Argentine s’enorgueillit à juste titre.
Pour
aller plus loin :
lire
l’article
de La
Nación
visionner
le
documentaire sur la chaîne Youtube de La
Nación
(1) Pourtant dès les premières images, on voit que le film tombe dans le piège de l’éternel cliché concernant Mama Antula : un gros plan de deux pieds nus, parfaitement propres, marchent à même la terre. C’est la représentation traditionnelle de Mama Antula, en image pieuse, en statue, en tout ce que vous voulez... La sainte a été décrite par les contemporains, notamment lorsqu’elle a fait son entrée dans Buenos Aires, comme « descalzada », déchaussée en français, ce qui veut dire qu’elle vivait pieds-nus dans des sandales, en signe de pauvreté, d’humilité et de renoncement, au lieu d’être « calzada », chaussée, ce qui voulait dire à cette époque porter bas de soie et souliers fermés, comme le faisaient ordinairement ceux qui, hommes comme femmes, en avaient les moyens, y compris dans les rangs du clergé séculier et chez certains ordres réguliers qui ne refusaient pas ce confort ordinaire à leurs membres. Comme d’habitude, les Argentins, qui nagent toujours dans les anachronismes, même quand ils sont des historiens patentés, ont interprété cette indication de manière littérale. Et pour leur retirer cette image du cerveau et la corriger, il faut se lever de bonne heure !