vendredi 13 septembre 2024

Hommage à Alorsa pour les quinze ans de sa mort [à l’affiche]

"Le tango est de retour", dit le titre du spectacle
en citant celui d'un des textes les plus connus de Alorsa

A La Plata, la ville où il est né, où il vivait et où un infarctus aigu est venu nous le voler par une nuit caniculaire du mois d’août (32° à Luján ce jour-là, à la fin de l’hiver !), demain, samedi 14 septembre 2024, de nombreux artistes se réuniront sur la scène du Planetarium de l’Université Nationale de La Plata (UNLP) pour rendre hommage à leur ami, l’auteur-compositeur interprète Alorsa, décédé en 2009, à l’âge d’à peine 39 ans (il les aurait eus au mois de novembre suivant).

La soirée commencera à 20h.

Parmi les nombreux artistes annoncés : Cucuza, Lucio Arce (qui vint me prendre à Buenos Aires pour me conduire à ses obsèques à La Plata en ce mois d’août qui nous a tous si douloureusement marqués), Facundo Radice, Julieta Cabrera et bien entendu ses musiciens, qui formaient avec lui La Guardia Hereje (1) et qui ne l’ont pas oublié.

Parmi eux, Leo Gianibelli a assuré la promotion de la soirée : il a donné de nombreuses interviews dans lesquelles il dresse un portrait attachant de l’homme et fait une analyse vue de l’intérieur de l’œuvre inachevée qu’Alorsa nous a laissée avec cette mort terriblement précoce.

Alorsa sur scène. Il brandit un horrible nain de jardin
Entendant un jour qu'il y avait en France un mouvement
"pour la libération des nains de jardin", qui volaient ces objets de décor
chez les particuliers, il avait fait une chanson pleine de son humour
si subtil et délicat
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Permettez-moi d’évoquer ici deux souvenirs : avec son accord, j’avais intégré une dizaine de ses textes à ma seconde anthologie bilingue, Le Bicentenaire de l’Argentine à travers le patrimoine littéraire du tango, parue en décembre 2010 comme numéro thématique spécial de la revue Triages (Tarabuste Editions), un volume que l’éditeur avait publié avec l’aide et le soutien du Conseil National du Livre.

Son hymne à Maradonna, que beaucoup de chanteurs de sa génération ont désormais inscrit à leur répertoire, Para verte gambetear (pour pouvoir te voir dribbler), fait, quant à lui, partie de la première, Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins, parue en mai 2010 et toujours disponible aux Éditions du Jasmin, que je pourrai donc, non sans émotion, dédicacer dimanche prochain à la Fête de l’Huma, un rendez-vous culturel international qui lui aurait beaucoup plus avec ce public de toutes les couleurs et venu de toute la France. Comme si c’était hier, je me souviens de la découverte de cette chanson en août 2007, au tout début de mon tout premier séjour en Argentine : c’était chez Walter Alegre, le coordinateur de la Ciudad del Tango, au CCC Floreal Gorini, devenu un ami précieux depuis. Pendanr qu’il préparait un modeste et délicieux asado sur son balcon, Walter avait mis en route le magnétoscope pour me faire entendre cette chanson et à peine le morceau était-il terminé que le chanteur lui-même frappait à la porte pour un petit coucou à l’improviste parce qu’il était de passage à Buenos Aires. C’était Alorsa et son inséparable guitare. Il a pris part à ce dîner à la bonne franquette (à la mode argentine), nous avons échangé jusqu’à pas d’heure et je lui ai exposé mon projet de bouquin pour obtenir l’autorisation d’y traduire sa chanson.

Pour les besoins des deux livres, Alorsa et moi avons ensuite beaucoup échangé, par mail interposé (on ne parlait pas encore de Whatsapp), sur les nuances dont je voulais tenir compte dans mes traductions et en 2009, alors que les livres ne sont sortis que l’année suivante, j’ai appris que cela l’avait touché. C’est sa mère, Olga, partie elle aussi beaucoup trop tôt, qui me l’a raconté dans ce salon où elle nous servait le café quelques heures après les obsèques de son fils.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :




(1) La Guardia Hereje : la Garde hérétique. Une allusion à l’histoire du tango où l’on a défini deux époques fondatrices, la Guardia Vieja (la Vieille Garde), où régnaient les musiciens amateurs (avant 1910 approximativement), et la Guardia Nueva (la Nouvelle Garde), où sont apparus les premiers musiciens professionnels, souvent issus de conservatoires et de théâtres européens, lesquels ont donné au tango toute sa complexité orchestrale et harmonique.