samedi 3 mars 2012

Le feuilleton de l'été continue... [Actu]


C'est une histoire de fou qui a commencé en décembre lorsque le Gouvernement national a cédé à la Ville Autonome de Buenos Aires la gestion du réseau ferré du métro local. Trop prise par mes différents chantiers d'écriture (pour mes prochains livres, le blog, c'est aussi un chantier d'écriture), je n'ai pas pris le temps de vous la narrer par le menu et c'est dommage, parce que ce serait drôle si, à ce niveau de responsabilité publique, ça n'était pas dramatique.

Aussitôt à la tête de cette régie de transport public, Mauricio Macri, dont mes fidèles lecteurs savent qu'il est le très libéral et très tatchtérien Chef du Gouvernement de la Ville de Buenos Aires, a commencé par augmenter le prix du billet. D'un chouia... Le billet est passé de 1,10 $ (peso argentin) à 2,50 $. Une broutille, n'est-ce pas ? Des associations d'usagers ont aussitôt porté l'affaire en justice pour tenter de mettre un terme à cette sinistre plaisanterie. En vain jusqu'à ce jour.

Et il y a quelques jours, juste après un drame ferroviaire qui a endeuillé toute l'Argentine en faisant plus de 50 morts et des centaines de blessés, Macri a annoncé qu'il renonçait à prendre en charge la gestion du réseau, lui qui pendant sa campagne électorale de l'année dernière n'a pas arrêté de raconter à qui voulait l'entendre que si c'était lui qui était à la tête de l'Etat, les affaires publiques s'en porteraient mieux. Or il a, dans ce passage de témoin entre l'Etat central et son propre gouvernement, une occasion en or de montrer ce qu'il sait faire. Eh bien, finalement, non, il ne prendra pas ce service public en charge. Sous prétexte qu'il y a un peu plus d'une semaine le Gouvernement national a affecté à de nouvelles tâches le millier de policiers fédéraux qui assuraient la sécurité dans les stations, puisque la Ville s'est dotée il y a deux ans environ d'une police métropolitaine (on ne dit pas municipale, à Buenos Aires) et que le maintien de l'ordre dans le métro entre naturellement dans les missions que peut assurer un tel corps de police local. Bref, la situation devient ubuesque et le Gouvernement national n'a guère de mal à montrer la mauvaise foi de son principal opposant, d'autant plus virulent et agité que les élections d'octobre ont mis KO la droite au Sénat comme à la Chambre des Députés et qu'il reste l'un des rares gouverneurs de droite dans le pays.

Bonne occasion pour le journal de gauche Página/12 de s'en donner à coeur joie avec les jeux de mots et les allusions culturelles. Pour une une de week-end, c'était trop tentant !

Et les deux vignettistes, Daniel Paz et Rudy, ne sont pas en reste, avec ce petit croquis que je vous traduis :

Le conseiller : La Présidente (1) insiste pour que nous prenions en charge les problèmes.
Macri (derrière son bureau) : Cela rompt les accords établis.
Le conseiller : Comment c'était ?
Macri : Nous nous chargeons d'augmenter les tarifs et eux, ils s'occupent des problèmes.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Pour aller plus loin :

(1) Remarquez un détail. Rudy écrit la Presidente, sans féminiser le mot (il y a une dispute infernale entre les linguistes argentins pour savoir si pour une femme la langue admet presidenta en lieu et place de l'inaltérable presidente (qui vient d'un gérondif etc etc...), comme en français on s'écharpe pour savoir si on dit proviseure, au lieu de proviseur, ou écrivaine au lieu d'écrivain). La titulaire de la plus haute magistrature argentine tient, quant à elle, absolument à la forme féminisée de Presidenta. Mais c'est vrai que la scène se passe dans un repaire de la droite...