mardi 5 août 2025

48 heures de grève pour défendre la recherche scientifique [Actu]

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Les chercheurs du CONICET, l’équivalent en Argentine du CNRS en France, se mettent en grève pour protester une nouvelle fois contre les pertes abyssales de budget pour la recherche fondamentale et appliquée en Argentine sous le gouvernement Mileí, qui hait tout ce qui relève du savoir et de la culture et qui voit dans ces chapitres budgétaires des dépenses inutiles et parasitaires, alors qu’il s’agit d’investissements dans l’avenir et dans le prestige international du pays.

La femme : Comme ça, "tout marche selon le plan" ?
C'est un vrai désastre, oui !
Mileí : Eh, c'est ça, le plan.
Dessin à la Poutine de Paz et Rudy, le 3 août dernier
Traduction © Denise Anne Clavilier
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Lui qui, comme Trump, prétend vouloir rendre à son pays le rôle de puissance mondiale que, d’après lui, l’Argentine avait au début du 20e siècle. Pure fantaisie de sa part puisqu’il confond puissance politique et économique avec le ratio du produit intérieur brut par tête. Certes, ce ratio PIB par tête était très élevé vers 1900 d’autant que le pays était beaucoup moins peuplé qu’aujourd’hui, mais la répartition très inégalitaire de cette richesse nationale ne profitait qu’à quelques centaines de familles richissimes. Rien à voir donc avec la puissance politique et économique qu’un pays peut exercer, pour de toutes autres raisons d’ailleurs, à l’échelle de la planète. Vers 1900, il y avait deux grandes puissances à l’échelle mondiale, c’était la Grande-Bretagne et la France, qui s’appuyaient sur des empires coloniaux gigantesques et une présence sur tous les continents. Des pays comme l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie, l’Empire russe, la Belgique (avec le Congo) et les Pays-Bas (avec une série de possessions dans le Pacifique) venaient derrière. L’Empire ottoman n’en était plus, ni l’Espagne, ni le Portugal, ni la Chine, ni le Japon. Quant aux États-Unis, ils n’existaient même pas encore sur ce type de carte.

Aujourd’hui, c’est surtout Página/12, le quotidien de gauche, qui s’intéresse à cette protestation des scientifiques. Au point d’en faire sa une.

Le gars derrière : T'as vu ? Il y a des scientifiques du Conicet
au fond de l'eau
Le petit devant : Ouais, comme la majorité des Argentins
Dessin des mêmes auteurs, paru hier à la Une de Página/12
Traduction © Denise Anne Clavilier
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Il se trouve que depuis quelques jours, une équipe d’océanographes a mis en ligne un streaming en direct et en couleurs des fonds marins du Mar Argentino, qui longe la côte atlantique du pays. Et ce que les Argentins découvrent au fond de leurs eaux territoriales les émerveille à juste raison. Faune, flore, coraux, minéraux, ce que nous montre la caméra du Conicet jour après jour est à tomber à la renverse. Le streaming fait donc un carton !

Mais l’expression populaire « estar en el fondo del mar » ou « estar bajo el mar » (être au fond de la mer) correspond aussi à notre « être sous l’eau » : les deux expressions décrivent une situation précaire et presque sans issue. Ce avec quoi Daniel Paz et Rudy n’ont pas manqué ces jours-ci de jouer dans leurs vignettes à la une de Página/12.

Demain ou après-demain, on verra bien comment le reste de la presse traite cette manifestation des chercheurs, toutes disciplines confondues. Pour l’heure, c’est l’indifférence partagée.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12 sur la manifestation, ses tenants et ses aboutissants
lire l’article de Página/12 reprenant une émission de la 750, la radio du groupe Octubre, sur le même sujet
lire l’article de La Prensa, seul journal de droite aujourd’hui à traiter cette information
lire l’article de La Nación sur l’un des poissons spectaculaires découverts à travers le streaming (il vaut le coup d’œil)
lire l’article de La Nación du 1er août sur la meilleure manière d’accéder au streaming