Avec son grand sens de la communication thêatralisée, Cristina Kirchner avait choisi de se draper dans les couleurs nationales. Cela fait de très belles photos, il faut bien le reconnaître ! |
Ce n'est pas une vraie
surprise. On voyait cette candidature se profiler depuis plusieurs
mois... L'ancienne présidente Cristina Kirchner se présente aux
primaires argentines, des primaires générales (1), à un siège de
sénatrice (2) pour la Province de Buenos Aires, dont elle est
native (3). Il s'agit des élections législatives de mi-mandat, au
niveau national, avec, dans les PASO, un scrutin uninominal pour les
sénateurs et un autre de liste pour les députés (des procédures
similaires se tiendront dans chacune des provinces, pour les chambres
locales).
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Elle affrontera aux
primaires l'actuel ministre de l'Education Nationale, Esteban
Bullrich, qui représentera la majorité nationale (plateforme
Cambiemos), ainsi que l'un de ses propres anciens ministres, un
Frente para la Victoria dissident du kirchnerisme dont elle reste le fer de lance,
Florencio Randazzo, qui fut son ministre de l'Intérieur. La campagne risque
d'être agitée...
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Cristina a monté une
nouvelle alliance électorale qu'elle a baptisée Unidad Ciudadana
(Unité citoyenne) (4). Il s'agit d'une formation extérieure au
Partido Justicialista, celui qu'avait fondé Juan Domingo Perón dans
les années 1940 et auquel elle appartenait depuis toujours, avec son
mari et sa belle-sœur. De cette façon, elle n'est pas concurrente
de Randazzo dans les primaires. Et puis, cela lui permet peut-être
aussi de se dégager un peu de l'odeur de soufre de son ancienne
formation, plombée par les scandales de corruption, pour lesquelles
elle-même est poursuivie en justice, où elle se défend bec et
ongles.
Ce retour marque un
nouveau tournant dans l'actualité politique argentine. Un tournant
très offensif de la part de l'opposition pure et dure...
Pour en savoir plus :
lire l'article de Página/12, qui soutient cette candidate
lire l'article de Clarín.
(1) Les PASO sont une
première étape dans toutes les élections en Argentine depuis le
mandat de Cristina Kirchner, qui l'a ajouté à la loi électorale.
Ce processus permet d'une part d'écarter les candidatures de
témoignage (qui ne recueillent pas assez de voix) et de départager
plusieurs candidats qui se concourent aux élections sous la même
étiquette.
(2) Cristina Kirchner a
déjà été sénatrice, mais pour la Province de Santa Cruz, en
Patagonie, sous le mandat de son mari, Néstor, dont Santa Cruz était
la province natale et le fief électoral, désormais familial. C'est
la sœur de Néstor Kirchner, Alicia Kirchner, qui est aujourd'hui la
gouverneure de la province.
(3) Cristina Fernández de
Kirchner est née à La Plata, la capitale de la province. Elle y a
fait ses études de droit, à l'université nationale du même nom,
et y a rencontré son mari. En 1974, après le coup d'Etat, ils ont
choisi de quitter La Plata pour se réfugier dans la province de
Santa Cruz, où leur militance péronniste les exposait un peu moins
à la violence de la répression.
(4) Une de ces expressions
creuses qui sont si à la mode parmi les partis de nos démocraties
modernes et qui ne disent rien des programmes qu'ils prétendent
défendre. Ceci dit, la formule ancienne, Frente para la Victoria
(front pour la victoire), valait son pesant de cacahuètes pour se
qui est de sa clarté signifiante politique.