Au
lendemain du bond du dollar au détriment du peso argentin (qui a terminé la journée d'hier à plus de 40 pour 1) et du
retour du président Mauricio Macri de New York, où il a engagé, sans le dire, une
renégociation avec le FMI, sans calmer les marchés pour autant
(tout au contraire), tous les journaux reconnaissent que le
gouvernement subit un échec grave, que la situation du pays est pire
que celle qu'avait laissée la précédente majorité (pourtant taxée
d'incompétence par l'actuel pouvoir en place) et que le gouvernement
se trouve dans l'impasse, qu'il ne sait plus quoi faire pour résoudre
les problèmes qui s'accumulent et qu'il n'y a plus de consensus en
son sein sur la stratégie à adopter, d'autant plus que d'anciens
ministres de l'économie, aujourd'hui révoqués, prennent la parole
publiquement pour manifester leur méfiance sur la capacité de leurs
successeurs à s'en sortir.
Trois
mois après l'accord de prêt initial, la renégociation signe
l'impuissance des pouvoirs publics à maîtriser l'économie du pays
(alors que le président s'était vanté de conduire celui-ci à la
prospérité en l'espace d'un mandat), l'échec de la solution
qu'était le recours au FMI et elle ne pourra entraîner qu'une
politique de rigueur encore plus injuste que celle qui était déjà
mise en œuvre depuis plus d'un an. D'un jour à l'autre, on s'attend
à un remaniement ministériel, d'autant plus imminent qu'il semble
réclamé à voix basse par le Fonds monétaire lui-même. De
surcroît, le chaos s'installe dans les rayons des supermarchés
puisque certains fournisseurs refusent désormais de vendre à la
grande distribution, dans l'attente d'une meilleure visibilité sur leur propre
trésorerie.
Après une nouvelle dévaluation record, le gouvernement prépare des mesures économiques Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Cette
fois-ci, la crise est donc bien là. Le gouvernement continue à
tenir un discours lénifiant façon méthode Coué, mais quelques
grandes voix politiques appellent à enfin parler vrai. Parmi elles,
celle de María Eugenia Vidal, la gouverneure de la Province de Buenos Aires (majorité de
droite néolibérale, ex-seconde de Mauricio Macri), qui reconnaît
que la situation est en train de dévaster la vie quotidienne des
gens ordinaires.
Le
ministre de l'économie repart à New York dès lundi (ce qui veut
dire que le déplacement du président n'a pas suffi) et cette
fois-ci, plus personne ne peut se cacher qu'il s'agit d'aggraver les
conditions de l'emprunt, qui avait pourtant déjà été accordé à
des exigences qui diminuaient beaucoup la capacité du pays à
investir (puisque le FMI confond volontairement dépenses et
investissements) et par conséquent également à exercer sa
souveraineté.
Or
cette fuite en avant intervient alors que l'Argentine préside le G20
pour la première fois depuis l'instauration de cette instance de
concertation internationale !
Pour
aller plus loin :
lire
l'article de Página/12, qui a envoyé le gouvernement en soins
intensifs sur sa une
lire
l'article de Clarín
lire
l'article de La Nación sur les projets du gouvernement devant la
nouvelle hausse du dollar
lire
l'article de La Nación sur les conséquences de la crise des changes
dans le domaine de la grande distribution