vendredi 31 août 2018

L'Argentine bascule dans la crise, sans remède [Actu]

"Où est le disjoncteur ?" demande le gros titre
pour débrancher la folle hausse du dollar
Pour une fois, La Prensa adopte le ton inventif et imagé de Página/12
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Au lendemain du bond du dollar au détriment du peso argentin (qui a terminé la journée d'hier à plus de 40 pour 1) et du retour du président Mauricio Macri de New York, où il a engagé, sans le dire, une renégociation avec le FMI, sans calmer les marchés pour autant (tout au contraire), tous les journaux reconnaissent que le gouvernement subit un échec grave, que la situation du pays est pire que celle qu'avait laissée la précédente majorité (pourtant taxée d'incompétence par l'actuel pouvoir en place) et que le gouvernement se trouve dans l'impasse, qu'il ne sait plus quoi faire pour résoudre les problèmes qui s'accumulent et qu'il n'y a plus de consensus en son sein sur la stratégie à adopter, d'autant plus que d'anciens ministres de l'économie, aujourd'hui révoqués, prennent la parole publiquement pour manifester leur méfiance sur la capacité de leurs successeurs à s'en sortir.

Trois mois après l'accord de prêt initial, la renégociation signe l'impuissance des pouvoirs publics à maîtriser l'économie du pays (alors que le président s'était vanté de conduire celui-ci à la prospérité en l'espace d'un mandat), l'échec de la solution qu'était le recours au FMI et elle ne pourra entraîner qu'une politique de rigueur encore plus injuste que celle qui était déjà mise en œuvre depuis plus d'un an. D'un jour à l'autre, on s'attend à un remaniement ministériel, d'autant plus imminent qu'il semble réclamé à voix basse par le Fonds monétaire lui-même. De surcroît, le chaos s'installe dans les rayons des supermarchés puisque certains fournisseurs refusent désormais de vendre à la grande distribution, dans l'attente d'une meilleure visibilité sur leur propre trésorerie.

Après une nouvelle dévaluation record, le gouvernement
prépare des mesures économiques
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Cette fois-ci, la crise est donc bien là. Le gouvernement continue à tenir un discours lénifiant façon méthode Coué, mais quelques grandes voix politiques appellent à enfin parler vrai. Parmi elles, celle de María Eugenia Vidal, la gouverneure de la Province de Buenos Aires (majorité de droite néolibérale, ex-seconde de Mauricio Macri), qui reconnaît que la situation est en train de dévaster la vie quotidienne des gens ordinaires.

Le ministre de l'économie repart à New York dès lundi (ce qui veut dire que le déplacement du président n'a pas suffi) et cette fois-ci, plus personne ne peut se cacher qu'il s'agit d'aggraver les conditions de l'emprunt, qui avait pourtant déjà été accordé à des exigences qui diminuaient beaucoup la capacité du pays à investir (puisque le FMI confond volontairement dépenses et investissements) et par conséquent également à exercer sa souveraineté.

Or cette fuite en avant intervient alors que l'Argentine préside le G20 pour la première fois depuis l'instauration de cette instance de concertation internationale !

Pour aller plus loin :
lire l'article de Página/12, qui a envoyé le gouvernement en soins intensifs sur sa une
lire l'article de La Nación sur les projets du gouvernement devant la nouvelle hausse du dollar
lire l'article de La Nación sur les conséquences de la crise des changes dans le domaine de la grande distribution