La photo centrale montre le gouvernement resserré d'aujourd'hui Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Depuis
samedi, les rumeurs allaient bon train : le président
envisageait un grand remaniement et toute une série de mesures de
rigueur pour complaire au FMI, avec lequel il entend renégocier le
prêt accordé en juin.
En
fait, le remaniement n'en est pas un au sens européen du terme. Il a
simplement rétrogradé une dizaine de ministères en secrétariat
d'Etat, ce qui devrait entraîner des déménagements et des baisses
d'effectifs, notamment parmi les personnels d'administration et
d'accueil. La recherche scientifique et la culture perdent leur
statut de ministère de plein droit, alors que leur élévation
récente prenait en considération les avancées dans le
développement du pays sous Cristina Kirchner.
En photo le président Macri, sortant de la Casa Rosada, avec un visage plus que contrarié Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
On
parlait aussi beaucoup de certains départs, dont celui de Lino
Barañao (recherche scientifique et technologique) et de Jorge Faurie
(Affaires étrangères). Mais ces deux pointures gardent leur
marocain, même s'il semble, à en croire les journalistes, que de
nombreuses tractations ont eu lieu en coulisse pendant tout le
week-end, le président cherchant un remplaçant à Faurie (un excellent diplomate, qu'on a cherché à échanger contre des personnalités qui n'avaient ni sa compétence ni son expérience) et Barañao exigeant des garanties sur le budget qui lui avait été alloué et les projets engagés. Rien de tout cela n'a été confirmé par les intéressés, qui n'ont fait aucun commentaire. Un autre poids lourd du gouvernement fait les frais de cette réorganisation : Hernán Lombardi, le patron de l'audio-visuel public national, du Centro Cultural Néstor Kirchner (CCK) et du parc thématique itinérant Técnopolis (une des grandes réussites culturelles du mandat de Cristina Kirchner). Autre victime : le ministre de la culture, qui passe, comme celui de la Recherche, sous l'autorité du ministre de l'Education.
En photo principale, Mauricio Macri, hier, pendant son discours enregistré Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Quant
aux mesures de rigueur qui ont été annoncées, elles touchent tous
les ministères et comprennent aussi l'implantation de nouvelles
taxes sur les exportations de matières premières, notamment
agricoles, l'une des principales sources de devises du pays, le secteur
traditionnellement le plus puissant de la vie économique et
politique nationale. Dans un discours enregistré, à deux reprises,
le président a supplié les exportateurs de comprendre qu'il
s'agissait d'une nécessité vitale pour le pays, d'une mesure
d'urgence. Il faut au moins cela pour qu'ils consentent enfin à à
faire preuve de solidarité avec leur propre pays ! Dans une
formule marquante, le chef d'Etat a aussi reconnu, enfin, la gravité
de la crise : cette crise n'est pas une crise de plus mais il
faut que ce soit la dernière, allusion à la série de catastrophes
que le pays a connues depuis les années 1930. Il a aussi reconnu que
les mesures annoncées allaient aggraver la pauvreté, déjà en
forte augmentation depuis son arrivée au pouvoir, il y a bientôt
trois ans, alors qu'une de ses plus fortes promesses électorales
avait été l'éradication du phénomène.
"Le gouvernement dévalué", au-dessus d'une photo minuscule du président et de ses principaux ministres |
Le
gouvernement a toutefois annoncé un objectif tout aussi peu
accessible : le déficit 0 à l'horizon 2019, une année qui
sera aussi celle des nouvelles élections pour les exécutifs au
niveau national et provincial. Bon courage à ceux qui voudront se
représenter !
La une des pages culturelles de Página/12 "La culture dévaluée" et sur le bandeau rouge : "La culture, ça ne se rapetisse pas !" |
D'autant que le discours de Mauricio Macri a eu à nouveau un effet dévastateur sur le marché des changes avec une nouvelle hausse du dollar US, montrant que la confiance semble envolée pour longtemps.
Pour
en savoir plus :
lire
l'article principal de Página/12, qui tape là où ça fait mal,
avec une violence partisane très pénible dans ces circonstances qui
appelleraient un peu de retenue et de patriotisme