Hier, malgré la traditionnelle trêve de l’été
austral, les organisations sociales et syndicales ont envahi les rues
des principales villes et bloqué le centre de Buenos Aires. La
gigantesque avenue du 9 de Julio était pleine à craquer. Et il en
faut du monde pour remplir cette artère de 140 mètres de large !
Les
manifestants défilaient en dénonçant la faim (le taux de pauvreté
a bondi), les augmentations démentielles de l’énergie
(électricité, gaz et carburants) et réclamaient du pain et un toit
pour tous. Ils réclamaient des vivres pour les restaurants sociaux
(comedores), où notamment le secteur public reçoit les enfants des
familles pauvres pendant les longues vacances d’été (et tout au
long de l’année), des retraites et des allocations familiales, AUJ
(1), attribuées sous plafond de revenus (très bas). Résultat :
le gouvernement vient d’augmenter celles-ci de 11 % quand
l’inflation de l’année 2018 tutoie les 50 %.
Le
ministère du développement social, qui vient de reconnaître qu’il
s’attendait à une nouvelle augmentation de la pauvreté et de
l’indigence au cours de cette année, a fait mine de trouver que la
manifestation était un échec, qu’il y avait finalement peu de
monde. Ben voyons !
Pour
aller plus loin :
lire
l’article de Página/12 (pour l'occasion, Página/12 a intégré des vidéos dans son article en ligne)
lire
l’entrefilet de La Prensa (plutôt hostile aux mots d’ordre des
manifestations et au chaos automobile que celle de Buenos Aires a
provoqué)
lire
l’article de Clarín (en ligne hier, non repris aujourd’hui)
lire
l’article de La Nación sur le niveau lamentable du salaire des
enseignants argentins, que le quotidien de la droite libérale a
comparé à ceux d’autres pays, certains classés parmi les pays
très développés, dont la France, d’autres classés parmi les
émergents, comme le Mexique. L’Argentine arrive bonne dernière
(la France n’est pas très bien placée non plus, ce qui est bien
connu à l’Education Nationale).
(1)
Asignación universal por hijo : allocation universelle par
enfant. On parle d’universalité parce que la somme est versée
quelque soit le statut du parent affectataire : salarié
(déclaré ou au noir), retraité, indépendant (que ses revenus
soient déclarés ou non). C’est l’enfant qui compte. A son
instauration par Cristina Kirchner en 2010, cette AUH avait
considérablement amélioré le sort des enfants défavorisés. On
avait vu les petits mendiants disparaître de la voie publique et des
wagons de métro pendant les jours de semaine, parce qu’ils
allaient enfin à l’école. Et puis le versement était aussi
soumis à une surveillance médicale régulière, ce qui avait fait
progresser l’état sanitaire de cette population.