"Les gondoles [coulent] à pic" dit le gros titre En Argentine, "gondola" désigne autant le rayon de supermarché que l'embarcation vénitienne, comme en français |
Página/12 consacre une partie de son édition de
ce jour à la consommation qui prend l’eau de toutes parts en
Argentine depuis la crise intervenue en mai dernier avec la hausse
brutale du dollar (face au peso argentin) puis le recours au FMI.
Le
secteur de la distribution souffre. Il a déjà perdu dans tout le
pays 6.000 emplois déclarés en 2018, ce qui est un chiffre d’autant
plus considérable que l’Argentine abrite environ 44 millions
d’habitants. Une chaîne locale de Mar del Plata, Toledo, est en
danger, sa direction a fait savoir qu’elle n’était pas sûre que
l’enseigne pourrait tenir jusqu’en juin prochain, jusqu’aux
vacances d’hiver. Or Mar del Plata est la grande destination des
vacances d’été, elle est au plus haut de la saison actuellement
et cela ne suffit visiblement pas à rééquilibrer les comptes de la
marque.
L’ensemble
des super- et hypermarchés accusent une baisse continue de son
chiffre d’affaires, toutes enseignes confondues, depuis 2016,
c’est-à-dire depuis l’arrivée au pouvoir de l’actuelle
majorité, et pourtant le président Macri se faisait fort de
rétablir l’économie nationale et de monter le pouvoir d’achat
de la population, avec une promesse de pauvreté zéro à la fin de
son mandat. C’est tout le contraire qui s’est produit, comme
l’avaient prédit les observateurs et militants favorables à la
continuation de la politique de Cristina Kirchner.
Le
27 octobre, le syndicat des travailleurs de la terre (UTT) va
organiser une distribution de fruits et légumes au cœur de Buenos
Aires : 20 tonnes de produits frais sur Plaza de Mayo, malgré
l’interdiction de ce type de manifestation prononcée par le
Gouvernement de la Ville Autonome de Buenos Aires. La UTT est une
organisation qui a dix ans et qui est la suite de la crise de 2001,
qui a conduit à expérimenter de nombreuses solutions de survie,
notamment dans la campagne de la Province de Buenos Aires, autour de
La Plata.
Vendredi
dernier, la UTT a déjà organisé ce type de distribution dans le
quartier de Constitución et le gouvernement de la Ville a envoyé
les forces de l’ordre déloger tout le monde, les exposants et les
habitants venus se ravitailler. Une dame âgée, ramassant des
aubergines tombées à terre devant une barrière de policiers à
l’allure de Robocop, a fait le tour des réseaux sociaux
contestataires et elle est devenue un symbole de la pauvreté qui
s’étend à vue d’œil en Argentine et surtout dans sa capitale
et sa banlieue.
Pour
aller plus loin :
lire
l’article de Página/12 sur la prochaine manifestation des
maraîchers
lire
l’article de Página/12 sur l’inflation qui continue à ravager
le pouvoir d’achat des particuliers.