lundi 21 février 2022

L’étiquetage diététique déjà victime du lobby industriel ? [Actu]

"Etiquette en retard", dit le gros titre dans l'octogone noir,
le symbole qui sera utilisé une fois la loi entrée en vigueur
Cliquez sur l'image pour une meilleure résolution


A la mi-novembre dernier, le Congrès votait une loi imposant pour tous les produits alimentaires un étiquetage simplifié, placé obligatoirement sur l’avant du contenant (boîte, paquet, bouteille ou brique, qu’elle soit rigide ou souple). Cette loi dite de l’étiquetage frontal devait être publiée dans sa forme définitive le 11 février, avec toutes les modalités pratiques liées à la diversité des situations, pour que les professionnels commencent à l’appliquer séance tenante. Or ce texte définitif se fait désirer.

Página/12 reprend donc sa militance en faveur de la protection du consommateur. Le quotidien suspecte les industriels du secteur de s’opposer de toutes leurs forces à cette prochaine mise en œuvre qui va leur compliquer la production et la commercialisation de leurs produits les plus ultra-transformés et de faire traîner les consultations. Avant et pendant les débats parlementaires, les lobbies du secteur n’avaient en effet pas ménagé leurs efforts pour couler le projet.

C’est le ministère de la Santé qui préside toutes les étapes de négociation avec les différentes parties prenantes, industriels et autres producteurs, organisations de consommateurs et instances techniques de la Santé et de la Production industrielle.

En cette deuxième semaine de la rentrée (à Buenos Aires et à Mendoza) et de la pré-rentrée dans le reste du pays, le quotidien de gauche consacre sa une et une très longue analyse à l’écheveau de problèmes à résoudre et d’obstacles à surmonter. Il est le seul à en parler (les journaux de droite ne sont pas franchement favorables à cette réforme, à cause des intérêts économiques qui pèsent souvent sur leurs rédactions).

Seul journal quotidien à envergure nationale où les questions de protection du consommateur soient une thématique récurrente, Página/12 se fait aussi l’écho aujourd’hui de la parution d’un recueil de recettes proposé en ligne par les Ministères de la Santé et du Développement social : des recettes de terroir sans gluten (en Argentine, on dit « sin TACC », les initiales de blé, avoine, seigle et orge).

Cliquez sur l'image pour une haute résolution

L’ouvrage est issu d’un appel à contributions lancé sur tout le territoire pour recueillir des idées de plats typiques adaptés pour les personnes allergiques et intolérantes. Le nombre de ces dernières grimpe en effet dans le pays, comme ailleurs dans le monde, partout où l’apparition de la nourriture industrielle nous expose davantage à cette substance dont le caractère allergisant était resté inaperçu jusqu’à il y a quelques décennies (1). Les recettes retenues sont présentées avec le nom de leurs auteurs, souvent des femmes (quelle surprise !) et parfois un petit commentaire qu’ils/elles ont ajouté, comme cela se pratique sur les blogs de cuisine. Certaines recettes sont traditionnelles, sans aucune adaptation, comma la mazamora qui représente Córdoba (un maïs au lait adapté dès l’époque coloniale du riz au lait espagnol, qu’on retrouve tel quel dans d’autres provinces). De très jolies photos illustrent l’ensemble. Résultat gourmand, très agréable à l’œil.

De quoi puiser quelques idées originales pour votre table, même si certains ingrédients sont parfaitement introuvables chez nous, comme les fromages, le pan indio ou champignon de Darwin (qui pousse en hauteur, en colonisant certains arbres locaux) ou le zapallo (2), un ingrédient de base en Argentine (il s’agit d’un potimarron gros comme une tomate).

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12
lire l’article de Página/12 sur le livre de recettes
télécharger le livre de recettes sur le site Ressources du Ministère de la Santé



(1) Les céréales sélectionnées pour une production massives sont beaucoup plus chargées en gluten qu’autrefois pour que les farines qui en sont issues supportent mieux les processus industriels. De plus, ceux-ci contraignent à l’ajout de gluten dans toutes sortes de préparations et de sauces où un cuisinier domestique ne mettrait pas gramme de farine.

(2) On peut sans doute y substituer une très bonne courgette, à ceci près que la courgette est un légume d’été alors que le zapallo arrive à maturité en hiver.