Une du journal de la gauche militante (en général assez peu confite en dévotion) Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Hier, samedi, dans le plus grand stade de la capitale, les Uruguayens ont célébré la béatification de monseigneur Jacinto Vera, le premier évêque de Montevideo, qui a été une figure pacificatrice après les affres de la guerre civile qui a ravagé le pays pendant la révolution indépendantiste et après.
Un peu d’histoire : tout le territoire qui correspond aujourd’hui à l’Uruguay a longtemps appartenu au gigantesque diocèse colonial de Buenos Aires, qui comprenait également toute l’actuelle province du même nom, une partie de la province de Entre-Ríos et toute celle de Corrientes, avec un évêque de Buenos Aires qui a été assassiné dans les premières années de la Révolution et qui n’a pas pu être remplacé puisque dans l’Ancien Régime, c’était le roi d’Espagne qui effectuait les nominations qui étaient ensuite envoyées à Rome pour que le Pape termine le travail avec les instruments de droit canoniques qui validaient la nomination. Il a donc fallu attendre que les indépendances soient déjà solidement établies pour que leur reconnaissance par le Saint-Siège, lui-même sous pression de l’Espagne pour les refuser, permette d’une part la redéfinition des territoires diocésains et d’autre part la nomination de nouveaux prélats en bonne et due forme. C’est ainsi que ce diocèse démesuré est resté privé de responsable de plein droit pendant une bonne vingtaine d’années. Et bien sûr, lorsqu’en 1830, l’Uruguay s’est formellement détaché de ce qui est aujourd’hui l’Argentine, il a fallu effectuer aussi la séparation canonique en créant un diocèse du côté oriental des Ríos Uruguay et de la Plata.
C’est ainsi que Jacinto Vera,
né l’année de la toute première expression de la volonté
d’indépendance orientale portée par les députés représentant
la Banda Oriental à la Assemblea del Año XIII (1813), a reçu la
charge du nouveau diocèse de Montevideo qu’il a tenue jusqu’à
sa mort, survenue en 1881.
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Son lointain successeur, près de deux siècles plus tard, le premier cardinal uruguayen, monseigneur Daniel Sturla, élevé à la pourpre par François il y a quelques années, a donc présidé la cérémonie qui a réuni, au premier rang d’une nombreuse foule d’inconnus tout le gratin politique du pays.
Pour une fois, les rivalités et les oppositions partisanes se sont tues. Tout le monde était gentiment assis côte à côte et ils se sont tous salués avec courtoisie. Il faudrait porter au crédit du nouveau bienheureux : c’est une sorte de miracle.
L’événement est si important à l’est du Río de la Plata qu’il éclipse toute la « Royal pageantry » d’hier à Westminster et Buckingham Palace ! Autre bel exploit, reconnaissons-le.
En revanche, pas un mot dans la presse argentine.
Le cardinal Mario Poli, archevêque de Buenos Aires et primat d’Argentine, avait fait le voyage.
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