En Argentine, un dicton prétend que « Dieu est argentin » et en l’occurrence, on ne parle pas ici de Maradona… S’il n’est pas certain que l’affirmation soit exacte en ce qui concerne le Créateur, pour ce qui concerne son vicaire sur Terre en revanche, c’est incontestablement le cas et on en voyait les effets ce week-end dans la presse argentine : tous les journaux ont en effet commenté l’audience accordée par le Saint-Père au président ukrainien, Volodymyr Zelensky.
Et
il faut au moins cela pour que le dignitaire slave ait droit aux unes
argentines au milieu de sa tournée pourtant exceptionnelle en
Europe. Le reste des rencontres internationales n’a pas les
honneurs de ces unes australes.
Sans surprise, si Página/12 évoque bien la rencontre dans un article en pages intérieures, pas un mot sur l’Ukraine en une ni hier, ni aujourd’hui.
De
l’autre côté de l’échiquier médiatico-politique, la photo de
Zelensky faisait hier la une des trios autres titres, qui
s’inscrivent dans les différentes droites du pays : la droite
catholique réactionnaire et anti-scientifique dans La
Prensa,
la droite populaire dans Clarín
et la droite éclairée, bourgeoise et libérale dans La
Nación.
La remise du prix Charlemagne, à Aix-la-Chapelle hier, n’a eu que peu d’écho dans cette presse ce matin. La récompense est pourtant lourde de sens sur l’intégration à l’Europe démocratique du plus grand pays non russe issu de l’empire russo-soviétique.
A noter toutefois que tous les journaux argentins reprennent les informations communiquées par Zelensky qui a déclaré avoir demandé au pape François de condamner désormais clairement les crimes commis par l’État terroriste (ça devrait parler à la gauche sud-américaine mais ça ne l’émeut guère) et de ne plus faire peser la responsabilité du conflit à égalité entre l’agresseur et l’agressé.
A noter aussi que l'on voit bien ici comment le Saint-Père a bousculé le protocole pour faire perdre le moins de temps possible à son hôte. D'ordinaire, les chefs d'Etat sont obligés de faire tout un parcours sous les dorures du palais pontifical encadré par un détachement de la Garde suisse. Cette fois-ci, c'est le pape qui est venu à la rencontre de son visiteur et qui l'a accueilli dès sa descente de voiture...
Si François n’avait pas été argentin, il est permis de douter que ces journaux en aient fait autant.
Pour
aller plus loin :