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"Au suivant !", dit le gros titre sur cette photo du ministre remettant sa veste en sortant de sa voiture ! Cliquez sur l'image pour une meilleure résolution |
Avant de raconter l’histoire aux francophones, je dois une explication historico-grammaticale à mes lecteurs allophones : « m’a tuer », c’est une faute d’orthographe (on écrit « m’a tué », vous avez raison) et c’est aussi une citation, celle d’une dame qui, avant de mourir, a dénoncé en lettres de sang son meurtrier avec cette orthographe. L’homme accusé d’avoir commis le crime et qui porte le prénom, très commun, inscrit dans cette terrible accusation a été défendu par un avocat célèbre qui aimait les scandales. Il a toujours nié les faits et il continue, plusieurs décennies après le procès et sa condamnation, à proclamer son innocence avec des arguments qui ne sont pas négligeables.
Revenons maintenant à nos moutons :
Le ministre argentin des Affaires étrangères, que des rumeurs insistantes disaient sur le départ depuis quelques jours, a mis le président Javier Mileí devant le fait accompli en rendant publique sa démission avant même les élections de mi-mandat qui se tiennent dimanche prochain et alors que Mileí se réservait la possibilité de remanier son gouvernement en fonction du résultat du scrutin, histoire de montrer que c’est bien lui qui domine la situation, un point important s’il veut garder l’attention de Trump à son égard.
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"Werthein claque la porte" dit le gros titre Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Cette démission couronne donc
une campagne électorale désastreuse pour LLA, le parti de Mileí,
noyé désormais sous les scandales les plus scabreux : trafic
de drogue et corruptions en tout genre se bousculent au portillon de
la Casa Rosada ! Ce départ fracassant vient clore la présence
au gouvernement d’un ministre qui n’y avait lui-même accédé
qu’après une rupture retentissante de Mile॓í
avec sa première ministre des Affaires étrangères, Diana Mondino,
dont les critiques sont de plus en plus acerbes contre lui.
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Sur Clarín, pas de photo mais un titre secondaire en haut de la colonne de droite Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Ajoutez à cela qu’un vloggeur
états-unien, activiste de l’état de droit, vient de publier aux
États-Unis, sur Youtube
et en anglais (avec doublage automatique dans certaines
configurations), une explication gravissime de l’aide économique
apportée récemment par Trump à l’Argentine de Mileí pour des
milliards de dollars alors que le budget des États-Unis
est en plein shutdown et que cette sortie d’argent est donc
illégale : Michaël Fanone est un ancien policier du District
de Columbia (Washington DC) qui est intervenu le 6 janvier 2021
lorsqu’il a entendu sur la radio que la police du Capitole
demandait de l’aide pour faire face à des émeutiers. Il a été
pris à parti par la foule, c’est lui qu’on entend hurler
lorsqu’il manque d’être étranglé, la tête coincée entre deux
portes à l’intérieur du bâtiment. Fanone a subi des traumatismes
sévères et s’est rendu célèbre en témoignant avec une dignité
impressionnante, sanglé dans son uniforme, devant la commission
d’enquête du Congrès plus tard et notamment lorsqu’il a
manifesté sa colère d’entendre des élus trumpistes prétendre
qu’il ne s’était rien passé le 6 janvier ou que c’était des
touristes qui avaient envahi le Capitole. Emporté par sa juste
colère, il avait même tapé sur la table en disant que ces propos
constituait une insulte à la démocratie et au dévouement des
policiers qui avaient risqué leur vie pour sauver celles des élus.
Fanone est maintenant retiré du service et il a lancé il y a
quelques mois une chaîne vidéo du groupe militant Occupy Democrats
où il dénonce les atteintes à l’état de droit et toutes les
magouilles de l’administration Trump. Lundi, il a publié une vidéo
où il explique que la famille du président a beaucoup d’intérêts
en Argentine, dans l’exploitation du lithium et dans l’agriculture
industrielle. Cet argent ne sert donc, selon lui, qu’à soutenir
les investissements familiaux dans ce pays dirigé par Mileí. Et la
boucle est bouclée puisque Mileí lui-même ne gouverne semble-t-il
que pour s’enrichir, enrichir sa sœur et quelques uns de leurs
copains.
Ce poste de ministre des Affaires
étrangères est des plus prestigieux, le plus prestigieux peut-être
dans l’organigramme argentin après le chef de l’État et le
vice-président. Il faut espérer que le ministre en aura eu assez de
tout ce cirque si éloigné, par ailleurs, des intérêts du pays…
Le ministre de la Justice est lui aussi sur le départ mais il ne
démissionnera que lundi prochain, après le scrutin.
Pour aller plus loin :