jeudi 23 octobre 2025

« Mon ministre m’a tuer », dit Mileí avant les élections de mi-mandat [Actu]

"Au suivant !", dit le gros titre
sur cette photo du ministre remettant sa veste
en sortant de sa voiture !
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Avant de raconter l’histoire aux francophones, je dois une explication historico-grammaticale à mes lecteurs allophones : « m’a tuer », c’est une faute d’orthographe (on écrit « m’a tué », vous avez raison) et c’est aussi une citation, celle d’une dame qui, avant de mourir, a dénoncé en lettres de sang son meurtrier avec cette orthographe. L’homme accusé d’avoir commis le crime et qui porte le prénom, très commun, inscrit dans cette terrible accusation a été défendu par un avocat célèbre qui aimait les scandales. Il a toujours nié les faits et il continue, plusieurs décennies après le procès et sa condamnation, à proclamer son innocence avec des arguments qui ne sont pas négligeables.

Revenons maintenant à nos moutons :

Le ministre argentin des Affaires étrangères, que des rumeurs insistantes disaient sur le départ depuis quelques jours, a mis le président Javier Mileí devant le fait accompli en rendant publique sa démission avant même les élections de mi-mandat qui se tiennent dimanche prochain et alors que Mileí se réservait la possibilité de remanier son gouvernement en fonction du résultat du scrutin, histoire de montrer que c’est bien lui qui domine la situation, un point important s’il veut garder l’attention de Trump à son égard.


"Werthein claque la porte" dit le gros titre
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Cette démission couronne donc une campagne électorale désastreuse pour LLA, le parti de Mileí, noyé désormais sous les scandales les plus scabreux : trafic de drogue et corruptions en tout genre se bousculent au portillon de la Casa Rosada ! Ce départ fracassant vient clore la présence au gouvernement d’un ministre qui n’y avait lui-même accédé qu’après une rupture retentissante de Mileí avec sa première ministre des Affaires étrangères, Diana Mondino, dont les critiques sont de plus en plus acerbes contre lui.

Sur Clarín, pas de photo mais un titre secondaire
en haut de la colonne de droite
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Ajoutez à cela qu’un vloggeur états-unien, activiste de l’état de droit, vient de publier aux États-Unis, sur Youtube et en anglais (avec doublage automatique dans certaines configurations), une explication gravissime de l’aide économique apportée récemment par Trump à l’Argentine de Mileí pour des milliards de dollars alors que le budget des États-Unis est en plein shutdown et que cette sortie d’argent est donc illégale : Michaël Fanone est un ancien policier du District de Columbia (Washington DC) qui est intervenu le 6 janvier 2021 lorsqu’il a entendu sur la radio que la police du Capitole demandait de l’aide pour faire face à des émeutiers. Il a été pris à parti par la foule, c’est lui qu’on entend hurler lorsqu’il manque d’être étranglé, la tête coincée entre deux portes à l’intérieur du bâtiment. Fanone a subi des traumatismes sévères et s’est rendu célèbre en témoignant avec une dignité impressionnante, sanglé dans son uniforme, devant la commission d’enquête du Congrès plus tard et notamment lorsqu’il a manifesté sa colère d’entendre des élus trumpistes prétendre qu’il ne s’était rien passé le 6 janvier ou que c’était des touristes qui avaient envahi le Capitole. Emporté par sa juste colère, il avait même tapé sur la table en disant que ces propos constituait une insulte à la démocratie et au dévouement des policiers qui avaient risqué leur vie pour sauver celles des élus. Fanone est maintenant retiré du service et il a lancé il y a quelques mois une chaîne vidéo du groupe militant Occupy Democrats où il dénonce les atteintes à l’état de droit et toutes les magouilles de l’administration Trump. Lundi, il a publié une vidéo où il explique que la famille du président a beaucoup d’intérêts en Argentine, dans l’exploitation du lithium et dans l’agriculture industrielle. Cet argent ne sert donc, selon lui, qu’à soutenir les investissements familiaux dans ce pays dirigé par Mileí. Et la boucle est bouclée puisque Mileí lui-même ne gouverne semble-t-il que pour s’enrichir, enrichir sa sœur et quelques uns de leurs copains.


Ce poste de ministre des Affaires étrangères est des plus prestigieux, le plus prestigieux peut-être dans l’organigramme argentin après le chef de l’État et le vice-président. Il faut espérer que le ministre en aura eu assez de tout ce cirque si éloigné, par ailleurs, des intérêts du pays… Le ministre de la Justice est lui aussi sur le départ mais il ne démissionnera que lundi prochain, après le scrutin.

"Le remaniement du gouvernement a commencé :
Cuneo Libarona et Werthein abandonnent leurs fonctions",
dit le gros titre en laissant la place de la photo
à Kharkiv et au nouveau crime de guerre russe :
le bombardement d'une école maternelle
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