samedi 29 juin 2024

Un mois de juillet consacré au tango à Buenos Aires [à l’affiche]


A partir de mardi prochain et pour tout le mois de juillet, une manifestation todo tango revient à San Telmo pour une neuvième édition : El Tango pide pista (le tango demande une piste), un jeu de mot avec le nom de le bar-concert associatif qui accueille la manifestation, Café Pista Urbana, Chacabuco 874.

En dix ans, El Tango pide pista n’a manqué le rendez-vous qu’en 2020, à cause de la pandémie.

Le premier rendez-vous de ce cycle à la bonne franquette sera un nouvelle projection du superbe documentaire El Café de los Maestros qui recueille les souvenirs de tous les grands du tango dont aujourd’hui un grand nombre nous a quittés.

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Au programme, il y aura un peu de tout : de la musique, du chant, de la danse et surtout des rencontres. Plein de rencontres. A noter que Pista Urbana dispose de sa chaîne Youtube et que certaines soirées s’y retrouveront peut-être d’ici peu.

La manifestation a été présentée mercredi au siège de la Academia Nacional del Tango par le président de celle-ci, Gabriel Soria.

© Denise Anne Clavilier
www.barrio-de-tango.blogspot.com


Pour aller plus loin :

Caras y Caretas commémore les 50 ans de la mort de Perón [Disques & Livres]

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Demain, dimanche, les lecteurs de Página/12 pourront acheter avec leur journal le nouveau numéro du mensuel Caras y Caretas, qui est consacré en juillet au cinquantenaire de la disparition de Perón, rentré d’exil six mois auparavant.

Sous cette présidence violemment anti-péroniste, le groupe Octubre est fier de revendiquer ses racines politiques et idéologiques même si l’aventure a fini en catastrophe, la vice-présidente devenue cheffe de l’État ayant été incapable de prévenir et de lutter contre le putsch qu’allait

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12 annonçant la parution
lire l’éditorial de l’historien Felipe Pigna dans Caras y Caretas
lire également l’éditorial de La Nación sur les cinquante ans qui ont conduit de la mort de Perón, haute figure politique des années 1940, au triomphe actuel de Mileí (dont La Nación, quotidien libéral anti-péroniste, n’est pas fan).

« Du vent, du balai » : 5000 agents publics licenciés du jour au lendemain [Actu]

« Du vent, du balai » (barrida y limpieza), c’est avec cette expression pour le moins irrespectueuse que le gouvernement a annoncé hier une nouvelle vague de licenciements dans les ministères où 5 000 contrats de travail ne seront pas renouvelés lundi prochain.

Comme par hasard, la plupart de ces cessations touche des personnels qui travaillent dans le domaine des droits de l’homme, de la condition féminine et la promotion de la diversité ainsi que de l’innovation technologique et dans les antennes locales qui relayaient un peu partout à l’intérieur du pays ces politiques abandonnées par la puissance publique.

Avec le sadisme désormais habituel à ce gouvernement, la pluparr de ces interruptions de contrat ont été notifiées aux intéressés par mail.

Les syndicats protestent et il est prévisible qu’ils appeleront à de nouvelles manifestations mais le gouvernement avance sans jamais tenir compte de la réalité de la population, de l’opinion publique, des conditions sociales qui se détériorent et de l’image désastreuse du pays dans le reste du monde comme on l’a vu jeudi et vendredi au sommet de l’OEA à Asunción. On a déjà constaté qu’une partie de l’opposition parlementaire pouvait être achetée avec des hochets, des nominations prestigieuses ou la distribution d’avantages particuliers sans aucun rapport avec l’intérêt général que les élus sont censés servir.

© Denise Anne Clavilier
www.barrio-de-tango.blogspot.com


Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12 sur la nouvelle vague de départs
lire l’article de Página/12 sur la situation générale de diminution du personnel dans tout le secteur public depuis l’arrivée au pouvoir de Mileí

Cocineros Argentinos revit sur America TV [à l’affiche]

Le tweet d'avant-hier de l'un des derniers animateurs de l'émission
sur fond de deux photos de la dernière en mars


Après ses spectaculaires et inattendus adieux à l’antenne de TV Pública à la fin du mois de mars, à cause des restrictions budgétaires dues au projet gouvernemental de vendre au privé le groupe médiatique national (un projet pour le moment tombé à l’eau), la très populaire émission Cocineros Argentinos (cuisiniers argentins) doit reprendre du service sur la chaîne America TV.

La formule avait vécu pendant dix ans sur la chaîne nationale avec un succès jamais démenti.

America TV reprend donc la recette mais les chefs ne seront pas les mêmes aux fourneaux. Sollicités, les animateurs historiques ont déjà fait savoir qu’ils ne voulaient pas être de l’aventure.

L’avenir nous dira donc si les Argentins pourront renouer avec leur émission et sa formule. Ce qui est probable, c’est qu’elle ne sera plus disponible sur Internet comme elle l’avait été au temps de sa diffusion par TV Pública.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

vendredi 28 juin 2024

La politique négacioniste est-elle en marche ? [Actu]

"C'est jouer avec une très grande souffrance
et un grand combat", dit le gros titre
citant Estela de Carlotto (photo)
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Hier, le président Mileí a obtenu son tout premier succès législatif. Pour la première fois, l’une de ses lois a été votée par les deux chambres : malgré plusieurs concessions d’importance auxquelles il a dû se résoudre, il va pouvoir commencer à privatiser à tout-va et il va se faire une joie enfantine de détruire le patrimoine national patiemment construit depuis quarante ans par des gouvernements successifs et de couleurs variées.

Dans la foulée, lui et ses ministres glissent des mesures très préjudiciables au patient travail mené par des organismes d’État pour poursuivre les criminels de guerre et tenter de réparer le mal fait à leurs victimes.

C’est ainsi que le gouvernement a déjà supprimé le petit service d’archivistes qui, au sein du ministère de la Défense, cherchait des indices sur les vols d’enfants et la falsification de leur identité et sur les autres crimes qui ont été commis sur les adultes : arrestations arbitraires, détentions et exécutions extra-judiciaires, actes de torture dans des centres clandestins. Le prétexte avancé était que ce service violait la vie privée des personnels militaires et policiers dépendant ou ayant dépendu de ce ministère : il faut oser tout de même !

Maintenant c’est l’INADI dont l’existence est menacée. L’INADI est un institut qui enquête sur l’enfance des adultes qui déclarent avoir des doutes sur leur filiation et dont plus d’une centaine a pu être identifiée comme des enfants enlevés en bas-âge à des parents opposants à la dictature militaire. L’INADI permet de retrouver la vérité sur les circonstances de leur naissance et de leur adoption frauduleuse. L’INADI a été instituée sous la présidence de Carlos Menem que Mileí considère comme le plus grand président que l’Argentine ait connu (alors que c’est celui qui l’a conduite à la faillite nationale de 2001).

La Banque des données génétiques, un outil précieux établi sous la présidence de Raúl Alfonsín, le premier président du retour à la démocratie, il y a quarante ans, est elle aussi menacée de démantèlement alors que c’est grâce à son fonds d’empreintes génétiques, constitué grâce aux apports des familles qui recherchent un disparu, que l’on peut identifier les corps qui réapparaissent ici et là ainsi que les enfants volés aujourd’hui largement quarantenaires. Un modèle pour tout le continent sud-américain et bien au-delà.

L’association Abuelas de Plaza de Mayo, qui rassemble les grands-mères à la recherche de leurs petits-enfants volés par la dictature, a fait un appel aux médias et entre dans la bagarre pour sauver toute cette infrastructure d’investigation dont la mise en place a coûté tant d’efforts. Ces dames ont 90 ans passés désormais et elles luttent depuis 1976. Elles ne vont pas s’arrêter maintenant. Mileí, ses slogans creux et sa mégalomonie aussi ridicule que sa coupe de cheveux ne les effrayent pas ! Elles en ont vu d’autres.

Dans le même élan, la liberté de la presse se voit elle aussi menacée. Certains journalistes accrédités auprès de la Casa Rosada ont été écartés par la présidence sans autre forme de procès. A présent, le gouvernement annonce que la carte de journaliste sera dorénavant obligatoire pour exercer le métier dans un organe de presse. Il faudra obligatoirement la demander au gouvernement qui se réserve le droit de la refuser. Jusqu’à aujourd’hui, il existait un service public auprès duquel un pigiste sans employeur stable pouvait la demander s’il en avait besoin pour une raison ou pour une autre. Dans tous les autres cas, c’était l’employeur, quotidien, magazine, chaîne de télé, station de radio ou agence de presse, qui la donnait à ses salariés. Et il n’existait aucune obligation. Il est probable que l’on va tout droit à un nouveau clash entre ce gouvernement qui prétend tout déréguler (sauf quand cela ne l’arrange pas) et la presse qui tient tout de même à sa liberté acquise depuis une quarantaine d’années.

Et comme si cela ne suffisait pas, le gouvernement argentin vient d’internationaliser son hostilité aux droits de toutes les minorités et de toutes les personnes qui subissent les préjugés de leurs compatriotes : les femmes, les LGTBI+, les enfants, les personnes persécutées pour leur couleur de peau ou tout autre prétexte, etc. Alors que le communiqué final de l’Assemblée Générale de l’Organisation des États Américains (OEA) qui se tient en ce moment même à Asunción au Paraguay, l’Argentine a exigé que les paragraphes qui concernent le respect et la promotion de ces droits soient retirés du document sans autre forme de procès. Bien entendu, en sa qualité de président de l’Assemblée, Asunción a dit non et on peut le comprendre ! Il y a quelque chose de très agressif dans cette diplomatie dans laquelle Mileí tente d’imposer ses vues au-delà de ses frontières comme il l’a fait avec fracas en Espagne en insultant copieusement Pedro Sánchez (et son épouse) contre toutes les conventions diplomatiques depuis des siècles et des siècles.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12 sur les propos de Estela de Carlotto, présidente de Abuelas de Plaza de Mayo
lire l’article de La Prensa, sur le même sujet (un des rares journaux qui s’intéressent à cette affaire à droite et quelle droite en l’occurrence !)
lire l’article de Página/12 sur l’obligation de la carte de journaliste
lire l’article de Clarín sur le même sujet
lire l’article de La Nación sur le même sujet
lire l’article de Página/12 sur les exigences argentines à Asunción

Le Festival international de cinéma de Mar del Plata passe aux mains du privé [Actu]


Cette année, en novembre, le Festival international de Mar del Plata, qui était jusqu’alors un événement national entièrement produit par l’INCAA, l’institut national du cinéma et des arts audiovisuels, et le ministère de la Culture dont il dépendait, sera co-produit par la modeste ville de General Pueyrredón (dans la province de Buenos Aires) et l’INCAA qui n’y mettra pas un sou (de toute manière, ses caisses sont vides depuis quatre mois).

La ville hôte, en sa qualité de première station balnéaire d’Argentine et de grand port commercial sur la façade sud de l’Atlantique, aura pour mission d’utiliser son prestige pour faire reluire la manifestation, à l’aide de fonds privés qu’il lui appartient, semble-t-il, de rassembler. Auparavant, cela marchait dans le sens inverse : c’était le festival qui assurait la renommée de la ville et permettait à ses structures commerciales et hôtelières de prospérer.

Une société de gestion de capitaux privés dont on ne sait rien aurait pour mission de développer le festival.

Et comme il n’y a pas de petits profits, tout producteur qui veut voir son film participer à la manifestation devra cracher au bassinet pour des sommes qui laissent pantois : le droit d’inscription des films étrangers est de 50 USD pour les longs métrages et la moitié pour les moyens et courts-métrages (on croirait une inscription à une colonie de vacances), celui des œuvres argentines de 30 000 pesos pour un long-métrage, la moitié pour un moyen ou court-métrage.

Les inscriptions sont ouvertes jusqu’au 31 juillet. Les producteurs ont intérêt à savoir ce dont ils disposeront en novembre.

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Sur les inscrits, l’INCAA assurera la direction artistique du festival, la sélection des films (donc certains inscrits se verront rejetés) ainsi que la nomination des membres du jury.

Tout cela sent terriblement l’improvisation, comme tout ce qu’il se passe dans la gestion publique nationale depuis le 11 décembre dernier. Ce qui était prévisible depuis que l’INCAA s’est vu privé de toute mission et surtout de tout budget.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12 dans l’édition nationale
lire l’article de Página/12 dans l’édition locale de la province de Buenos Aires, Buenos Aires/12.

mercredi 19 juin 2024

Disparition de la photographe Sara Facio [Actu]

Clarín, édition de ce matin : le quotidien a rassemblé
quelques uns des clichés les plus connus de l'artiste
Sara Facio est là, en haut, à gauche
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Sara Facio avait 92 ans. Elle était sans doute la photographe la plus renommée d’Argentine : on lui devait des portraits d’un grand nombre d’artistes célèbres comme Astor Piazzolla, Jorge Luis Borges et Susana Rinaldi. Des photos devenues iconiques. Elle avait travaillé pour les plus grandes agences de presse, dont EFE, et des quotidiens comme Clarín et La Nación, deux journaux qui lui consacrent plusieurs articles en ligne et chacun une belle page dans leurs éditions papier. Dans les années 1980, après le retour de la démocratie, elle avait aussi été la directrice de la Galerie photographique du Teatro San Martín dans la capitale argentine.

Pendant de très nombreuses années compagne de vie de l’autrice-compositrice interprête María Helena Walsh, décédée il y a plusieurs années, elle avait aussi fondé la fondation qui porte le nom de son amie et elle en était toujours la présidente d’honneur. Ensemble elles avaient milité politiquement à gauche toute.

Deux femmes magnifiques qui avaient osé assumer leur relation, ce qui vaut ce matin à Sara Facio d’être ignorée par La Prensa, le journal du catholicisme le plus rétrograde.

En haut à droite : Sara Facio
Au centre, l'affaire qui occupe toutes les unes ce matin :
un oligarque qui a régné sur la vie politique et institutionnelle
de la Province de Tucumán pendant une douzaine d'années
vient d'écoper de 16 de prison ferme après avoir été reconnu
coupable d'abus sexuel sur l'une de ses petites nièces...
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On peut voir aujourd’hui ombre de ses photographies dans différents musées du monde entier. Elle avait elle-même fait donation d’un important fonds au Museo Nacional de Bellas Artes, dans le quartier de Recoleta.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

La mort d’Anouk Aimée vue depuis le Río de la Plata [ici]

Anouck Aimée aux Césars 2002 (photo AFP)


La mort de la comédienne française, quelque peu passée par pertes et profits au milieu de la dramatique actualité politique française, est traitée par tous les journaux en Argentine ce matin. Décédée hier à 92 ans, comme Sara Facio, elle a fait rêver le monde entier avec quelques chefs d’œuvres français et italiens.

Elle reçoit ce matin un hommage bien mérité dans la presse des rives du Río de la Plata.

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :

lire l’entrefilet de Página/12 qui préfère mettre l’accent sur la disparition concomitante de la photographe d’art Sara Facio

lundi 17 juin 2024

Stock alimentaire : le scandale s’aggrave encore [Actu]

Couverture du document ministériel révélé par Página/12
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Le scandale du stock alimentaire abandonné au lieu d’être distribué à la population qui n’a plus les moyens de faire trois repas par jour continue à nourrir l’actualité dans les colonnes de Página/12, la presse de droite ayant visiblement décidé de jeter sur lui un voile pudique alors qu’elle préfère enquêter sur des faits de corruption dans les réseaux des soupes populaires et des syndicats (ce qui donne de la matière au gouvernement à maintenir son hostilité à toutes les structures d’aide sociale).

Página/12 publie aujourd’hui un article sur un inventaire daté de décembre 2023, quelques jours après la prise de fonction du nouveau gouvernement, sur tous les moyens de secours à d’éventuels sinistrés en cas de catastrophe majeure, un inventaire établi sous l’autorité du défunt ministère du Développement social qui faisait le point sur ce qu’il laissait alors que ses structures intégraient le ministère du Capital humain.

Il ressort de la lecture de ce document qu’au 19 décembre, le gouvernement savait qu’il disposait de vivres en quantité et de toutes sortes d’articles de secours : équipements sanitaires, vêtements, linge de maison, éléments de literie, bref à peu près tout ce dont une population dévastée par une catastrophe peut avoir besoin pour survivre dans des conditions acceptables lorsqu’on a perdu son logement.


Le gros titre porte sur l'abandon budgétaire
du monde scientifique
En haut, au centre : "L'audit qui révèle les mensonges"
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Rien de ce trésor constitué par le gouvernement sortant n’a été employé lors des trois catastrophes qui ont dévasté l’une Bahía Blanca, cité balnéaire du sud de la province de Buenos Aires qui a été inondée à la suite d’une tempête exceptionnelle, une autre le Litoral (les provinces du nord-est parcourues par le Paraná et l’Uruguay) qui a subi les mêmes inondations qui ont affecté le sud du Brésil à la fin de l’été austral, sans oublier ni l’épidémie de dengue pour laquelle le gouvernement a refusé de distribuer le vaccin disponible (en l’occurrence un vaccin japonais) ni la crise alimentaire exceptionnelle à laquelle les organisations catholiques essayent d’apporter quelque début de solution.

Página/12 dénonce ce matin les « mensonges du gouvernement » qui a toujours soutenu n’avoir aucun moyen de venir en aide à la population alors que le ministère savait visiblement très bien ce dont il retournait.

Le quotidien prend soin de publier la couverture du rapport dont il dénonce la dissimulation pour que personne ne vienne parler d’un coup monté du kirchnerisme.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

vendredi 14 juin 2024

Le scandale des stocks alimentaires est un scandale à tiroirs [Actu]

Deux paquets de lait en poudre entier
en bas, sous l'image du verre, on lit dans un encadré
l'interdiction de la vente du produit


Le scandale des stocks alimentaires a provoqué une série impressionnante de démissions et de limogeages au sein du ministère du Capital humain, lui-même conduit par une ministre qui est mise en cause personnellement dans plusieurs enquêtes de la justice pénale.

Fuite en avant : cela n’a pas empêché la dite ministre de signer un accord de distribution des aliments sur le point d’atteindre leur date maximale de consommation avec une fondation dirigée par un médecin ultra-réactionnaire et idéologue, prétendument catholique, qui combat le droit à l’avortement, préconise la virginité comme unique moyen valable de contrôle des naissances (au passage, cela permet d’exempter les hommes de toute espèce de responsabilité) et prétend que le virus du sida est capable de traverser la porcelaine.

Cette fondation pour le moins suspecte de parti-pris a réparti les aliments en question dans les provinces dont les gouverneurs ont fait alliance avec le président Mileí, le tout de la part d’un gouvernement qui ne cesse de dénoncer les arrangements entre amis des kirchneristes ! Les autres provinces ont dû se contenter de miettes. Le meilleur exemple étant la Province de Buenos Aires, gouvernée par un péroniste : elle rassemble environ 40 % des personnes vulnérables éligibles à ce type d’aide alimentaire et elle n’a reçu que 2 % des vivres à répartir.

Pire encore : dans la riche province de Mendoza, dans la ville de Las Heras, tout près de la capitale provinciale Mendoza, le lait en poudre distribué par la fondation au nom du gouvernement fédéral s’est retrouvé en vente sur la plateforme commerciale de Facebook. Or les sachets de lait portent en caractères bien visibles la mention « Vente et/ou commercialisation interdite ».

Seul Página/12 se fait ce matin écho de ce scandale. Seul Página/12 avait dénoncé le choix de cette fondation privée ultra-partisane pour distribuer la nourriture.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

Les chiffres de la pauvreté pour le mois de mai [Actu]

L'inflation a été de 4,2% en mai
(moins de la moitié de celle d'avril)
sur cette photo d'un petit commerçant de quartier
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Hier, l’INDEC, l’institut national des statistiques, a publié ses deux rapports mensuels sur l’inflation et les seuils de pauvreté et d’indigence. Comme au cours des deux mois précédents, on note que la courbe de l’inflation s’adoucit.

Synthèse du rapport sur le seuil de pauvreté
En rose : le seuil d'indigence
En bleu : celui de la pauvreté
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Il n’en reste pas moins que l’augmentation des prix est toujours là et qu’elle rogne le pouvoir d’achat des Argentins de la classe moyenne et en-dessous. Toutefois son taux mensuel baisse de mois en mois. Les cumuls sur l’année et sur les douze mois glissants restent effrayants, autour de 270 % sur un an.

Synthèse générale du rapport sur l'inflation
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Cela n’empêche pas le gouvernement de crier victoire, oubliant que de l’autre côté, la masse des pauvres et des indigents augmente nettement : ils sont de plus en plus nombreux à ne pas pouvoir faire trois repas par jour et une partie du ralentissement de la courbe pourrait s’expliquer par la baisse de la consommation qui oblige les commerçants à baisser leurs prix pour écouler leurs marchandises et ne pas avoir à baisser le rideau. Une chute de la consommation que les producteurs observent eux aussi et qui, conjuguée à l’ouverture des frontières qui met dans les rayons du maïs en conserve de marque française (1) et de la yerba mate paraguayenne (2), entraînent la faillite de très nombreuses PME dans tous les domaines.

Synthèse des variations de l'inflation
dans le temps et la géographie
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Le taux de pauvreté dépasse maintenant la moitié de la population.

Synthèse des variations régionales de l'inflation
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Quant au gouvernement, qui ne jure pourtant que par l’auto-régulation du marché, le voilà qui envisagerait d’encadrer les prix au détail !

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12
lire l’article de La Prensa sur le seuil de pauvreté
lire l’article de La Prensa sur l’inflation
lire l’article de Clarín
lire l’article de La Nación
lire le rapport de l’INDEC sur les seuils de pauvreté et d’indigence
lire le rapport de l’INDEC sur les prix à la consommation

Página/12 cite Discépolo pour dénoncer le gouvernement et ses modes de répression [Actu]

"Tu verras : tout ça c'est des mensonges", dit le gros titre
sur cette image d'un manifestant maîtrisé par la police fédérale
Ce vers est tiré de Cambalache,
le grand succès de Enrique Santos Discépolo,
qui dans les années 1930 dénonçait déjà les violences étatiques
pendant la Grande Dépression qui fut aussi l'époque du premier
gouvernement putschiste depuis l'adoption de la Constitution
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Avant-hier, une manifestation de l’opposition devant le Congrès a tourné à l’émeute : on a vu des personnes masquées jeter sur la police des projectiles, notamment des bouteilles en verre, et d’autres renverser une voiture de presse et l’incendier. Le reste de la manifestation s’est passé comme d’habitude en Argentine : pas vraiment de violence mais beaucoup de papiers gras sur la chaussée, des cris, des slogans et le vacarme des tambours de marche, sans oublier la forêt de banderoles des syndicats et des associations de militances sociales comme Barrio de Pie (quartier debout).

Qui étaient les violents ? C’est assez difficile à dire. On peut bien sûr penser à d’authentiques manifestants, type Gilets jaunes. On peut aussi soupçonner des provocateurs ou des black-blocks ou autres perturbateurs internationaux. Toujours est-il qu’hier la presse de droite dénonçait l’opposition kirchneriste sans aucune preuve à cette distance des événements et que le gouvernement se félicitait du bon comportement de la police, qui a pourtant arrêté à tour de bras sans hésiter à tabasser tout ce qui passait à sa portée. La police argentine a une longue tradition de violence sur la voie publique, qui s’appuie sur des décennies de gouvernements putschistes dont quarante années de démocratie ne l’ont pas encore guérie (et ce n’est pas maintenant que ça va changer).

Le président Mileí s’est même félicité que les forces de l’ordre aient pu empêcher un coup d’État (sic) organisé par des « terroristes », n’hésitant pas à suggérer un rapprochement entre les scènes effarantes du 6 janvier 2021 à Washington et ce qu’il s’est passé avant-hier à Buenos Aires alors que le Sénat s’apprêtait à accepter, grâce à la voix de départage de la vice-présidente, la loi dite de Bases qui pourrait s’en prendre aux fondations de l’État argentin si les députés votent dans le même sens en deuxième lecture.

Página/12, qui soutient les manifestants, apporte ce matin quelques informations intéressantes : parmi les personnes arrêtées pour fait de violence en bande organisée, outrage à agents des forces de l’ordre et autres délits de sédition, il y a des marchands de sandwiches, une des grandes traditions des manifs argentines. Comme on marche beaucoup et qu’on reste ensuite toute la journée sur la place, il faut bien se sustenter. Le lieu où les manifestants se regroupent est donc plein de barbecues où de petits marchands ambulants font cuire, dans des conditions d’hygiène médiocrement engageantes, des saucisses qu’ils vendent dans un morceau de pain et d’autres qui proposent des sodas ou du café. Bien évidemment, il est assez facile de s’en prendre à eux : ils ne quittent guère leur échoppe de fortune et un policier a vite fait de leur mettre le grapin dessus.

La vignette du jour par Miguel Rep, dans Página/12
Grande banderole : "on en a vu d'autres et on s'en est tiré"
Les deux petites : enfin, jusqu'à présent
Traduction © Denise Anne Clavilier
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Comme les chefs d’inculpation retenus par le parquet sont exorbitants et les peines encourues redoutables (plusieurs années de prison ferme), la rédaction de Página/12 pose l’hypothèse qu’il y a probablement là une stratégie du gouvernement pour semer la panique parmi les opposants et les dissuader désormais de descendre dans la rue pour contester sa politique. Les journalistes envisagent aussi que la violence ait été intentionnelle afin d’éviter que l’image d’une manifestation fournie et tranquille fasse à nouveau la une de la presse à l’étranger, comme ce fut le cas il y a quelques semaines au lendemain des manifestations en faveur du système universitaire public.

Cette semaine, le président entreprend en effet sa septième tournée internationale : il a participé comme invité spécial de la présidente du Conseil italien au G7 dans les Pouilles et il prendre demain toute sa part au Sommet pour la Paix qui se tient ce week-end à l’initiative de la présidence ukrainienne en Suisse, tout en laissant à la maison sa ministre des Affaires étrangères (elle semble risquer une prompte disgrâce elle aussi : le turn-over des ministres est impressionnant depuis le 10 décembre dernier).

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lundi 10 juin 2024

La dissolution en France dans la presse argentine [ici]

En haut, au centre : "L'Europe tourne
(un peu plus) à droite"
En-dessous : "Oubli, mensonge et injustice"
Le gros titre est un résumé de la politique de Mileí,
sous forme du contraire de la devise des associations
des droits de l'homme : Mémoire, vérité et justice
(que l'on lit sur la banderole)
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Aujourd’hui, cela fait six mois tout juste que Javier Mileí a pris ses fonctions. Occasion pour la presse argentine de tous bords de faire le point sur ces mois de chaos politique (reconnus comme tels à droite comme à gauche) et de scandales à la queue leu leu, dont le plus grave est toujours celui du stocks d’aliments non distribués.

Sur La Nación, c'est le vrai gros titre
au-dessus de la photo de l'équipe nationale
"Les progrès de l'extrême-droite secoue l'UE
et Macron appelle à des élections anticipées"
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Le scandale qui a fait sortir de ses gonds Mirtha Legrand, une journaliste diva de la télévision privée connue pour ses postures de droite et son peu d’inclination pour les mesures de redistribution et de soutien social (cf. cet article de Página/12).

L'info a droit à un titre secondaire, en haut à gauche
sous le titre blanc sur fond rouge : "Ultra-droite"
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Pourtant, les unes des journaux notent bel et bien ce qu’il s’est passé dans l’Union Européenne hier et commentent en particulier la décision inattendue d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale avec un délai très serré pour la tenue des nouvelles élections.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :


En haut à droite : "La droite progresse en Europe.
Sánchez [en Espagne] perd et Macron anticipe les élections"
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