jeudi 28 novembre 2024

Pour étudier la passion de Mileí pour le judaïsme, il faut être au moins deux [Disques & Livres]

Les forces du ciel, dit le titre du livre
Référence à un slogan mileíste qui prétend
que le président gouverne avec les susdites forces
Instrumentalisation de Dieu comme l'osent Trump et Netanyahu
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La passion excentrique, ostentatoire, pour ne pas dire exhibitionniste, "cosmétique" dit l'autrice, de Javier Mileí pour le judaïsme, qui plus est dans un courant de type intégriste, rend perplexes tous les observateurs tant elle est incohérente et peu compatible tant avec la vie privée de l’intéressé (toujours célibataire sans enfant à plus de cinquante ans, en communication avec son chien préféré mort depuis des années, en représentation publique aux cotés de sa sœur devenue la Première dame de l’Argentine et identifiée par son frère à Moïse, ni plus ni moins) qu’avec ses positions politiques : Mileí affiche en effet une exécration à toute épreuve de tout ce qui ressemble de près ou de loin à une disposition sociale (en contradiction manifeste avec la tsedaka, le devoir spirituel et moral de partager avec le plus pauvre), sa haine de l’État et sa volonté de le détruite complètement en Argentine (et ailleurs dans le monde – et le roi David, il en fait quoi ?) sans oublier son admiration inconditionnelle pour Israël, État fort s’il en est et social par-dessus le marché, une caractéristique à laquelle les Israéliens tiennent comme à la prunelle de leurs yeux, d’autant plus que les pays voisins n’ont rien qui s’en approche un tant soit peu. Ajoutez à tout cela le scandale que Mileí a déclenché au tout début de son mandat lorsqu’en toute connaissance de cause, il a volontairement profané le repos du chabbat en prononçant à 21h le traditionnel discours d’ouverture de la session parlementaire, que le président délivre chaque 1er mars à midi pile, avec retransmission en direct à la télévision publique. Or cette année, le premier mars tombait un vendredi et à 21h, en mars, la nuit est tombée depuis longtemps. Le discours a par conséquent été prononcé et transmis pendant le chabbat, ce qui est formellement interdit et qu’aucun aspirant à la conversion ne peut pas ignorer, pour autant qu’il soit un tout petit peu sincère.

Sans parler des raisons grotesques et ridicules qu’il avance pour justifier qu’il soit resté à mi-chemin de son parcours pour devenir juif. Il ne lui manquerait en effet plus que d’être circoncit pour entrer dans la communauté, une opération devant laquelle tout homme pubère peut à juste titre éprouver quelque crainte (c’est très douloureux et en plus, ce n’est pas dénué de risque d’infection). D’après ses dires, Mileí aurait reporté sine die cette étape finale parce que les devoirs de sa charge de chef d’État l’empêcherait de respecter le repos du chabbat. C’est se moquer du monde ! A ce titre, aucun juif ne peut exercer des fonctions gouvernementales or telle n’est pas la réalité dans le monde. La loi rabbinique et la pratique, notamment en Israël, le modèle des modèles sur ce thème, accordent bien entendu des dispenses pour les métiers et les fonctions qui exigent une continuité de service (personnel hospitalier et militaire, police, magistrature, gouvernement, etc.)

Le livre a été présenté par ses auteurs le 13 novembre dernier

Un duo d’auteurs, une femme et un homme, se sont donc penchés sur ce phénomène qui laisse sans voix ou mettent franchement en colère bien des juifs argentins, pratiquants ou non, au moment où l’antisémitisme fait son entrée dans le pays, comme ailleurs, dans le sillage des massacres du 7 octobre qui ont comme lâché la bride à l’expression de la vieille haine recuite qui remonte au plus profond du Moyen-Age. Página/12 en publie aujourd’hui quelques bonnes feuilles qui soulignent combien cet engagement insensé de Mileí met de l’huile sur le feu de l’insécurité dont souffrent les juifs argentins depuis plus d’un an.

"Le Mur des Lamentations", dit le titre
du supplément Radar Libros (Página/12)
On se souvient du lamentable et obscène spectacle
de Mileí s'effondrant en pleurs au pied du mur
lors de son premier voyage officiel en Israël
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© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12 dans le supplément Radar Libros
lire l’article de présentation sur la plateforme de vente en ligne Mercado Libre.