lundi 26 mai 2025

Franchise d’archevêques en leur cathédrale [Actu]

"Très dures critiques de l'Eglise contre Mileí :
"On a passé toutes les bornes", dit le gros titre
avec pour illustrer l'appel de l'article
cette photo de Mileí ignorant ostensiblement
la main tendue de Jorge Macri
La photo centrale est reliée à un incident qui
vient de gripper le déroulement du procès
contre les responsables potentiels de la mort de Maradona
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Hier, c’était la fête nationale majeure de l’Argentine, qui en compte deux (le 25 mai, anniversaire de la Révolution de Mai, et le 9 juillet, anniversaire de la déclaration d’indépendance, qui a été votée six ans plus tard). Il est de tradition que se célèbre à la cathédrale de Buenos Aires, qui a assisté aux événements de cette journée du 25 mai 1810, un Te Deum tous les 25 mai depuis 1811.

Página/12 a préféré titrer sur le discours
tenu par Cristina Kirchner (en photo) contre
la politique notamment économique de ce gouvernement
Elle a prédit que le 10e défaut de paiement de l'histoire
argentine se profilait à l'horizon proche.
En haut, entre dessin et photo : "L'Argentine elle aussi saigne"
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La cérémonie est présidée par l’archevêque de Buenos Aires, lui-même imité par les autres évêques et archevêques dans chaque capitale provinciale ainsi que dans la plupart des municipalités du pays. A Buenos Aires, viennent se recueillir à la cathédrale le président de la Nation, la vice-présidente, les membres du gouvernement, les autres autorités constituées tant nationales que municipales, chacune de son côté de l’allée centrale dans la nef. Il est aussi d’usage de laisser, au moins pour cette journée, les querelles partisanes au placard.

Même chose pour la Une de l'édition de La Plata
"Ils ne travaillent que 15 jours et ne touchent que cela",
a dit dans son homélie l'archevêque de La Plata
en dénonçant la pauvreté galopante dans le pays
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Cette année, rien de tout cela. Au sein même de la cathédrale, Javier Mileí a refusé de saluer sa vice-présidente et il a ostensiblement ignoré la main que lui tendait Jorge Macri, chef du gouvernement de la Ville de Buenos Aires (assimilable à un maire). Ce dernier s’était franchement opposé à lui pendant la récente campagne électorale et devant le résultat catastrophique pour la majorité portègne des élections législatives locales, il y a 10 jours. Quant à la vice-présidente, Mileí ne peut plus la voir en peinture et on se demande même s’il l’a un jour véritablement appréciée tant ils semblent se haïr et se mépriser.

"Des festivités marquées par le libertarianisme", dit le gros titre
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Quant à l’archevêque, il n’a pas mâché ses mots lors de son homélie, décrivant d’une part la situation sociale très dégradée du pays, avec des pauvres de plus en plus abandonnés et des riches de plus en plus insensibles au reste de leurs semblables, et d’autre part la situation politique avec un gouvernement qui fait tout, mais vraiment ce qu’il peut pour approfondir les fractures et les dissensions entre les Argentins, utilisant à tout instant l’insulte et la calomnie, pour détruire tout ce qui a été réalisé pendant les 40 ans de démocratie et discréditer quiconque s’oppose à ses projets, et dépassant toutes les bornes de la décence démocratique et de la morale commune tandis que, devant ce déplorable tableau, une partie de la population se laisse gagner par le désespoir et ne se rend même plus aux urnes pour construire et défendre l’avenir du pays.

Son confrère de La Plata a lui aussi prononcé une homélie bien sentie. Et ainsi en va-t-il d’autres lieux de ce pays « qui saigne », selon l’expression qu’on a entendu au pupitre de la cathédrale de Buenos Aires.


"Devant Mileí, García Cuerva a critiqué
la haine et les agressions : On a dépassé toutes les limites",
dit le gros titre sur une impressionnante photo
montrant Mileí passant outre la main tenue par Jorge Macri
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Il n’y a donc pas que les évêques épiscopaliennes qui savent dire leurs quatre vérités aux puissants imbéciles qui refusent de les entendre, comme à Washington le 20 janvier dernier. Il y a aussi quelques hommes du même acabit du côté catholique, au moins en Argentine.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12
lire l’article de Página/12 sur l’homélie prononcé par Monseigneur Carrara, archevêque de La Plata, autre prélat nommé par François dans le modèle social voulu par le défunt pontife
lire l’article de La Prensa
lire l’article de Clarín
lire le premier article de La Nación, dès hier
lire le texte complet de l’homélie de Monseigneur García Cuerva, archevêque de Buenos Aires, publié par La Nación, le seul quotidien à le faire.