Hier, c’était la fête
nationale majeure de l’Argentine, qui en compte deux (le 25 mai,
anniversaire de la Révolution de Mai, et le 9 juillet, anniversaire
de la déclaration d’indépendance, qui a été votée six ans plus
tard). Il est de tradition que se célèbre à la cathédrale de
Buenos Aires, qui a assisté aux événements de cette journée du 25
mai 1810, un Te Deum tous les 25 mai depuis 1811.
La
cérémonie est présidée par l’archevêque de Buenos Aires,
lui-même imité par les autres évêques et archevêques dans chaque
capitale provinciale ainsi que dans la plupart des municipalités du
pays. A Buenos Aires, viennent se recueillir à la cathédrale le
président de la Nation, la vice-présidente, les membres du
gouvernement, les autres autorités constituées tant nationales que
municipales, chacune de son côté de l’allée centrale dans la
nef. Il est aussi d’usage de laisser, au moins pour cette journée,
les querelles partisanes au placard.
Cette
année, rien de tout cela. Au sein même de la cathédrale, Javier Mileí a
refusé de saluer sa vice-présidente et il a ostensiblement ignoré
la main que lui tendait Jorge Macri, chef du gouvernement de la Ville
de Buenos Aires (assimilable à un maire). Ce dernier s’était
franchement opposé à lui pendant la récente campagne électorale
et devant le résultat catastrophique pour la majorité portègne des
élections législatives locales, il y a 10 jours. Quant à la
vice-présidente, Mileí ne peut plus la voir en peinture et on se
demande même s’il l’a un jour véritablement appréciée tant
ils semblent se haïr et se mépriser.
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"Des festivités marquées par le libertarianisme", dit le gros titre Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Quant à l’archevêque, il n’a pas mâché ses mots lors de son homélie, décrivant d’une part la situation sociale très dégradée du pays, avec des pauvres de plus en plus abandonnés et des riches de plus en plus insensibles au reste de leurs semblables, et d’autre part la situation politique avec un gouvernement qui fait tout, mais vraiment ce qu’il peut pour approfondir les fractures et les dissensions entre les Argentins, utilisant à tout instant l’insulte et la calomnie, pour détruire tout ce qui a été réalisé pendant les 40 ans de démocratie et discréditer quiconque s’oppose à ses projets, et dépassant toutes les bornes de la décence démocratique et de la morale commune tandis que, devant ce déplorable tableau, une partie de la population se laisse gagner par le désespoir et ne se rend même plus aux urnes pour construire et défendre l’avenir du pays.
Son confrère de La Plata a lui aussi prononcé une homélie bien sentie. Et ainsi en va-t-il d’autres lieux de ce pays « qui saigne », selon l’expression qu’on a entendu au pupitre de la cathédrale de Buenos Aires.
Il n’y a donc pas que les évêques épiscopaliennes qui savent dire leurs quatre vérités aux puissants imbéciles qui refusent de les entendre, comme à Washington le 20 janvier dernier. Il y a aussi quelques hommes du même acabit du côté catholique, au moins en Argentine.
Pour
aller plus loin :
lire
l’article
de Página/12
lire
l’article
de Página/12 sur l’homélie prononcé par Monseigneur
Carrara, archevêque de La Plata, autre prélat nommé par François
dans le modèle social voulu par le défunt pontife
lire
l’article
de La Prensa
lire
l’article
de Clarín
lire
le
premier article de La Nación, dès hier
lire
le
texte complet de l’homélie de Monseigneur García Cuerva,
archevêque de Buenos Aires, publié par La Nación, le seul
quotidien à le faire.