La rentrée des classes a eu lieu dans toutes les Provinces argentines ce matin, après des vacances scolaires d’hiver exceptionnellement longues puisque l’arrêt des cours a été anticipé de 15 bons jours pour limiter la diffusion du virus de la grippe A. Les "vacances" ont donc duré tout le mois de juillet. Cependant, seules deux Provinces envisagent de prolonger le quadimestre qui commence à due proportion. Dans la plupart des régions, l'année scolaire se terminera comme d'habitude quelques jours avant Noël (vers la mi-decembre).
La rentrée d’aujourd’hui concerne neuf millions d’élèves. Les cours reprennent aussi normalement dans les conservatoires et les centres sportifs. Et à la Academia Nacional del Tango itou qui suit le calendrier du Ministère de l’Education Nationale, son instance de tutelle.
Le Ministère de l’Education a édité à l’intention des enseignants un manuel de bonnes pratiques pour leur permettre de faire face, sans crainte inutile et contreproductive, au risque de contagion et les pouvoirs publics, nationaux et locaux, ont beaucoup insisté pour que cette rentrée se réalise dans le calme et la tranquillité tant du côté des parents que du côté des organisations professionnelles des maîtres, toujours promptes à ruer dans les brancards.
La rentrée est placée sous l’autorité d’un nouveau ministre, Alberto Sileoni, un homme qui a l’oreille des syndicats et sait négocier avec eux, doublé d’un solide peroniste appartenant à une tendance conduite, à l’intérieur du Parti Justicialiste, par le Sénateur Daniel Filmus, grande référence en Argentine en matière de politique scolaire et culturelle et qui apporte tout son soutien au Gouvernement actuel. L’ancien ministre, Juan Carlos Tedesco, qui fut un haut responsable de l’UNESCO à Genève dans les années 90 puis à Buenos Aires jusqu’en 2002, s’était vu proposé ce ministère par l’ancien Président Néstor Kirchner à la fin de son dernier mandat à l’UNESCO. Tout naturellement, l’actuelle présidente, femme du précédent, Cristina Fernández de Kirchner, l’avait maintenu à ce poste en prenant ses fonctions en décembre 2007. Mais les mauvais résultats des élections législatives du 28 juin dernier auront eu raison de la carrière politique de Tedesco. Il a dû démissionner il y a une quinzaine de jours dans le cadre d’un remaniement gouvernemental à rebondissements quelque peu feuilletonesque.
Juan Carlos Tedesco va prendre en main un bureau national de planification stratégique en matière d’éducation, qui mènera, à l’échelle de l’Argentine, une réflexion et émettra des recommendations similaires à celles qu’il conduisait et émettait à l’UNESCO, mais cette instance nationale reste à construire de A à Z. L’enjeu est de taille cependant. Le système éducatif en Argentine, surtout le système public, souffre de bien des maux : grèves à répétition de la part des professeurs, fort absentéisme des élèves (1) et taux de redoublement préoccupant par rapport aux normes internationales.
(1) trop souvent du fait des parents, qui font travailler les enfants plutôt que de les envoyer à l’école, parfois sans nécessité économique absolue. J’ai été très frappée l’année dernière, en août, de l’augmentation du nombre de loupiots faisant la manche dans le métro à Buenos Aires, en pleine journée, à l’heure où les autres enfants de leur âge (6-12 ans) sont de toute évidence à l’école. En Argentine, l’école est obligatoire de 6 à 14 ans depuis 1883, selon une loi impulsée par Juan Domingo Sarmiento, qui a établi une école publique, gratuite et laïque capable maintenant d’accueillir tous les enfants, indépendamment de leur niveau social ou de leur appartenance confessionnelle. Aujourd’hui, l’organisation matérielle des écoles est de la responsabilité des Provinces, tenues d’appliquer une loi nationale, ce qui ne va pas tous les jours sans mal. Voir le Vade mecum historique dans la rubrique Petites chronologies, en partie médiane de la Colonne de droite.