Création de l'hymne national argentin en 1811 ou 1813 chez doña Mariquita Sánchez de Thompson
(scène reconstituée a posteriori)
Museo Histórico Nacional, le musée consacré à la constitution de l'imagerie nationale
Música Argentina, 200 Años, tel est le titre de l'exposition qui vient de s'ouvrir à la Casa del Bicentenario, Riobamba 985, dans le quartier de Palermo. Cette exposition retrace les 200 ans, et en fait beaucoup plus, de la musique nationale, en remontant jusqu'à l'époque pré-colombienne, avec des instruments datant d'avant la découverte de Christophe Colomb.
Une part importante de l'exposition est en effet consacrée aux musiques indiennes (originaires, disent maintenant les Argentins), notamment celles des peuples du sud, les Mapuches, dont la vie culturelle est de plus en plus mise en lumière après avoir été niée et ignorée très longtemps (seuls les Guaranis avaient droit à un semblant d'intérêt).
Dans le décor rouge ponceau qui marqua cette époque (1835-1852), une salle est consacrée au candombe noir du temps de Rosas, dans lequel le tango prend une partie de ses racines (voir le Vade-mecum historique dans la rubrique Petites Chronologies de la Colonne de Droite, dans sa partie médiane). Une autre l'est à la musique patriotique (illustration ci-dessus), révolutionnaire et fédérale des années 1810-1830 (les premiers temps de l'indépendance suivis de la guerre civile entre unitaires et fédéraux à partir de 1820). Le premier étage est consacré à la musique du 20ème siècle, dans laquelle le tango tient toute sa place. Le musée de la SADAIC (la société des auteurs et compositeurs) a prêté quelques unes de ses pièces, comme les guitares de Gardel et Razzano, la machine à écrire du poète Homero Expósito (1), le bandonéon du compositeur Eduardo Arolas... Les autres musiques populaires sont elles aussi présentes, comme le folclore, le jazz et le rock argentins. Tout comme la musique de film, la musique classique, la musique religieuse et l'opéra (le Colón a été, à de nombreuses époques, l'une des plus prestigieuses salles lyriques du monde, avant que la crise économique de 2001 lui vole ce beau titre de gloire). Les 7 ans qu'a duré la dernière dictature militaire (1876-1983) est représentée par une pièce obscure et silencieuse où on ne trouve que la liste des morceaux de musique qui étaient alors censurés, pour des raisons variées et souvent assez incompréhensibles...
L'exposition fait aussi la place à la musique vivante avec plusieurs concerts le week-end. Côté tango, sont au programme Juan Carlos Godoy (ce soir vendredi à 19h), Hugo Marcel (demain à 18h), le Sexteto Mayor (ce dimanche à 18 h, lui aussi). Guillermo Fernández et Brian Chambouleyron sont au programme de la semaine prochaine.
L'exposition est ouverte jusqu'au dimanche 6 mai, du mardi au dimanche, de 15h à 21h, et l'entrée est libre et gratuite.
Pour aller plus loin :
visiter le site Internet de la Casa del Bicentenario
(1) dont j'ai traduit une demi-douzaine de tangos, de valses et de milongas parmi les plus célèbres dans Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins, ed. du Jasmin, comme Flor de Lino, Azabache, Tristeza de la calle Corrientes ou Yuyo verde...