Le 5 avril 1818, après la douloureuse surprise de Cancha Rayada, le 19 mars précédent où ses troupes avaient été surprises de nuit pendant une manœuvre et dispersées aux quatre coins de la province de Santiago (voir le préambule de mon article précédent sur la question), le général José de San Martín reprenait définitivement l'avantage contre les troupes coloniales pro-espagnoles, dans la plaine de Maipú, qu'on appelle aussi Maypo ou Maipo, à travers l'une des plus formidables batailles de toute la guerre d'indépendance, l'homérique bataille de Maipú, celle qui a donné son nom à une célèbre rue du centre de Buenos Aires, à des villes et des départements argentins, sans parler du champ de bataille lui-même qui se trouve au Chili et qui est à présent marqué par différents monuments commémoratifs auxquels on accède grâce à de larges avenues dans une vraie ville qui a pris la place de l'ancien domaine viticole ravagé par le combat en pleine époque de vendanges.
Le Journal des Débats du 7 juillet 1818 Le quotidien parisien raconte la surprise de Cancha Rayada qui date du 19 mars 1818 |
*
* *
San
Martín par lui-même et par ses contemporains,
Denise Anne
Clavilier,
sortie prévue en mai 2014, à 24,90
€ en librairie,
en souscription jusqu'au 30 avril au prix de lancement de 20 €.
384
pages, 150 documents historiques d'origine hispanophone, anglophone
et francophone, avec traduction en français en vis-à-vis pour les
textes en espagnol et en anglais, soit une trentaine d'auteurs divers,
reflétant l'éventail des amis, partenaires, supérieurs et
subordonnés, adversaires et ennemis que San Martín croisa au cours
des soixante-douze ans d'une vie qu'il acheva en France, à
Boulogne-sur-Mer, le 17 août 1850.
Episode
n° 8
Pour
lire la totalité des articles de présentation de ce nouvel ouvrage,
cliquez sur le mot-clé SnM ant Jasmin dans le bloc Pour chercher,
para buscar, to search, ci-dessus.
*
* *
La
nouvelle de la bataille de Maipú parvint en Europe en juillet 1818,
par Londres.
Pour
un autre regard sur ce moment-clé de l'histoire américaine, je vous
renvoie à un précédent article que j'avais publié dans ce blog
sur le sujet lorsque je vous présentais San Martín à rebours des
conquistadors, la biographie française du héros argentin.
Londres
devait cette primeur des événements du Nouveau Monde à la maîtrise
des mers que la Royal Navy avait conquise à Trafalgar, contre
l'Espagne et la France, en 1805 et aux déjà nombreux officiers et
commerçants britanniques qui travaillaient aux côtés des
indépendantistes, comme j'en compte plusieurs parmi les auteurs
rassemblés dans ce nouveau livre (Samuel Haigh, William Miller,
Basil Hall... - voir l'article que je leur ai consacré le 21 février dernier)
En
France, régnait alors Louis XVIII qui venait
de faire rétablir à Paris, en grande pompe et devant le ban et
l'arrière-ban du royaume, la statue de son ancêtre Henri IV, à
l'emplacement que nous lui connaissons aujourd'hui, sur le Pont-Neuf.
La
France comptait déjà quelques quotidiens, beaucoup moins nombreux
qu'en Grande-Bretagne. Le plus célèbre et le plus lu était sans
doute le Journal des Débats, qui affichait alors des convictions
légitimistes.
Comme
vous pouvez l'imaginer, la nouvelle de la défaite du général
espagnol Osorio défrisait cette France contre-révolutionnaire dont
les messieurs qui se respectaient portaient à nouveau la perruque
poudrée (1).
A Londres, le ton des journaux était tout autre :
les victoires indépendantistes réjouissaient les députés des
Communes comme les membres de la Chambre des Lords ainsi que les corporations, qui y voyaient la
promesse de nouveaux marchés pour l'exportation de marchandises bon
marché dont la révolution industrielle avait permis sur l'île la production à grande échelle.
En
France, les gazetiers se plongeaient donc dans la lecture des
quotidiens britanniques et en tiraient des articles qu'ils
assaisonnaient de commentaires tendancieux. Le résultat ne manque
pas de nous renvoyer à l'information souvent contestable ou
approximative et parfois péremptoire dont nous bombardent nos médias
modernes, malgré Internet et le temps réel à l'échelle de
l'univers, sur les événements d'Ukraine, de Crimée, de Syrie ou du
Venezuela.
Dans
San Martín par lui-même et par ses contemporains, j'ai choisi de
vous faire suivre ces événements à travers un journal francophone
démocrate suisse, au ton très différent du réactionnaire Journal
des Débats. Toute l'épopée est retracée en fin de volume, dans
les annexes, à travers une trentaines d'articles qui s'étendent de
juin 1817 à avril 1824.
Dans
Barrio de Tango, je refuse que les campagnes de présentation que je
développe autour de mes livres répètent les documents que j'ai
traités dans les livres, car la masse du matériel disponible et
inconnu chez nous ferait de cette stratégie un véritable gâchis
(ou un chef-d'œuvre de paresse : moins j'en fais, mieux je me
porte, délayons...).
Aujourd'hui,
je préfère donc vous inviter à un voyage dans le temps :
transportons-nous dans le Paris d'il y a deux siècles en lisant ce
qui constitua l'information de nos lointains ancêtres dans un
royaume de France encore occupé par les troupes coalisées, qui
avaient définitivement battu Napoléon à Waterloo.
Dans
le recueil à paraître en mai, vous pourrez constater à quel point
les gazetiers européens de l'époque s'écartaient de la réalité
des événements de ces lointaines contrées, les uns à cause de
leur volonté de peindre en noir les faits (c'est le cas de notre
Journal des Débats), les autres (c'est le cas du journal roman) à
cause des maigres sources auxquelles le rédacteur avait accès et
partant sa faible capacité de dresser une analyse critique valide
des faits rapportés. Et pourtant, cette presse fut une des armes
très efficaces que San Martín, de loin, sut utiliser pour mettre
l'opinion publique européenne du côté des indépendantistes contre
l'Espagne suffisante de la Restauration.
Le Journal des Débats reprend un article du Times le 19 juillet |
Toutes
les informations sur la souscription sont sur ce blog (mot-clé SnM
ant Jasmin), sur mon site Internet et sur celui de mon éditeur, les
Editions du Jasmin.
Nous
serons d'ailleurs, l'éditeur et moi, présents demain à la Fête des Enfants organisée par le Lions Club d'Antony en faveur des
enfants de cette ville des Hauts-de-Seine.
Pour
lire d'autres documents historiques concernant ce grand personnage de
l'histoire argentine, sud-américaine et occidentale dans ce blog :
Sur
sa famille (les documents sont rares à nous être parvenus) :
San Martín en grand-père avec ses petites-filles, dans son exil à Evry
– vous savez, la ville dont le nouveau Premier ministre français a
été le flamboyant maire (bonus du blog en complément du livre)
Portrait
par petites touches de son épouse, Remedios de Escalada (1797-1823),
un autre bonus pour les lecteurs de mon blog
Mon
article consacré au bicentenaire de leur mariage à Buenos Aires les
12 et 19 septembre 1812
Sur
son action militaire :
Le code d'honneur qu'il imposa aux officiers de son régiment d'élite,
les Grenadiers à cheval, aujourd'hui Escorte présidentielle (bonus
en complément du livre)
Le
combat de San Lorenzo (3 février 1813) raconté par San Martín dans son rapport au Gouvernement provisoire des Provinces Unies du Río de
la Plata (figurera parmi les documents de San Martín par lui-même
et par ses contemporains)
La
bataille de Chacabuco (12 février 1817) en espagnol triomphant dans
la Gazette de Buenos Aires (dont les textes figureront dans San
Martín par lui-même et par ses contemporains) et en français
grimaçant dans le Journal des Débats (bonus en complément du
livre)
Sur
la campagne libératrice du Pérou (1820-1821) :
Le général en chef au quotidien, tel que l'a observé l'officier
écossais Basil Hall au large de Lima (1820-1821), un nouveau bonus
en complément du livre
La stratégie de la campagne expliquée par San Martín lui-même à
notre observateur britannique (le dernier bonus du blog en complément
du livre sur ce point)
Sur
son action politique :
Le jugement enthousiaste du cabildo de Mendoza (le conseil municipal d'Ancien Régime
encore en vigueur) sur l'action du Gouverneur San Martín (bonus)
La campagne du Pérou vue de l'Espagne pendant la révolution libérale
qui mit à l'écart le roi Fernando VII (Diario Constitucional de
Barcelona), un autre bonus
Le gouvernement du Pérou analysé vingt ans après par un témoin
français, Gabriel Lafond (un troisième bonus sur la question)
sur
le mythe de San Martín :
Mon
article sur le bicentenaire de son arrivée à Buenos Aires, le 9
mars 1812 (un entrefilet de la Gazette de Buenos Aires qui figurera
dans San Martín par lui-même et par ses contemporains)
L'hymne
au Général Libérateur José de San Martín (Himno al General Libertador José de San Martín)
La
Marche de San Lorenzo (Marcha de San Lorenzo, avec en prime un dessin
animé jubilatoire destinés aux écoliers argentins, pour les aider
à mémoriser ce monument du répertoire patriotique)
L'inauguration d'une salle San Martín au Museo Histórico Nacional de Buenos Aires
dans les séries Chroniques de Buenos Aires et Retours sur Images
Le
programme de la journée consacrée à San Martín dans le voyage
culturel que je vous propose à Buenos Aires avec l'agence de
tourisme solidaire Human Trip (bientôt de nouvelles dates, pour un
départ en novembre 2014)
San Martín par lui-même et par ses contemporains la 4ème de couverture |
(1) Ces mêmes perruques d'un autre
temps que des galapiats de poètes romantiques, mené par cet agité
de Théophile Gautier, allaient pêcher à la canne et à l'hameçon
au parterre de la Comédie Française pendant les représentations
d'Hernani, le drame de leur ami Victor Hugo, douze ans plus tard.
Mais en 1818, ils étaient encore tous légitimistes et fiers de
l'être. Un groupe de légitimistes dont Géricault faisait alors encore partie malgré certaines prises de distance dont Le Radeau de la Méduse est un des symptômes.