lundi 12 août 2019

C'est pas la joie du côté de la Révolution du même nom : raclée électorale pour la majorité sortante ! [Actu]

"Le péronisme dans toute sa splendeur" (en haut)
"Débâcle" (en bas.Vous n'aviez pas besoin de traduction)
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En arrivant au pouvoir il y a presque quatre ans, Mauricio Macri, mettant en route ce qu'il appelait la "révolution de la joie", avait demandé qu'on ne le juge que sur ses performances économiques : il promettait la pauvreté zéro, du travail digne pour tous les Argentins, la prospérité du pays grâce à sa politique ultra-libérale et à la déréglementation sociale, qui a démembré la majeure partie des protections dont pouvaient jouir les habitants de ce pays. Le président a tout raté : le nombre de pauvres et d'indigents a augmenté de telle manière qu'hier soir, même les économistes orthodoxes et les politologues de droite avouaient à la télévision que les électeurs qui avaient voté pour Macri ne pouvaient l'avoir fait que "malgré la situation économique" et pour d'autres motifs. Le nombre de chômeurs est monté. Le nombre de salariés qui cumulent à nouveau plusieurs emplois pour survivre a fait de même. La couverture sanitaire a chuté. Il y a des explosions mortelles dans des écoles publiques. Un nombre faramineux d'entreprises a mis la clé sous la porte.

"A bon entendeur, salut", clame le gros titre du journal de gauche
Les deux hommes sont les grands vainqueurs de la soirée,
les probables futurs président (moustache)
et gouverneur bonaerense (visage poupon à côté)

Hier, le président a donc été exaucé : il vient de prendre la raclée du siècle lors des PASO, les primaires qui jouent le rôle d'un avant-premier tour et dessinent le paysage politique qui sera celui du premier tour en octobre. Une bonne quinzaine de points sépare le président de son principal opposant, qui a recueilli hier un pourcentage de voix suffisant pour être élu au premier tour au printemps. Les résultats étaient si frappants et si inattendus que le gouvernement a retardé de plus d'une heure l'annonce des premiers résultats officiels. La justice, qui surveille le processus électoral de A à Z, avait exigé qu'on n'annonce rien avant que 10% des bureaux de vote ne soient dépouillés. Ce qui devait intervenir vers 21 h. Et à 21h, le pays, les journalistes sur les plateaux télé, dans les rédactions, dans les studios de radio ont retenu leur souffle. Et rien n'est arrivé. Aucune explication. Puis on a annoncé qu'on attendrait que 15% des bureaux soient dépouillés. Et les gens de droite qui assuraient en début de soirée que les 4 à 6 points de différence connus à la sortie des bureaux de vote allaient se réduire au fil de la nuit ont soudain perdu leur voix. Le temps a passé : 21h15. Rien. 21h30. Rien. A tel point qu'à 22h, une chaîne a lâché le direct pour passer à un programme de variété d'une vulgarité sans nom (de la télé Berlusconi). Et enfin, vers 22h10, on a vu paraître la brochette des caciques de la majorité, président en tête et voix blanche. Des têtes de 10 pieds de long. Mais cela faisait longtemps qu'on avait compris que Alberto Fernandez était arrivé largement en tête.

A tel point qu'il est considéré comme déjà élu ou peu s'en faut. Le gouvernement a même dû démentir des rumeurs de transition entre majorité sortante et entrante !

Dans la province de Buenos Aires qui rassemble environ un quart de la population totale du pays, les résultats sont encore plus contrastés : le candidat gouverneur frôle la majorité absolue et la gouverneure sortante a déjà perdu tout espoir de rempiler. Très mauvaise joueuse, elle refuse de comprendre le message qui a été envoyé par l'électorat, elle promet de "continuer à travailler en en faisant plus" alors que le peuple vient de dire qu'il voulait non pas plus de la même chose mais tout autre chose. Elle aussi a multiplié les erreurs graves, l'une qui lui revient le plus dans la figure ce matin est d'avoir dit qu'il y avait trop d'universités dans sa province puisque les pauvres ne faisaient jamais d'études supérieures. On dirait Macron et ses gares où il voit des gens qui ont réussi et des gens qui ne sont rien. Et bien en Argentine, il n'y a pas de gilets jaunes mais il y a des électeurs et qui ne s'en laissent pas compter trop longtemps.

"L'incontestable triomphe de Alberto F.
le place à deux pas de la présidence"
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On s'attend d'ici à la fin de la semaine (1) à un remaniement de gouvernement pour les quelques mois qui restent à courir jusqu'au 10 décembre. Il semble impossible que Macri remonte son retard. Il a déjà fait le plein de ses électeurs. Il y avait 75% de participation, ce qui est très élevé pour des élections primaires. Pourtant, KO debout hier, le président tient dans sa conférence de presse de la fin d'après-midi un discours de reconquête de l'électorat dont le ton semble avouer qu'il n'y croit guère mais il faut bien continuer à travailler et à faire semblant de maîtriser la situation qui lui échappe : le dollar, hier à 47 pesos, a sauté à 60 en quelques minutes ce matin. Un discours autiste comme c'est le cas de la gouverneure de Buenos Aires et comme c'était aussi le cas de beaucoup de péronistes défaits en 2015. (2)
"Un triomphe qui écrase tout place Fernandez
aux portes du pouvoir"

Tous les journaux consacrent une partie majoritaire de leur édition à gauche la divine surprise de la victoire et à droite à la catastrophe de la défaite qui met le kirchnerisme aux portes du pouvoir comme si l'on parlait des chars soviétiques !

Pour en savoir plus :
lire l'article de Clarin sur la fête au QG deAlberto Fernandez (en Argentine, on parle de bunker)
lire l'article d'analyse politique de La Nacion où un journaliste macriste déplore l'attitude arrogante et imbécile de plusieurs ministres de l'actuel gouvernement (un article qui n'est pas sans rappeler bien des traits de la situation française).



(1) Ce sera un long week-end. Le 19 août est un jour férié en l'honneur de San Martin dont l'anniversaire du décès, le 17 août, est devenu une fête mobile pour créer un long week-end qui permette de développer le tourisme intérieur.
(2) En revanche, en conférence de presse, les journalistes, y compris de droite, se montrent incisifs dans leurs questions tant aujourd'hui qu'hier. Ils semblent avoir fait des progrès dans l'exercice démocratique de leur métier tandis que les blablateurs de plateau de soirée électorale étaient peu inspirés hier soir.