dimanche 17 janvier 2021

Juan Carlos Copes est parti, victime du covid-19 [Actu]

Photo Fernando de la Orden


Le grand danseur avait fait le tour du monde pour montrer le tango de scène dans des spectacles mémorables. Il s’est éteint vendredi soir peu avant minuit, à 89 ans. C’est sa fille, Johana Copes dont il avait fait sa dernière partenaire scénique, qui a annoncé la nouvelle hier dans la matinée. Tout s’est passé assez vite. La maladie, qui s’était gravée sur un état de santé assez fragile depuis plusieurs années, l’a emporté en une quinzaine de jours.


Sur la chaîne Youtube de Johana Copes,
le père et la fille rendant hommage à Astor Piazzolla
ensemble au Festival de Tango de Buenos Aires édition 2013


Copes aura marqué la légende avec Aníbal Troilo puis avec Astor Piazzolla, qu’il fut l’un des très rares danseurs à interpréter (Piazzolla ne jouait pas pour des danseurs, qu’il méprisait, mais uniquement pour des auditeurs, ses partitions sont indansables pour le commun des mortels)1. C’est à lui que l’on doit la chorégraphie de l’opérette María de Buenos Aires, de Piazzolla et Horacio Ferrer, en 1968. Et avec sa première partenaire, María Nieves, dont il fut l’époux avant un retentissant divorce, il a fait la légende à la tête de sa propre compagnie !

En photo centrale, le résultat d'une manifestation de gauche
devant le palais de justice de Buenos Aires
(idéal pour permettre à la presse de droite de déconsidérer les militants opposés)
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Il s’en va au moment où le monde de la danse à Buenos Aires se désespère de pouvoir survivre à la crise sanitaire : les milongas et les cours sont fermés, les protocoles imaginés par les pouvoirs publics peinent à se mettre en place. C’est tout un secteur d’activité qui court à la catastrophe.

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Juan Carlos Copes, qui s’exprimait avec tant d’éloquence dans la danse, était aussi passablement malhabile dès lors qu’il s’agissait de parler. J’ai souvenir d’un plenario de la Academia Nacional del TangoGabriel Soria se battait les flancs pour lui faire raconter ne serait-ce que des anecdotes. C’était au moment où le vieil artiste se retirait de la scène, ce qu’il a fait définitivement en 2015.

Il y a quelques années, il avait été élu à la Academia Porteña del Lunfardo en hommage à sa longue et prestigieuse carrière mais il avait décliné l’honneur quelques mois plus tard, en ayant l’humilité de reconnaître que malgré sa portègnitude des quartiers populaires de l’ouest de la capitale, il n’avait aucune compétence pour participer aux travaux linguistiques de ce groupe.

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Ce matin, tous les grands quotidiens lui rendent hommage et les trois journaux de droite l’ont mis à la une, en titre secondaire. Sa mort est aussi saluée par les medias francophones (Le Monde, Le Figaro, France Info)

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12
lire l’article de La Prensa
lire l’article de Clarín
lire l’article de La Nación



(1) Parmi les grands artistes qui lui ont publiquement rendu hommage, on trouve Amelita Baltar, ex-femme de Piazzolla et créatrice de Maria de Buenos Aires, dans le rôle-titre, qui témoigne sur Twitter de sa profonde émotion au moment où elle a appris la nouvelle.