"César Isella (1938-2021) : [chanter et] faire chanter" Une des pages culturelles de Página/12 ce matin |
C’est une longue vie et une imposante carrière qui s’est achevée hier dans une clinique de Buenos Aires : l’auteur-compositeur interprète César Isella s’y est éteint à l’âge de 82 ans d’une maladie du cœur dont il souffrait depuis longtemps.
Membre du groupe Los Fronterizos
pendant dix ans, de 1956 à 1966, avec lesquels il enregistra le chef
d’œuvre qu’est Misa Criolla lors de sa création en 1964,
Isella devenu soliste fut l’un des animateurs du Movimiento Nuevo
Cancionero, collectif d’artistes du folklore argentin des années
1970. Dans ce cadre, il a composé l’un des morceaux phares de
cette époque fastueuse pour la musique du nord-ouest argentin :
Canción con todos que Mercedes Sosa interpréta, la faisant
connaître dans le monde entier. Plus tard, Canción para todos
se vit désignée par l’UNESCO comme l’hymne de l’Amérique
latine tout entière. Son auteur était un militant de la culture
populaire.
En une soixantaine d’années de
carrière, César Isella aura composé plus de 250 chansons, dont
beaucoup d’immenses succès dont la renommée a largement dépassé
les frontières du pays. Il est considéré comme l’un des plus
éminents artistes de la province de Salta, où il était né le 20
octobre 1938 dans une famille qui ne roulait pas sur l’or mais dont
la maison était en toute saison pleine de musique. Sa grand-mère
l’initia à la chanson et à la guitare à tel point qu’il fit
ses débuts à Salta à l’âge de 5 ans et qu’à 10 ans, en
vacances à Mar del Plata, il put se produire devant Evita Perón. Il
avait 17 ans lorsqu’il intégra Los Fronterizos, ce groupe
professionnel qui mérite bien sa place dans le panthéon des grands
ensembles folkloriques argentins de niveau international.
Communiste comme l’étaient
aussi Mercedes Sosa et Atahualpa Yupanqui, il fut censuré pendant la
dernière dictature et dût prendre la route de l’exil pour ne
revenir dans son pays qu’en octobre 1983, après l’élection de
Raúl Alfonsín à la présidence argentine. En 1984, Isella était
sur scène d’abord à Buenos Aires, dans l’immense Luna Park,
puis au festival de Cosquín (province de Córdoba) qui lui doit une grande partie de son
dynamisme depuis le retour de la démocratie. Sa réputation
artistique était telle qu’il parvint à se produire au Chili alors
que Pinochet était encore au pouvoir !
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L’un des grands animateurs du secteur culturel, il fut aussi directeur du Teatro San Martín, l’un des grands théâtres publics de Buenos Aires, et vice-président, à deux pas de là, de Sadaic (la société des auteurs-compositeurs argentins, l’équivalent de notre Sacem).
A son actif, 13 disques
enregistrés pendant ses dix années avec Los Fronterizos et 15 en
tant que soliste.
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En 2012, le ministère de la Culture, au niveau national, l’avait nommé très officiellement ambassadeur de la Musique latino-américaine avec rang de sous-secrétaire d’État. Revenu de l’idéologie communiste comme les autres folkloristes de sa génération, il s’était marié religieusement au Vatican en 2017 devant le pape François avec lequel son fils, qui est installé à Madrid, affirme qu’il entretenait une correspondance régulière.
Ce matin, la mort du grand musicien est à la une de tous les journaux argentins.
Pour aller plus loin :
lire l’article
principal de Página/12
lire l’article
principal de Página/12 édition de Salta
lire l’article
de La Prensa
lire l’article
principal de Clarín
lire l’article
principal de La Nación
à Salta :
lire l’article
principal de El Tribuno