mardi 8 juillet 2025

Démantèlement de l’agence nationale du réseau routier et de la Sécurité routière [Actu]

Bandeau Facebook de Vialidad Nacional
Vue de la route 52 à Jujuy, dans les Andes


Après la libération du marché des armes, voici que la Sécurité routière est emportée à son tour par le raz-de-marée libertarien provoqué par Javier Mileí et consorts.

Quant aux routes nationales, elles cessent d’être publiques et de dépendre de l’État. Elles seront privatisées et deviendront donc payantes très bientôt. Dans un pays grand comme cinq fois la France et qui a perdu, depuis la libéralisation des années Carlos Menem (1990-1999), le magnifique réseau ferroviaire qu’il s’était construit depuis la fin du 19e siècle !

Pour relier les régions les unes avec les autres, il ne reste donc plus que l’avion, hors de prix pour beaucoup et loin des villes pour tout le monde, et la route, en voiture particulière ou en car grande ligne, ce dernier service ayant lui aussi subi, il y a quelques mois, une dérégulation costaude : désormais n’importe qui peut en effet s’improviser patron de compagnie de transport de passagers du moment qu’il possède au moins un car et le permis de conduire valable pour cette catégorie de véhicule. Il n’a pas besoin d’apporter de garanties financières ni même d’avoir un casier judiciaire vierge ! Et c’est la même chose pour les chauffeurs.

Le gouvernement a justifié cette double suppression par la condamnation de Cristina Kirchner et ses co-inculpés, condamnation qui porte précisément sur des malversations réalisées (ou non) par l’entremise de l’agence nationale du réseau routier. La suppression de celle-ci aurait donc pour objectif « de mettre fin à la corruption dans les travaux publics ».

Sur les 5 000 salariés que compte actuellement l’agence, on suppose qu’environ 3 000 vont perdre leur emploi. Un total de 9120 km de route va être livré à des concessionnaires qui feront leur beurre sur l’asphalte.

Les fonctions régaliennes (si l’on peut les désigner ainsi) exercées par les deux agences passeront dans un cas au Ministère de l’Économie et dans l’autre aux forces de l’ordre, placées sous la tutelle de Patricia Bullrich, qui récupère beaucoup de choses en ce moment.

C’est une catastrophe qui s’annonce, avec un réseau routier qui va se dégrader très vite (c’est toujours le cas lorsque le privé prend quelque chose en charge en Amérique du sud) et des accidents qui vont s’accumuler comme on le voit déjà avec les cars qui versent, partent dans le fossé ou entrent en collision avec d’autres véhicules plus souvent qu’auparavant.

L’Argentine donne l’impression de partir en miettes.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12
lire l’article de La Prensa
lire l’article de Clarín
lire l’article de La Nación


Une de l'édition de La Plata de Página/12 du 9 juillet :
"Le bon marché est cher", dit le gros titre
Sur l'affiche officielle, on lit sur fond rouge
"Travaux paralysés par le gouvernement national"


Mise à jour du 9 juillet 2025 :
lire cet article de Página/12 édition de Rosario sur le retrait de l’investissement national dans les infrastructures tel que le perçoit le ministre de l’Économie de la province de Santa Fe
lire cet article de Página/12 édition de La Plata sur les modalités et les effets de ce retrait dans la province de Buenos Aires, la plus peuplée du pays
lire cet article de La Prensa sur les accusations que les syndicats portent contre le gouvernement qui met en place des « routes de la mort »

"Sans contrôle", dit la Une de l'édition de Rosario
de Página/12, le 9 juillet
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