Il faudra encore qu’il y ait un
acte III, scène 2 au Sénat, pour que le tableau soit complet mais
hier, à la Chambre des Députés, deux veto de Javier Mileí ont été
rejetés, ouvrant la voie à l’entrée en vigueur des lois de
financement et d’organisation des universités nationales et de
l’hôpital pour enfants Garrahan, dont le fonctionnement était
largement entravé par les réductions budgétaires draconiennes
imposées par Mileí et son fanatisme économique.
Partout en Argentine, les gens
sont sortis dans la rue pour réclamer à leurs élus nationaux
qu’ils sanctionnent le comportement peu démocratique d’un
président qui sacrifie à l’orthodoxie budgétaire ultra-libérale
l’avenir du pays et le droit à la vie des enfants malades. Or une
fois n’est pas coutume, toute la presse s’accorde ce matin sur le
succès et l’ampleur de la mobilisation ainsi que la gravité du
coup politique porté au président.
Le rejet de son veto sur le
budget universitaire voté par le Congrès est passé par 174 voix
pour et 67 contre (avec deux abstentions). Quant à celui portant sur
l’hôpital Garrahan, il a été rejeté par 181 voix. 60 députés
ont voté pour le maintien du veto et il y a eu une abstention. Il
faut plus de deux tiers des voix pour qu’un veto soit annulé. A
présent, il faut donc que les sénateurs confirment avec les mêmes
seuils.
Le Sénat devrait examiner ces
deux veto la semaine prochaine.
Les élections nationales de mi-mandat sont fixées au dernier dimanche d’octobre et depuis quelques mois, l’opposition, longtemps effacée, a repris de belles couleurs. D’autant que l’étau des scandales de corruption se resserre autour du couple fraternel présidentiel : Karina Mileí (la sœur et Première dame) risque en effet d’être prochainement inculpée pour prévarication (elle aurait organisé contre rémunération des audiences présidentielles pour des particuliers voulant proposer des affaires juteuses à son horrible frangin), et elle est impliquée dans la surfacturation des médicaments achetés à un grossiste marron par l’agence nationale du handicap (« les 3 % de Karina » est en train de devenir une expression proverbiale en Argentine. Un peu comme « les diamants de Giscard » en France).
Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12 sur les propos tenus par divers manifestants devant le Congrès (très émouvants témoignages de parents d’enfants sauvés du cancer au Garrahan et de plusieurs médecins et autres professionnels de cet hôpital de pointe)