Il y a presque deux ans, juste après l’investiture du président Javier Mileí, le gouvernement argentin a cessé de distribuer aux restaurants sociaux du pays (comedores) des vivres comme il en avait l’habitude pour soutenir en nature ces initiatives locales qui viennent au secours des plus démunis d’une manière décentralisée et proche du terrain.
Malgré de vives protestations dans tout le pays, la ministre du Capital Humain, lequel recouvre tous les champs d’action de l’État dont Mileí se contrefiche (l’éducation, la santé, la culture, entre autres), est restée inflexible, allant jusqu’à laisser perdre les denrées stockées dans deux immenses hangars dans deux sites distincts plutôt que de les distribuer à ceux qui en auraient eu besoin.
Cette femme sans cœur, cynique et qui n’a que du mépris pour les gens est allée jusqu’à prétendre que ces réserves avaient été constituées (par le gouvernement précédent, il ne pouvait pas en être autrement) pour pallier aux problèmes logistiques en cas de grande catastrophe. Or précisément, une grande catastrophe s’est produite pendant l’été austral 2023-2024 : des inondations phénoménales qui ont ravagé de grandes zones agricoles dans le nord du pays, ont fait plusieurs morts, des blessés et de très nombreux sans-logis. S’il y avait donc une occasion de répartir ces vivres, c’était précisément celle-là mais la ministre comme le président n’ont pas bougé le petit doigt en faveur des sinistrés.
Sans parler des ravages volontairement provoqués par la politique anti-sociale de Mileí qui, du jour au lendemain, a jeté à la rue beaucoup de gens, employés de l’État en premier lieu puis travailleurs du secteur privé payant les conséquences de la disparition des services d’État, tous rendus soudain incapables d’assurer un certain nombre de dépenses de leur vie courante (eau, gaz, électricité, téléphonie, carburant, loyer, transports, traites diverses et variées, voire tout simplement alimentation du mois).
Les associations se sont donc adressées assez rapidement à la justice et le ministère a fait traîner les affaires autant qu’il a été possible, allant jusqu’à solliciter la Cour suprême sur un arrêt de cour d’appel lui enjoignant de procéder à la distribution en respectant des conditions d’équité pour toutes les provinces et toutes les organisations, y compris celles relevant de courants politiques d’opposition. Or la ministre avait d’abord fait semblant d’exécuter une première décision de justice en distribuant une petite quantité de denrées aux institutions animées par des gens ouvertement de droite et uniquement à elles.
La Cour suprême (qui ne compte plus que trois membres depuis plusieurs années et penche pourtant nettement à droite) vient enfin de se prononcer : elle a validé l’arrêt de la cour d’appel. La ministre doit donc procéder maintenant à la distribution de toute cette nourriture qui attend dans les deux hangars et il faut espérer que la majeure partie en est encore consommable car des dates de péremption ont été dépassées à coup sûr pour plusieurs catégories d’aliments. Il va falloir suivre avec attention les opérations à venir car ce gouvernement a montré qu’il avait à cœur de ne pas respecter les décisions de justice. Il a en effet une très fâcheuse tendance à imiter le comportement ouvertement illégal et inconstitutionnel de l’administration Trump, lequel se comporte en parrain (au sens mafieux du terme) de son homologue argentin, lequel ne cache pas la fierté qu’il en tire, jetant pour se faire la souveraineté de son pays aux orties.
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