La Cour Suprême argentine
s'est prononcée sur l'affaire Nisman, cette enquête à
rebondissements sur la mort violente du procureur Alberto Nisman le
18 janvier 2015. Les magistrats, au nombre de cinq désormais, ont
décidé que l'enquête relevait de la justice fédérale. Ils estiment donc qu'il y a lieu de soupçonner que ce décès est lié à des causes institutionnelles et/ou
politiques et qu'il ne s'agit pas d'un simple fait divers.
Voilà de quoi contenter
les parties civiles, c'est-à-dire la mère (pas très claire), les filles (mineures) et
l'ex-épouse (très antipathique), elle-même juge fédérale qui n'a pas ménagé ses
efforts depuis deux ans pour obtenir ce changement de niveau judiciaire (et donc de magistrats).
Ici, l'affaire Nisman occupe le rectangle en haut à droite, sous le titre De l'autre côté, la fausse nouveauté des Malouines Cliquez sur l'image pour obtenir une très haute résolution |
Au cours de mon récent
séjour en Argentine, pour la première fois, j'ai entendu parler
d'éléments du dossier qui, s'ils étaient avérés, viendraient contredire la théorie de suicide qui tenait la corde jusqu'ici pour les magistrats instructeurs, jusqu'au très spectaculaire et très récent retournement de veste de la juge portègne en charge du dossier, quelques semaines après la prestation de serment du nouveau Président de la Nation. On murmure (très fort) en effet que plusieurs
caméras de surveillance dans le hall de l'immeuble résidentiel où vivait le
défunt magistrat, dans le très chic quartier de Puerto Madero, ne fonctionnaient pas en cette tragique journée
d'été 2015. Or la théorie du suicide repose en grande partie sur le fait
qu'aucune de ces caméras n'a enregistré les allées et venues du présumé
assassin (on ne voit personne d'étranger à l'immeuble de toute la journée) et on n'a pas non plus relevé de trace de la présence d'une autre personne, étrangère à la famille, dans l'appartement du défunt.
L'enquête va donc
probablement prendre une autre tournure et ce changement de cap est
directement lié à l'alternance politique et à l'arrivée au
pouvoir d'une nouvelle majorité. Si aucune procédure d'inculpation
ne devrait pouvoir être relancée contre Cristina Kirchner sur les
chefs d'accusation avancés par Alberto Nisman trois jours avant sa
disparition, au sujet d'une soi-disant haute trahison pour la
tentative de négociation avec l'Iran pour enquêter sur des
ressortissants de ce pays fortement soupçonnés d'être à l'origine
de l'attentat contre l'AMIA, dont était chargé Alberto Nisman (1),
il se pourrait qu'elle soit inquiétée pour la mort du procureur
dont on soupçonne qu'elle l'aurait commanditée, suggérée ou
inspirée.
Pour aller plus loin :
lire l'article de La Nación (de mercredi)
lire l'article de La Prensa (de mercredi)
lire l'article de Página/12 (mercredi). Le quotidien d'opposition interprète, comme
toujours depuis décembre dernier, ce retournement de l'affaire comme
le résultat d'un complot de la majorité contre Cristina Kirchner
(2)
lire l'article de Página/12 (hier)
Pour remonter l'histoire
de cette affaire très malodorante, cliquez sur le mot-clé Affaire
Nisman dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus.
Ajout du 28 septembre 2016 :
une nouvelle tentative de la DAIA (confédération d'organisations juives politiquement à droite) pour réactiver le réquisitoire de Nisman contre Cristina, sous prétexte d'apporter de nouvelles pièces au dossier, vient d'être rejetée en appel. Dans son arrêt, la Cour dénonce une probable manipulation partisane de la part de la DAIA, qui va sans doute se pourvoir en cassation. Il n'en reste pas moins que le juge Daniel Rafecas est soutenu dans son travail par ses confrères des juridictions d'autres niveaux d'une manière très constante sans que l'influence de l'exécutif se fasse sentir.
Sur ce sujet :
lire l'article de ce jour de Página/12
lire l'article de La Nación
lire l'article de Clarín
lire l'article de La Prensa
Ajout du 29 septembre 2016 :
lire l'article de Clarín sur les déclarations de Mauricio Macri, qui donne un point de vue personnel sur la mort de Nisman, mais sans l'imposer à personne et surtout pas à la justice dont il déclare qu'il veut, en tant que chef d'Etat, qu'elle puisse enquêter rapidement et en toute indépendance.
Ajout du 28 septembre 2016 :
une nouvelle tentative de la DAIA (confédération d'organisations juives politiquement à droite) pour réactiver le réquisitoire de Nisman contre Cristina, sous prétexte d'apporter de nouvelles pièces au dossier, vient d'être rejetée en appel. Dans son arrêt, la Cour dénonce une probable manipulation partisane de la part de la DAIA, qui va sans doute se pourvoir en cassation. Il n'en reste pas moins que le juge Daniel Rafecas est soutenu dans son travail par ses confrères des juridictions d'autres niveaux d'une manière très constante sans que l'influence de l'exécutif se fasse sentir.
Sur ce sujet :
lire l'article de ce jour de Página/12
lire l'article de La Nación
lire l'article de Clarín
lire l'article de La Prensa
Ajout du 29 septembre 2016 :
lire l'article de Clarín sur les déclarations de Mauricio Macri, qui donne un point de vue personnel sur la mort de Nisman, mais sans l'imposer à personne et surtout pas à la justice dont il déclare qu'il veut, en tant que chef d'Etat, qu'elle puisse enquêter rapidement et en toute indépendance.
(1) Cette procédure est
déjà définitivement close puisqu'elle a épuisé tous les recours
légaux et constitutionnels et que toutes les instances judiciaires
consultées ont conclu que le réquisitoire de Nisman n'apportait
aucune preuve d'aucun début de la moindre action légalement
répréhensible. Tout juste y a-t-il pour l'opposition matière à
contester la pertinence politique de la tentative d'entente avec
l'Iran. Comme on ne revient jamais sur la chose jugée dans un Etat
de droit, il est impossible d'ouvrir une nouvelle fois ce même
dossier.
(2) Le même quotidien
avait crié victoire à la mi-août lorsque la même Cour Suprême
avait annulé les augmentations unilatérales des tarifs de l'énergie
et obligé le gouvernement argentin à procéder à des consultations
publiques sur le sujet.