vendredi 23 septembre 2016

Rebondissement dans l'affaire Nisman [Actu]

L'affaire Nisman a droit à l'article en haut à gauche
En vedette, les déclarations fracassantes mais erronées de Mauricio Macri
qui croyait à l'ONU avoir obtenu du Royaume-Uni son accord
pour parler de la souveraineté des Malouines
La Première Ministre britannique a démenti
quelques heures après le bouclage des journaux à Buenos Aires.
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La Cour Suprême argentine s'est prononcée sur l'affaire Nisman, cette enquête à rebondissements sur la mort violente du procureur Alberto Nisman le 18 janvier 2015. Les magistrats, au nombre de cinq désormais, ont décidé que l'enquête relevait de la justice fédérale. Ils estiment donc qu'il y a lieu de soupçonner que ce décès est lié à des causes institutionnelles et/ou politiques et qu'il ne s'agit pas d'un simple fait divers.

Voilà de quoi contenter les parties civiles, c'est-à-dire la mère (pas très claire), les filles (mineures) et l'ex-épouse (très antipathique), elle-même juge fédérale qui n'a pas ménagé ses efforts depuis deux ans pour obtenir ce changement de niveau judiciaire (et donc de magistrats).

Ici, l'affaire Nisman occupe le rectangle en haut à droite, sous le titre
De l'autre côté, la fausse nouveauté des Malouines
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Au cours de mon récent séjour en Argentine, pour la première fois, j'ai entendu parler d'éléments du dossier qui, s'ils étaient avérés, viendraient contredire la théorie de suicide qui tenait la corde jusqu'ici pour les magistrats instructeurs, jusqu'au très spectaculaire et très récent retournement de veste de la juge portègne en charge du dossier, quelques semaines après la prestation de serment du nouveau Président de la Nation. On murmure (très fort) en effet que plusieurs caméras de surveillance dans le hall de l'immeuble résidentiel où vivait le défunt magistrat, dans le très chic quartier de Puerto Madero, ne fonctionnaient pas en cette tragique journée d'été 2015. Or la théorie du suicide repose en grande partie sur le fait qu'aucune de ces caméras n'a enregistré les allées et venues du présumé assassin (on ne voit personne d'étranger à l'immeuble de toute la journée) et on n'a pas non plus relevé de trace de la présence d'une autre personne, étrangère à la famille, dans l'appartement du défunt.

Página/12 aurait-il bouclé après ses confrères de la majorité ?
La une est consacrée à l'impair médiatico-diplomatique de Mauricio Macri
(qu'on voit ici à côté de sa ministre des Affaires étrangères)
L'affaire Nisman est reléguée en manchette en haut à droite

L'enquête va donc probablement prendre une autre tournure et ce changement de cap est directement lié à l'alternance politique et à l'arrivée au pouvoir d'une nouvelle majorité. Si aucune procédure d'inculpation ne devrait pouvoir être relancée contre Cristina Kirchner sur les chefs d'accusation avancés par Alberto Nisman trois jours avant sa disparition, au sujet d'une soi-disant haute trahison pour la tentative de négociation avec l'Iran pour enquêter sur des ressortissants de ce pays fortement soupçonnés d'être à l'origine de l'attentat contre l'AMIA, dont était chargé Alberto Nisman (1), il se pourrait qu'elle soit inquiétée pour la mort du procureur dont on soupçonne qu'elle l'aurait commanditée, suggérée ou inspirée.

Pour aller plus loin :
lire l'article de La Nación (de mercredi)
lire l'article de La Prensa (de mercredi)
lire l'article de Página/12 (mercredi). Le quotidien d'opposition interprète, comme toujours depuis décembre dernier, ce retournement de l'affaire comme le résultat d'un complot de la majorité contre Cristina Kirchner (2)
Pour remonter l'histoire de cette affaire très malodorante, cliquez sur le mot-clé Affaire Nisman dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus.

Ajout du 28 septembre 2016 :
une nouvelle tentative de la DAIA (confédération d'organisations juives politiquement à droite) pour réactiver le réquisitoire de Nisman contre Cristina, sous prétexte d'apporter de nouvelles pièces au dossier, vient d'être rejetée en appel. Dans son arrêt, la Cour dénonce une probable manipulation partisane de la part de la DAIA, qui va sans doute se pourvoir en cassation. Il n'en reste pas moins que le juge Daniel Rafecas est soutenu dans son travail par ses confrères des juridictions d'autres niveaux d'une manière très constante sans que l'influence de l'exécutif se fasse sentir.
Sur ce sujet :
lire l'article de ce jour de Página/12
lire l'article de La Nación
lire l'article de Clarín
lire l'article de La Prensa

Ajout du 29 septembre 2016 :
lire l'article de Clarín sur les déclarations de Mauricio Macri, qui donne un point de vue personnel sur la mort de Nisman, mais sans l'imposer à personne et surtout pas à la justice dont il déclare qu'il veut, en tant que chef d'Etat, qu'elle puisse enquêter rapidement et en toute indépendance.



(1) Cette procédure est déjà définitivement close puisqu'elle a épuisé tous les recours légaux et constitutionnels et que toutes les instances judiciaires consultées ont conclu que le réquisitoire de Nisman n'apportait aucune preuve d'aucun début de la moindre action légalement répréhensible. Tout juste y a-t-il pour l'opposition matière à contester la pertinence politique de la tentative d'entente avec l'Iran. Comme on ne revient jamais sur la chose jugée dans un Etat de droit, il est impossible d'ouvrir une nouvelle fois ce même dossier.
(2) Le même quotidien avait crié victoire à la mi-août lorsque la même Cour Suprême avait annulé les augmentations unilatérales des tarifs de l'énergie et obligé le gouvernement argentin à procéder à des consultations publiques sur le sujet.