mardi 24 janvier 2017

Bicentenaire de la Traversée des Andes : el Campo Histótico accueille un nouveau héros [Bicentenaire]

Portrait et signature de O'Brien
tirés du tome 3 de Album Militar de Chile (1810-1879)
par Pedro Pablo Figueroa (Santiago del Chile, 1905)
En 1980, sous la dictature militaire, on avait retiré du Campo Histórico del Plumerillo les restes du général Gerónimo Espejo, qui était à la fois l'un des acteurs de la Traversée des Andes et son tout premier historien. La tombe était éventrée et l'administration du site n'en prenait guère de soin. Les restes du général furent donc déplacés et reposent maintenant dans les jardins du lycée militaire de Mendoza, qui porte son nom. Un déplacement qui est très contesté aujourd'hui eu égard aux circonstances politiques qui lui sont associées.


Hier, dans le cadre des célébrations officielles du bicentenaire de la Traversée, le grand exploit de l'armée des Andes, organisée en Argentine (mais uniquement grâce à l'obstination de San Martín et au dévouement des Cuyains) pour aller libérer le Chili et assurer l'indépendance au niveau continental, la Province de Mendoza a négocié avec Buenos Aires de pouvoir enterrer dans ce haut-lieu de l'histoire nationale et locale les restes du général Juan O'Brien (1786-1861), qui récupère pour l'occasion ses noms irlandais complet, John Thomond O'Brien. Thomond est le nom du fief de la famille, qui descend d'anciens rois d'Irlande, antérieurs à la conquête de l'île par les Anglais. Depuis 1935, il reposait au cimetière de la Recoleta, à Buenos Aires. Il était décédé à Lisbonne, le 1er juin 1861, alors qu'il s'apprêtait à s'embarquer vers sa chère Argentine. Il était à 25 jours de ses 75 ans.

Il y a deux cents ans, John O'Brien, né à Wicklow, en 1786, avait gagné l'Amérique du Sud à l'âge de vingt ans, avec un petit bagage militaire et une longue tradition familiale agricole, en quête d'un moyen de vivre après la perte de la fortune héritée de son père, engloutie par de mauvaises affaires dans l'élevage de chevaux de course. Installé à Buenos Aires comme clerc dans un comptoir de commerce britannique, il put s'enrôler en 1812 dans l'escadron d'élite des grenadiers à cheval que San Martín avait obtenu l'autorisation de former le 16 mars, une semaine après son arrivée dans la capitale révolutionnaire. En 1817, l'Irlandais était capitaine dans ce qui était devenu un régiment complet et il occupait auprès de San Martín les fonctions d'aide-de-camp. C'est lui qui l'accompagna aussi sur le chemin du retour, après la victoire de Chacabuco et la libération presque complète du Chili (12 février 1817) lorsque San Martín fit le voyage jusqu'à Buenos Aires pour négocier l'aide du Directeur Suprême, Juan Martín de Pueyrredón, en faveur de la poursuite de la campagne continentale et pour solliciter le soutien des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne (1). Par la suite, O'Brien a servi au Chili et au Pérou et sa bravoure lui a valu le généralat. Après sa carrière militaire, il retourna au travail agricole malgré les difficultés politiques qu'il eut à traverser.

L'urne du général a été exposée à la Legislatura de Mendoza
recouverte d'une copie du drapeau de l'armée des Andes (qui est aussi le drapeau provincial)
veillé par deux soldats du 11e régiment d'infanterie de montagne,
qui trouve son origine dans le batallón 11 de l'armée des Andes

Les restes du général O'Brien reposent à présent dans une urne en métal de canon d'un poids de 240 kg, qui a été déposée dans une fosse au milieu des arbres qui égayent le site et l'ombragent dans les grandes chaleurs de l'été.
L'arrière-arrière petit-fils de John O'Brien avait fait le voyage pour participer à la cérémonie.

Le Camp d'Instruction de El Plumerillo, site musée de la commune de Los Heras, limitrophe avec l'actuelle Mendoza, est désormais prêt à accueillir ce soir, vers 19h, le Président Mauricio Macri qui présidera l'acte officiel de commémoration, lors d'une cérémonie rapide puisque le chef de l'Etat ne doit passer qu'une heure sur place...

Pour aller plus loin :



(1) Ce qui se traduisit par l'arrivée à Buenos Aires dans les mois qui suivirent d'éclaireurs diplomatiques qui vinrent observer ce qu'il se passait et rendirent des rapports favorables, qui à leur tour conduisirent ces pays à reconnaître les nouveaux Etats en moins de dix ans.