mardi 8 août 2017

A la San Cayetano, l'opposition monte au créneau [Actu]

Image d'une Plaza de Mayo pleine à craquer hier après-midi à la une de Página/12
"Ils réclament du pain, on ne le leur donne pas", dit le gros titre

Hier, 7 août, l'Argentine fêtait la San Cayetano, ce saint évêque italien qui est devenu aux antipodes le saint patron du pain et du travail. C'est lui que viennent prier tous les catholiques argentins qui recherchent du travail, qui sont au chômage ou dont le travail est menacé ou se détériore... C'est dire que l'affluence dans les sanctuaires dédiés à ce saint est ce jour-là un assez fiable thermomètre pour la santé socio-économique du pays.

La Prensa a partagé le bas de sa une en deux :
à gauche, le cardinal Poli donnant la communion à la foule, à la messe,
hors du sanctuaire de Liniers
à droite, la manifestation péro-kirchneriste
Le gros titre emprunte au poète-compositeur Enrique Santos Discépolo :
La Biblia junto al calefón est un vers du tango Cambalache (1)

Dans la semaine qui précèdent les PASO, les primaires à l'argentine, qui se tiendront dimanche prochain, il était à peu près inévitable que les organisations militantes politisent la tradition. Cela n'a pas manqué avec une très grosse manifestation sur Plaza de Mayo, à Buenos Aires, où toute la gauche péroniste et kirchneriste s'était donné rendez-vous, avec les calicots d'usage et l'organisation collective qui caractérise cette tradition politique en Argentine.

Clarín a choisi une photo où les manifestants envahissent l'avenida 9 de Julio,
l'avenue la plus large au monde avec ses 140 mètres
On voit qu'il y avait du monde !

Côté religieux, la fête a rassemblé beaucoup de fidèles. Le petit sanctuaire du quartier de Liniers, à Buenos Aires, débordait de monde comme tous les 7 août. La traditionnelle homélie du primat d'Argentine, l'archevêque de Buenos Aires, le cardinal Mario Poli, était très attendue par les observateurs politiques et les journaux la reprennent ce matin.

La Nación ne consacre à la manifestation qu'un petit titre (dans la colonne de droite)

C'est aussi en ce jour très symbolique que le ministre de la Production a avoué que le gouvernement ne parviendrait pas à juguler l'inflation, une des promesses électorales clé du président Mauricio Macri il y a deux ans. A quelques jours d'un scrutin de mi-mandat, cette franchise ne manque pas de cran, même si la nouvelle n'est pas bonne (et pas surprenante non plus).

Pour en savoir plus :
lire l'article de La Prensa sur les déclarations gouvernementales qui s'offusquent de la politisation de la fête religieuse (qui a imaginé qu'il est serait autrement ?)
lire l'article de La Prensa sur la dimension religieuse de la journée et celui sur l'homélie du cardinal Poli
lire l'article de La Nación sur les propos du cardinal
sur la situation économique
lire l'article de La Nación



(1) Cambalache fait partie de ce corpus de chansons historiques que j'ai publié avec ma traduction en français dans Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins, aux Editions du Jasmin.