jeudi 6 octobre 2022

On attend le troisième saint argentin dimanche [ici]

Le nouveau saint à la fin de sa vie


Le bienheureux Artemides Zatti, soignant italien, frère coadjuteur dans la congrégation des Salésiens, fondée en Italie par saint Jean Bosco et répartie dans toute l’Amérique du Sud, exerça ses talents infirmiers et pharmaceutiques dans un hôpital catholique en Patagonie, auprès des populations locales et notamment des peuples premiers.

Zatti avec l'allure du parfait immigrant italien

Dimanche prochain, il sera canonisé sur la place Saint-Pierre, par le pape François, son compatriote, qui semble vouloir rattraper le retard pris par son pays natal qui compte pas mal de figures qui, toute édifiantes qu’elles soient pour les croyants, ne bénéficient pas de la part de l’Église universelle de la reconnaissance qu’elles mériteraient. Une injustice qui sent son ancien esprit colonial !

C’est ainsi que Zatti n’est que le troisième saint du pays après le très populaire Cura Brochero (une sorte de Curée d’Ars où les montagnes de Córdoba remplacent les hauteurs du Lyonnais) et Héctor Valdiviedo Sáez, un martyr qui jouit d’une bien moindre notoriété dans son pays.

Une photo de Zatti
avec un verset évangélique manuscrit

A Buenos Aires, dans le quartier central de Almagro, Artemides Zatti, assez médiocrement connu lui aussi dans l’ensemble du pays, est en revanche largement vénéré à la basilique San Carlos y María Auxiliadora, l’église des salésiens et aussi celle de la paroisse locale, là où Carlos Gardel a appris à chanter dans la chorale de l’école salésienne (devenue publique depuis) où il se formait au métier de typographe (qu’il n’a jamais vraiment exercé), où Aníbal Troilo, né pas très loin de là, aimait assister à la messe de Minuit et à partir de laquelle fut fondé le Club Atlético de San Lorenzo de Almagro (et Boedo), dont le pape est sociétaire (là, on parle foot, vous aviez compris). Je me souviens de ce portrait de Zatti qui trônait dans l’une des chapelles latérales alors qu’il n’était encore que vénérable à mon premier séjour à Buenos Aires en 2007, quand je logeais à un jet de pierre de là. La paroisse s’enorgueillissait alors de ses deux vénérables : d’un côté, cet infirmier italien mort à Viedma ; de l’autre, le jeune étudiant mapuche, fauché en pleine jeunesse par la tuberculose, à Rome, pendant ses études au grand séminaire, Ceferino Namuncurá, le tout premier bienheureux argentin (lui aussi élevé aux autels par François), qui était aussi, paradoxalement, le petit-fils du dernier cacique mapuche qui ait pris les armes contre l’État argentin pendant la mal nommée « Conquête du Désert » du général et futur président de la République, Julio Argentino Roca (la conquête de la Patagonie argentine par les descendants d’Européens au détriment du peuple mapuche qui depuis plusieurs semaines se rappelle au bon souvenir de Buenos Aires avec des occupations de terrains qui leur ont été pris à la suite de cette campagne militaire sanguinaire).

C’est aussi dans cette basilique que le Pape lui-même a été baptisé le jour de Noël 1936. C’est vous dire qu’il connaît la question !

Zatti dans son service hospitalier
dans la cour de l'établissement où il travaillait, au milieu des patients
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Pendant tout le week-end, samedi et dimanche, la basilique San Carlos y María Auxiliadora accueillera de grandes célébrations pour accueillir ce nouveau saint qui avait vécu dans le coin à son arrivée en Argentine et avait prononcé ses vœux religieux dans la congrégation sans prendre l’habit puisqu’il n’était pas allé jusqu’au sacerdoce.

La cérémonie romaine, qui commencera à 10 h (heure italienne), sera retransmise en Argentine à 5 h du matin ! Pour les courageux et les convaincus.

© Denise Anne Clavilier


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