En compagnie du président de l'INB, Manuel Belgrano, un descendant du général dont un portrait imaginaire trône derrière nous |
Le 23 septembre dernier, à
Buenos Aires, le président de l’Instituto Nacional Belgraniano m’a
remis le prix General Manuel Belgrano pour l’ensemble de mon
travail de vulgarisation de la culture argentine en français et tout
particulièrement pour la biographie de Manuel Belgrano que j’ai
publiée en France en 2020, quelques semaines à peine avant le
premier confinement (Manuel
Belgrano, l’Inventeur de l’Argentine,
Éditions
du Jasmin).
Ce travail avait été présenté
à l’Ambassade argentine, le 27 février 2020, une date symbolique
qui émeut beaucoup les membres de l’Institut puisqu’il s’agit
de la date de la création du drapeau national, imaginé par Manuel
Belgrano afin de distinguer sur le champ de bataille les troupes
révolutionnaires qu’il commandait de celles de l’ennemi, les
troupes coloniales fidèles à l’Ancien Régime, alors que jusqu’à
cette date, tout le monde combattait sous les mêmes couleurs rouge
et jaune, celles de l’Espagne.
Le titre que j’ai donné à
cette biographie a lui aussi beaucoup plu car il rend compte de l’un
des aspects du personnage qui est très peu et très mal développé
dans le discours que les Argentins tiennent traditionnellement sur
lui. Trop souvent, Belgrano y est en effet réduit à la seule
création du drapeau. Or dans sa courte vie, il a réalisé
infiniment plus. Dans ces conditions, qu’une historienne française
en parle ainsi ! Surtout si en plus, elle a travaillé
directement à partir des sources et non pas de l’habituel
salmigondis de biographies publiées en Argentine pas d’autres
auteurs… cela pouvait impressionner ce public de connaisseurs.
Une partie de la promotion 2020-2022. Je suis entourée de l'historien Matías Dibb et de l'aumônier de l'INB au premier rang |
A cause de la pandémie, cette
année, la cérémonie a exceptionnellement rassemblé trois
promotions successives de récipiendaires. En ce jour du 23 août qui
marque l’anniversaire de l’Évacuation
de Jujuy (Exodo
Jujeño), elle
résonnait d’autant plus pour moi qu’au même moment, dans un
autre point du globe où je vis, en Europe, un autre pays était en
train d’assurer son avenir en évacuant une partie de son
territoire avant de lancer une contre-offensive dont on admire
maintenant le succès… Comme en 1812 ! Puisque que l’Exode
Jujègne fut suivi d’une spectaculaire reconquête du territoire
perdu, Belgrano remontant avec succès jusqu’en Bolivie !
Avec l'historienne Norma Ledesma lors de la remise du prix sous les yeux de l'actuel colonel des Patricios |
Tout le monde s’était
rassemblé à Palermo, dans le grand hall d’honneur de la caserne
du 1er
Régiment d’infanterie dit de Los Patricios, dont Manuel Belgrano
(1770-1820) a été le second commandant. Los Patricios est le plus
ancien régiment du pays. A Buenos Aires, il assure les missions de
protocole et de sécurité des autorités municipales. Il a en effet
été constitué en 1806 comme milice citoyenne de volontaires de
Buenos Aires pour repousser un corps expéditionnaire britannique qui
cherchait à s’emparer d’un bout de l’empire espagnol puisque
le roi Carlos IV était alors allié de Napoléon : il
s’agit d’un épisode épique, baptisé Las
Invasiones Inglesas,
dont les Portègnes tirent une légitime fierté et dont Manuel
Belgrano, encore économiste civil à la tête de la Corporation des
Marchands, a été considéré par ses contemporains comme l’un des
principaux héros, au point que les autorités municipales encore
coloniales ont donné son nom à l’une des rues de la petite
bourgade qu’était alors Buenos Aires. C’était la première fois
que la ville introduisait des noms historiques dans sa toponymie,
remplie jusqu’alors de saints et de notions religieuses.
Après toutes ces émotions matinales, on avait faim ! Un magnifique et très bon gâteau au dulce de leche nous attendait sous ce décor en pâte d'amande réalisé par une pâtissière amateure très douée |
En ce 210e anniversaire de l’Exodo Jujeño, la musique du régiment a participé à la fête... avant de retourner à ses répétitions de l’hymne ukrainien, puisque le lendemain, le 24 août, l’ambassade de ce pays fêtait sa propre fête nationale, son jour de l’Indépendance (restée parfaitement inaperçue dans ce pays gouverné par des prorusses qui ne savent pas trop comment, à l’heure actuelle, ils vont se dépatouiller quand il faudra se prononcer d’ici quelques jours, à l’assemblée générale de l’ONU, sur les rapines de la dictature russe sur le territoire ukrainien).
Une semaine plus tard, cette fois-ci à San Telmo, dans la salle de La Vereda de Beba, un cena-show de taille modeste, je participais à une émission que je connais depuis plusieurs années, Hablando de Arte con Nolo Correa. Un talk-show culturel, en espagnol bien sûr, diffusé à la radio puis à la télé, sur une chaîne de la TNT argentine. Depuis plusieurs années, Nolo Correa, qui en est le producteur et l’animateur principal, diffuse aussi l’émission sur Youtube, où l’on peut donc regarder l’ensemble de la collection, semaine après semaine. Et comme Nolo est un excellent intervieweur, cela vaut la peine de s’abonner à cette chaîne digital.
Un petit retour sur images que je suis heureuse de partager sur Barrio de Tango.