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La Universidad Nacional de Lanús, située dans la banlieue sud de Buenos Aires, vient de mettre en place un département qui étudiera et améliorera la fabrication du bandonéon, cet instrument emblématique du tango, tout en contribuant à en produire. Solution offerte aux musiciens qui subissent de plein fouet la pénurie d’instruments neufs.
La fabrique historique des meilleurs bandonéons, qui a rouvert ses portes il y a vingt ans dans l’ex-RDA, après la confiscation des locaux pendant les quarante ans qu’a vécu ce pays inféodé à l’Union soviétique, n’est pas en mesure de répondre au marché argentin en quantité et en qualité. Les processus artisanaux du facteur original allemand se sont définitivement perdus avec sa mort, pendant la Guerre froide, et la disparition de ses ouvriers les uns derrière les autres.
Les quelques tentatives qui se sont déjà montées en Argentine et singulièrement à Buenos Aires n’ont pas bénéficié de l’appui dont elles auraient eu besoin de la part des pouvoirs publics. Mauricio Macri, alors chef du Gouvernement de la Ville Autonome de Buenos Aires, s’est même arrangé pour flinguer un projet artisanal de grande qualité au profit d’un prétendu « Polo Bandoneón » dont on attend toujours qu’il fonctionne.
Le gouvernement national a pris des mesures pour interdire la sortie du territoire des instruments de plus de quarante ans mais il n’est pas sûr que la loi soit toujours correctement appliquée. Quant aux collectionneurs, ils font le reste en conservant par devers eux des bandonéons anciens, ce qui entrave le fonctionnement du marché de seconde main au détriment des instrumentistes, en activité ou en formation.
L’université de Lanús lance donc son propre chantier pour produire des instruments baptisés Pichuco, le surnom du bandonéoniste le plus illustre de Buenos Aires, Aníbal Troilo. Ils ont trouvé des solutions pour se procurer des matériaux capables de remplacer ce qu’utilisaient originellement les ateliers historiques de Saxe, là où l’instrument est né au milieu du 19e siècle avant d’entamer un long voyage vers le Río de la Plata, sans doute dans les bagages d’un immigrant musicien.
Souhaitons à ces courageux universitaires beaucoup de chance pour faire prospérer leur entreprise.
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