L’équipe de campagne de Sergio Massa, l’actuel ministre de l’Economie et le candidat de la gauche gouvernementale, qui arrive en deuxième position dans tous les sondages publics parus jusqu’à la semaine dernière, vient de dégainer un dernier argument, le dernier jour de la campagne puisqu’on est maintenant entré dans la veda electoral (le silence que doivent respecter tous les candidats 48h avant le scrutin, qui se tiendra dimanche pour le 1er tour, afin de laisser les citoyens réfléchir en paix).
Sur les quais des gares (donc
essentiellement à Buenos Aires et dans sa région), sont
apparues hier matin de
grandes affiches très colorées et très sobres qui comparent le prix du billet actuel,
avec une subvention
publique que verse l'Etat aux
exploitants des transports en commun,
avec celui qu’il
faudrait payer sans cette
subvention que les deux candidats se revendiquant du libéralisme,
Javier Mileí (premier dans les sondages) et Patricia Bullrich
(troisième)
ont promis de supprimer pour alléger le budget national ou
pour laisser tout le monde se débrouiller tout seul.
La violence des réactions de Bullrich et des journaux de droite, qui dénoncent une « campagne sale », c’est-à-dire déloyale, et des mensonges éhontés, pourrait bien indiquer que cet argument est très efficace. Leur problème est que selon la loi électorale, plus personne ne peut répliquer. Bien joué donc, côté Massa !
Beaucoup de gens se souviennent encore
(ils n’ont guère de mérite à cela)
des effets désastreux pour les budgets familiaux des
premières décisions économiques de
Mauricio Macri, il y a huit ans, lorsqu’en
arrivant au pouvoir, il avait
supprimé les subventions aux fournisseurs d’énergie : les factures de gaz
et d’électricité s’étaient envolées du jour au lendemain,
laissant beaucoup de gens dans la précarité énergétique. Les
journaux évoquent l’illégalité du procédé. Bullrich porte même plainte devant la justice.
La Prensa se montre plus discrète : l'information est traitée tout en bas à gauche Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
La presse de droite est tellement révulsée qu’elle met l’affiche à la une, avec photo en couleurs en ce qui concerne les deux journaux les plus vendus, Clarín et La Nación ! A première vue, ce choix éditorial relève d’une erreur stratégique : ils donnent du retentissement à un argument de leurs opposants quand ni Bullrich ni Mileí n’ont le temps de concevoir, faire imprimer et distribuer des affiches ou des tracts pour démentir ce raisonnement. Stupéfiant !
Dans les derniers sondages publics, les trois candidats se tenaient dans un mouchoir de poche. Les intentions de vote pour tous les trois présentaient un écart maximum de 8 points, ce qui est peu pour ce nombre de candidats (on est dans la marge d'erreur pour tous), d’autant que deux d’entre eux se disputent le même secteur de l’électorat, la droite partisane de la dérégulation économique et sociale, de la répression brutale (de tout et de n’importe quoi, depuis les voleurs de pomme jusqu’à la corruption en passant par les crimes de sang) et de la réduction de l’État.
Pour aller plus loin :