Sergio Massa, debout, s'exprime pendant la campagne devant une assemblée de patrons |
1) On le connaît déjà, on connaît ses idées et sa manière de gouverner.
2) On s’en est accommodé jusqu’ici et on n’en est pas mort.
3) L’autre est un fou furieux dont on ignore tout de la manière dont il gouvernerait.
Trois bonnes raisons pour les dirigeants économiques argentins de penser qu’il faut voter Massa dans trois semaines, commence-t-on à entendre dans les beaux quartiers, d’après Página/12, le seul quotidien à se pencher sur la question aujourd’hui. Les autres journaux (tous de droite), encore sous le coup de la douche froide de dimanche soir, se tâtent encore pour savoir de quel côté ils vont eux-mêmes faire pencher leur rédaction. Quant au patronat, les journalistes ont encore le temps de le laisser s’exprimer de lui-même et ouvertement.
Or ces derniers mois, dans l’espoir d’aider Patricia Bullrich à l’emporter, ce même patronat argentin menait la vie dure au gouvernement, croyant sans doute affaiblir ainsi le présidentiable de gauche et ministre de l’Economie au profit de la candidate du parti libéral de gouvernement (le PRO, leader de l’alliance électorale Juntos por el Cambio, « ensemble pour le changement »). Ils refusaient de négocier ou de faire des concessions sur les prix pour lutter contre l’inflation des prix au détail et limiter la livraison des produits de sorte que les magasins aient une offre décevante pour leurs clients qui l’auraient alors attribuée à la mauvaise gestion de la crise par ses incapables du gouvernement.
Mais le résultat du premier tour bouscule ces certitudes erronées et sème la panique un peu partout dans les rangs avec l’arrivée à la deuxième place d’un fou échevelé et grossier que les économistes de tous bords avaient la semaine dernière supplié les électeurs d’écarter du pouvoir, y compris le Français Guy Sorman qui a eu Mileí parmi ses étudiants à Buenos Aires et s’est exprimé avec sévérité à son égard depuis l’Espagne dans les dernières minutes de la campagne.
Dans un article intitulé Triple salto arrière au cœur du Cercle rouge (un bastion patronal), Página/12 analyse les rapides changements d’attitude tant dans les argumentaires politiques des responsables patronaux que dans leurs négociations avec le gouvernement.
Du côté de Juntos por el Cambio, il semblerait aussi qu’on rebatte les cartes et qu’un certain nombre d’alliés se tournent à présent vers Sergio Massa, qui inspire davantage confiance aux personnes sensées par-delà les divergences idéologiques. De son côté, Patricia Bullrich a jusqu’à présent préconisé de ne voter ni pour l’un ni pour l’autre des deux candidats en lice. On la voit mal assouplir sa posture puisque tout son comportement laisse croire qu’elle est psychorigide. Mileí l’invite toutefois à le rejoindre mais vu toutes les insultes qu’il lui a balancées pendant la campagne, il est permis de douter et de sa sincérité et de la capacité de la candidate battue d’accepter pareille humiliation. L’alliance à droite semble n’avoir plus que quelques jours à vivre.
Pour aller plus loin :
Ajout du 25 octobre 2023 :
lire cet
article de Página/12
sur le raisonnement des dirigeants économiques concernant la
stratégie perdante de Mauricio Macri, très tenté depuis longtemps
d’apporter son soutien à Mileí.