vendredi 30 mai 2025

A San Isidro, on recommence tout… plus tard [Actu]

Le titre fait référence à un argument des parties
civiles qui accusent la justice de se moquer du monde
Il reprend la célèbre déclaration de Maradona
quand il a quitté le terrain de foot : La pelota
no se mancha
: Le ballon reste sans tâche.
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Au palais de justice de San Isidro, il a été décidé de recommencer le procès sur la mort de Diego Maradona depuis le début. Toutes les audiences déjà tenues, toute la procédure orale sont nulles et non avenues, au grand soulagement des accusés, dont la condamnation était déjà prévue dans le scénario de la série documentaire en cours de tournage dans le prétoire et chez la juge, et au désespoir des parties civiles, qui ont leur dose de souffrance.

"Retour à la case départ", dit le gros titre
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"La honte : le procès sur la mort de Maradona
reprendra de zéro avec de nouveaux juges", dit le gros titre
Le journal a préféré mettre en valeur
cette photo du "nouveau" monument à Staline
remis en place par Poutine dans le métro de Moscou
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La juge, qui a participé en toute connaissance de cause au tournage clandestin, va passer devant un conseil de discipline et les deux autres juges qui forment le tribunal y passeront eux aussi, même si jusqu’à présent, on n’a rien vu qui les implique dans ce documentaire insensé. Sans doute la magistrature préfère-t-elle examiner tout le monde par souci de justice et d’égalité et pour qu’on ne parle pas de favoritisme ou de complicité cachée.

Le gros titre est consacré à un scandale
de corruption concernant les kirchneristes
En-dessous, deux filles de Maradona au
palais de Justice de San Isidro un jour d'audience
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© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :
lire l’article de Une de Página/12
lire l’entrefilet de La Prensa sur l’annulation de la procédure en cours
lire l’article de La Prensa sur l’inclusion des deux autres magistrats du siège dans l’examen des faits constitutifs d’une faute professionnelle majeure
lire l’article de Clarín
lire l’article de La Nación

jeudi 29 mai 2025

Les scientifiques dans la rue et à la rue [Actu]

Affiche appelant à la manifestation
"Personne ne se sauve soi-même.
Une neige toxique est en train de détruire
la science et l'université", dit-on en haut de l'affiche
C'est une allusion au début du premier épisode
(celui de 1958), lorsqu'une neige étrange recouvre Buenos Aires
(où il ne neige presque jamais)
Comme si en France, on appelait à la manifestation ainsi :
"Nous sommes en 50 avant Jésus Christ.
Toute la Gaule est occupée.
Toute ? Non ! Un village peuplé d'irréductibles Gaulois..."
En bas : "Agissons dès maintenant"


Hier, de nombreux scientifiques du CONICET, le centre national de recherche scientifique et technologique argentin, se sont rassemblés au Pôle Scientifique de Buenos Aires pour manifester leur colère et exprimer leurs revendications en faveur d’un service public de la recherche, une nécessité si l’Argentine prétend compter dans le monde.

Or ce n’est pas du tout le chemin choisi par Javier Mileí dès sa prise de fonction. Tout au contraire : suppression des bourses de recherche, coupes claires dans les budgets des universités et des laboratoires du Conicet, suppression de postes en quantité astronomique, fermeture de départements entiers. Et maintenant, dénigrement des études supérieures sur la chaîne de télévision publique destinée aux enfants, Paka Paka nouvelle mouture !

Avec cela, le ministre de la Santé vient de dérouler le tapis rouge à son homologue des États-Unis, le plus catastrophique rejeton de la dynastie Kennedy, et ils ont annoncé tous les deux que l’Argentine confirmait son retrait de l’OMS. Mileí suit Trump dans tous ses délires !

Il se trouve qu'une vague de froid roule sur l'Argentine
et qu'il a neigé dans certaines provinces du sud
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Les manifestants ont profité du succès du film El Eternauta, adaptation d’une célèbre bande-dessinée de science-fiction homonyme, signée par un scénariste disparu en 1977 sous la dernière dictature militaire, Héctor Germán Oesterheld, et dont le premier épisode est paru en 1958, alors qu’un gouvernement à la main des États-Unis dirigeait l’Argentine, après le coup d’État contre Perón, pourtant démocratiquement élu pour un second mandat. Or il se trouve que l’acteur qui joue le rôle principal, Ricardo Darín, ne cache pas son opposition au gouvernement en place. Tout s’aligne donc pour que les allusions à l’œuvre soient très lisibles pour tout le monde là-bas (un peu moins pour nous en Europe). C’est de là que viennent ces masques de plongée ou de scaphandre arborés par les manifestants, un attirail propre à la bande dessinée, et ce slogan, qu’ils lui ont emprunté : « Personne ne se sauve soi-même ».

La manifestation dans la ville de Tucumán, au nord-ouest du pays
La photo est prise devant la belle maison coloniale et patricienne
où a été proclamée l'indépendance le 9 juillet 1816 !
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Et preuve que l’inquiétude se répand dans le monde intellectuel argentin : même certains journaux de droite font écho à la manifestation là où, il n’y a pas longtemps, seul Página/12 en aurait parlé.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :
lire l’article de Une de Página/12, sur la manifestation
lire l’article de Página/12 sur la réaction du Forum latino-américain pour le droit universel à la santé contre l’alignement de l’Argentine sur les positions criminelles de Trump et ses ministres en la matière
lire l’article de La Prensa
lire l’article de Clarín

La juge à la demi-solde ! [Actu]

"Mise à pied de la juge Makintach pour 90 jours",
dit le gros titre du journal de la droite catholique réactionnaire
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La Cour suprême de la Province de Buenos Aires a mis à pied, à titre conservatoire, la présidente du tribunal qui jugeait les médecins, la psychologue et les infirmiers qui devaient veiller sur Diego Maradona au moment de sa mort. La Cour a en effet jugé que la magistrate de San Isidro, dans la banlieue nord de Buenos Aires, avait manqué aux devoirs de sa charge et à la dignité de sa fonction en participant, clandestinement, au tournage d’une série documentaire sur le procès en cours, un documentaire qui allait la mettre en vedette, un documentaire scénarisé jusqu’au verdict final et filmé, dans le prétoire, à l’insu de tout le monde jusqu’à ce que le pot-aux-roses soit découvert au début de la semaine. Il s’avère que le premier épisode de la série est déjà monté et prêt à la diffusion, ainsi que la bande-annonce, qui circule un peu partout.

La juge passe donc à mi-salaire pendant 90 jours, période renouvelable jusqu’à ce que l’équivalent du conseil de discipline puisse siéger et statuer. Théoriquement, il doit prononcer soit sa réintégration soit son exclusion définitive de la magistrature.

En l’état de connaissance publique des faits qui lui sont reprochés et des preuves rassemblées, la réintégration n’est pas envisageable. Il faudrait pour cela qu’elle dispose d’une défense exceptionnellement solide ou qu’elle puisse corrompre ses juges, les deux étant assez difficiles eu égard à la publicité du scandale. De toute façon, si elle était réintégrée après un tel esclandre, des émeutes populaires seraient à craindre d’autant que pour le moment, la province est encore gouvernée à gauche, par un gouverneur en opposition ferme à Mileí, pour qui tout est bon à vendre, y compris sans doute la justice.

Il ne lui reste donc que le choix entre la démission (le plus probable) ou l’exclusion prononcée par le conseil de discipline dans un délai encore indéfini. Avant-hier, elle a déjà été licenciée par l’université où elle dispensait des cours de droit pénal.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12
lire l’article de La Prensa
lire l’article de Clarín
lire l’article de Une de La Nación, un billet d’opinion pour l’occasion.

mercredi 28 mai 2025

Rebondissement dans le « procès Maradona » : la présidente est débarquée [Actu]

"Que D10S [Dieu le 10] lui pardonne", dit le gros titre
avec deux jeux de mots : D10S, qui est ancien,
et perdonar qui veut dire à la fois pardonner, absoudre et gracier
La photo représente la juge sur fond de palais de justice à San Isidro
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Les thérapeutes, qui étaient censés veiller sur Diego Maradona, el 10, D10S, à sa sortie de clinique après une opération au cerveau dont l’utilité est fort contestée et qui étaient en charge de sa santé lorsqu’il est décédé dans un abandon invraisemblable, étaient en train de passer en jugement depuis plusieurs semaines à San Isidro, banlieue cossue de Buenos Aires où les faits se sont produits.

"Quelle honte !" s'exclame le gros titre à droite
sur une photo de la jolie juge à la cervelle de moineau
En bas : audience présidentielle pour RFK, l'affreux jojo
qui sert de ministre de la Santé à Trump,
photographié hier à côté de Mileí et avec la tronçonneuse.
Quels crétins !
Le gros titre principal parle des gros billets que le gouvernement
aimerait bien que les Argentins sortent de dessous le matelas
pour les investir dans l'économie brinquebalante du pays
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Or il y a quelques jours, on a découvert que la présidente du tribunal avait signé un contrat pour faire de ce procès retentissant une juteuse série documentaire dans laquelle elle aurait tenu la vedette et pour laquelle elle était filmée à tout moment, avant, pendant et après les audiences. Personne n’en savait rien avant cette découverte fortuite. Pire que cela encore : la série documentaire était d’ores et déjà scénarisée de bout en bout, avec une histoire déjà découpée en séquences narratives et cinématographiques, avec un commentaire en voix off écrit de A à Z et avec un dénouement comportant des condamnations déjà fixées.

"Maradona : sur un nouveau scandale, la juge
a dû s'en aller. Décision à venir sur ce qu'il se passera pour le procès",
dit le gros titre au-dessus du visage de la juge démie
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La juge vient donc d’être débarquée et le procès est suspendu. On ne sait ni si ni quand il pourra reprendre, ce qu’il en sera des audiences qui ont déjà eu lieu ni ce qu’il adviendra de l’ensemble du dossier, alors que les débats avaient fait apparaître la gravité du délaissement du patient et le maintien à distance des membres de sa famille dès qu’un Maradona impotent avait été (fort mal) installé dans cette maison inconfortable, où il n’a survécu que quelques jours.

Sous la photo de la juge seule dans un couloir
du palais de justice de San Isidro :
"Maradona : dessaisissement de la juge au scandale"
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C’est un scandale considérable, comme le montrent ces Unes, car il met à nouveau à jour le rare degré de corruption auquel s’est abaissée une partie de la magistrature. Or cette fois-ci, c'st au vu et au su du monde entier, eu égard à la personnalité de la victime des crimes, délits et manquements professionnels qui arrivent dans le prétoire.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :
lire l’article principal de Página/12
lire l’article de Página/12 qui donne le scénario complet du documentaire avorté (ce n’est pas le seul quotidien à révéler l’intégralité de l’« œuvre »)
lire l’article de La Prensa
lire l’article principal de La Nación
lire l’article de La Nación sur l’avalanche de plaintes et de demandes de révocation de la magistrate
Clarín réserve à ses abonnés la lecture de son article en ligne.

Endoctrinement libertarien des enfants sur la nouvelle version de Paka Paka [à l’affiche]

Zamba, son éternel enthousiasme, sa blouse blanche et son cartable sur le dos !
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Paka Paka est une chaîne de télévision pour les enfants au sein du groupe de la télévision publique nationale argentine. La chaîne a été créée en 2010, l'année du Bicentenaire de la Révolution de Mai, sous le mandat de Cristina Kirchner et la droite a pris l’habitude de la haïr en prétendant qu’elle diffusait de la propagande kirchneriste.

C’était très largement faux. En revanche, avant Mileí, cette chaîne promouvait des valeurs démocratiques comme la tolérance, l’inclusion, le partage, la lutte contre le racisme, le patriotisme. Les programmes permettaient aux petits de découvrir la géographie et l’histoire du pays, l’existence des peuples autochtones, la variété des expressions artistiques nationales, les pays limitrophes ou plus lointains, comme le Venezuela ou le Mexique (tous les deux confondus par la droite dans la même haine de la « gauche » qui les gouverne alors qu’il y a une dictature dans un cas et une démocratie dans l’autre).

Le petit personnage iconique de la chaîne, Zamba, écolier, comme l’indique son éternelle blouse blanche portée par tous ses semblables en Argentine, originaire du nord-est du pays, encore largement marqué par la présence guaranie (comme le montre le teint cuivré du petit garçon), entraînait aussi les jeunes téléspectateurs dans des leçons de biologie, de chimie ou d’astronomie, voire de diététique ou de cuisine, le tout avec de l’humour et des chansons, un peu comme on a longtemps aimé en France l’excellent C’est pas sorcier du service public. Avec Jamy et la « Petite voix »… sans oublier le camion et les jeux de mots dignes de l’Almanach Vermot.

Zamba avait permis des progrès réels chez les enfants. Une amie, guide dans deux musées d’histoire et elle-même électrice de Macri, me racontait que depuis l’apparition du personnage, elle constatait que les enfants reconnaissaient spontanément les figures historiques dans les tableaux qu’elle leur présentait et qu’ils les aimaient du fond du cœur au lieu de au mieux de ne même pas savoir de quoi il s’agissait, au pire de les regarder avec crainte et recul, comme des créatures dominatrices dont la demi-divinité était louée à tout bout de champ par l’enseignant.

Regardez en haut à gauche la tête qu'ils ont fait à Marx !
Et pourquoi Marx pour des mômes qui ont moins de huit ans...
Déjà que les étudiants en histoire, en philosophie, en économie et en sociologie
ont du mal à l'aborder alors des minots du primaire !!!!
Extraits des vidéos choisies par La Nación
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Paka Paka a bien failli disparaître complètement avec l’ensemble du service public de radio-télévision argentin lorsque Mileí a débarqué à la Casa Rosada. Par un des rares miracles qui se sont produits au tout début du mandat, le service public a tout de même survécu. Sans budget ou presque mais il a survécu. Pourtant ce qui arrive maintenant est peut-être pire que la disparition de la chaîne. A compter du 1er juillet, elle revient sur la TNT pour diffuser des programmes étrangers, notamment des dessins animés japonais, et un discours libertarien très militant, hostile à l’État et au « socialisme », c’est-à-dire à tout ce qui touche de près ou de loin au partage de la richesse, au service public et à la réglementation de l’économie, relayant les canulars des antivax, tentant de dissuader les enfants d’aspirer à des études supérieures, réputées trop chères alors qu’il est si simple de faire fortune en se passant de la moindre formation (Mileí en est l’exemple même, à ceci près qu’il est né avec une cuillère en argent dans la bouche – ça aide !), saluant au passage le président du San Salvador, l’ignoble et fat Bukele aux prisons infernales où Trump envoie ses indésirables sans aucune forme de procès (au feu, l’habeas corpus fondateur !), ou, enfin, montrant du doigt les familles monoparentales (vue la vie dissolue que mène le président, c’est l’hôpital qui se fiche de la charité !).

Même La Nación, journal bon teint de la droite libérale et patronale parfaitement capitaliste, s’en émeut, extraits vidéo des nouvelles émissions à l’appui. C’est vous dire !

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12, il y a quelques jours, le premier quotidien à avoir commenté cette mue de la chaîne
lire l’article de Página/12 ce matin (aujourd’hui, le journal consacre deux articles à ce sujet, l’un des deux étant réservé aux abonnés sur le site Internet)
lire l’article de La Nación

Manifestation pour les droits de l’homme vendredi après-midi [Actu]


Vendredi prochain, les militants des droits de l’homme se donnent rendez-vous à la ex-Esma, à Palermo, dans le campus consacré à la culture en lien avec les principes de l’État de droit et la mémoire des crimes contre l’humanité commis par la dernière dictature militaire, celle de Videla et consorts, pour se lancer dans un parcours à pied dans Buenos Aires afin de protester contre un nouvel abaissement du Secrétariat d’État aux Droits humains au sein du ministère de la Justice.

Il est désormais rétrogradé au rang de sous-secrétariat. Déjà que le sous-ministre s’était mis aux abonnés absents dès la prise du pouvoir par Mileí, maintenant on ne va vraiment plus l’entendre du tout !

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12

lundi 26 mai 2025

Franchise d’archevêques en leur cathédrale [Actu]

"Très dures critiques de l'Eglise contre Mileí :
"On a passé toutes les bornes", dit le gros titre
avec pour illustrer l'appel de l'article
cette photo de Mileí ignorant ostensiblement
la main tendue de Jorge Macri
La photo centrale est reliée à un incident qui
vient de gripper le déroulement du procès
contre les responsables potentiels de la mort de Maradona
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Hier, c’était la fête nationale majeure de l’Argentine, qui en compte deux (le 25 mai, anniversaire de la Révolution de Mai, et le 9 juillet, anniversaire de la déclaration d’indépendance, qui a été votée six ans plus tard). Il est de tradition que se célèbre à la cathédrale de Buenos Aires, qui a assisté aux événements de cette journée du 25 mai 1810, un Te Deum tous les 25 mai depuis 1811.

Página/12 a préféré titrer sur le discours
tenu par Cristina Kirchner (en photo) contre
la politique notamment économique de ce gouvernement
Elle a prédit que le 10e défaut de paiement de l'histoire
argentine se profilait à l'horizon proche.
En haut, entre dessin et photo : "L'Argentine elle aussi saigne"
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La cérémonie est présidée par l’archevêque de Buenos Aires, lui-même imité par les autres évêques et archevêques dans chaque capitale provinciale ainsi que dans la plupart des municipalités du pays. A Buenos Aires, viennent se recueillir à la cathédrale le président de la Nation, la vice-présidente, les membres du gouvernement, les autres autorités constituées tant nationales que municipales, chacune de son côté de l’allée centrale dans la nef. Il est aussi d’usage de laisser, au moins pour cette journée, les querelles partisanes au placard.

Même chose pour la Une de l'édition de La Plata
"Ils ne travaillent que 15 jours et ne touchent que cela",
a dit dans son homélie l'archevêque de La Plata
en dénonçant la pauvreté galopante dans le pays
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Cette année, rien de tout cela. Au sein même de la cathédrale, Javier Mileí a refusé de saluer sa vice-présidente et il a ostensiblement ignoré la main que lui tendait Jorge Macri, chef du gouvernement de la Ville de Buenos Aires (assimilable à un maire). Ce dernier s’était franchement opposé à lui pendant la récente campagne électorale et devant le résultat catastrophique pour la majorité portègne des élections législatives locales, il y a 10 jours. Quant à la vice-présidente, Mileí ne peut plus la voir en peinture et on se demande même s’il l’a un jour véritablement appréciée tant ils semblent se haïr et se mépriser.

"Des festivités marquées par le libertarianisme", dit le gros titre
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Quant à l’archevêque, il n’a pas mâché ses mots lors de son homélie, décrivant d’une part la situation sociale très dégradée du pays, avec des pauvres de plus en plus abandonnés et des riches de plus en plus insensibles au reste de leurs semblables, et d’autre part la situation politique avec un gouvernement qui fait tout, mais vraiment ce qu’il peut pour approfondir les fractures et les dissensions entre les Argentins, utilisant à tout instant l’insulte et la calomnie, pour détruire tout ce qui a été réalisé pendant les 40 ans de démocratie et discréditer quiconque s’oppose à ses projets, et dépassant toutes les bornes de la décence démocratique et de la morale commune tandis que, devant ce déplorable tableau, une partie de la population se laisse gagner par le désespoir et ne se rend même plus aux urnes pour construire et défendre l’avenir du pays.

Son confrère de La Plata a lui aussi prononcé une homélie bien sentie. Et ainsi en va-t-il d’autres lieux de ce pays « qui saigne », selon l’expression qu’on a entendu au pupitre de la cathédrale de Buenos Aires.


"Devant Mileí, García Cuerva a critiqué
la haine et les agressions : On a dépassé toutes les limites",
dit le gros titre sur une impressionnante photo
montrant Mileí passant outre la main tenue par Jorge Macri
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Il n’y a donc pas que les évêques épiscopaliennes qui savent dire leurs quatre vérités aux puissants imbéciles qui refusent de les entendre, comme à Washington le 20 janvier dernier. Il y a aussi quelques hommes du même acabit du côté catholique, au moins en Argentine.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12
lire l’article de Página/12 sur l’homélie prononcé par Monseigneur Carrara, archevêque de La Plata, autre prélat nommé par François dans le modèle social voulu par le défunt pontife
lire l’article de La Prensa
lire l’article de Clarín
lire le premier article de La Nación, dès hier
lire le texte complet de l’homélie de Monseigneur García Cuerva, archevêque de Buenos Aires, publié par La Nación, le seul quotidien à le faire.

samedi 24 mai 2025

Macri confirme les délires de conquête de Trump [Actu]

La photo dite de famille du G20 en 2018
Le cliché a été pris sur le grand escalier du Teatro Colón à Buenos Aires
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En Espagne, où, au lendemain de la sanglante défaite de son parti aux élections législatives de Buenos Aires dimanche dernier, l'ancien président argentin, Mauricio Macri participait jusqu’à hier soir à une rencontre internationale de mouvements de droite, les uns conservateurs, les autres réactionnaires.

Il y a raconté publiquement une anecdote sur son ami Donald Trump qu’il connaît depuis plusieurs décennies. Au G20 qui s’est tenu à Buenos Aires, en 2018, il avait reçu le président des États-Unis (premier mandat) dans son bureau présidentiel où il affichait toujours une grande carte de l’Argentine pour pouvoir expliquer à ses visiteurs étrangers les avantages et les particularités économiques de chaque province.

Trump s’était montré intéressé et poli. Entre hommes d’affaires, on se comprend, n’est-ce pas ? Et son attention avait été attirée par une longue et étroite bande de terre qui descendait du nord au sud tout à l’ouest du continent. Et ça, c’est quoi ? aurait-il demandé, avec son ignorance désormais légendaire. Ça, c’est le Chili, aurait répondu Macri. Et Trump de rétorquer : Tu devrais conquérir le Chili. Comme ça, tu aurais accès aux deux océans à la fois. Il faut noter que cette année-là, le président chilien, Sebastián Piñera, faisait partie des invités personnels de Macri, avec la reine, Argentine de naissance, et le Premier ministre des Pays-Bas (aujourd’hui secrétaire-général de l’OTAN). Or Piñera était, comme Trump et Macri, un homme d’affaires richissime menant une politique très à droite, c’était donc une personnalité que Trump aurait dû a minima respecter (1).

Mauricio Macri a ajouté hier que lorsqu’il a entendu Trump (second mandat) parler comme il en a parlé du Canada et du Groenland au début de cette année, il n’a pas été plus surpris que cela.

© Denise Anne Clavilier


Pour en savoir plus :
lire l’entrefilet de Página/12
lire l’article de Clarín



(1) Il faut aussi désormais lorsque l’on mentionne le nom de Piñera rappeler sa mort : peu de temps après son mandat, il a en effet perdu la vie dans un accident d’avion au cours duquel il a fait preuve d’un comportement héroïque qui a sauvé ses passagers.

vendredi 23 mai 2025

La catastrophe continue : plusieurs instituts nationaux sont dissous, dont le Sanmartiniano et le Belgraniano [Actu]


Trois jours avant la fête nationale, ce dimanche, qui célèbre la Révolution de Mai (1810), laquelle a mis fin à l’Ancien régime colonial pour lui substituer une première forme d’autonomie grâce à l’instauration d’un gouvernement collégial élu parmi les principaux patriciens de la ville de Buenos Aires, Javier Mileí a fermé plusieurs instituts culturels nationaux, dissolvant les uns, comme l’Instituto Nacional Belgraniano, consacré à l’étude de la vie et de l’œuvre politique de Manuel Belgrano, l’un des principaux acteurs du 25 Mai 1810, n transformant d’autres, comme l’Instituto Nacional Sanmartiniano, consacré à José de San Martín qu’on surnomme en Argentine le Padre de la Patria (rien que ça !), qui va devenir un musée (n’importe quoi !) et fusionnant les troisièmes comme l’Instituto Nacional del Teatro qui va être vidé de toute raison d’être (il avait pour vocation d’organiser les professions du théâtre, de les représenter dans le dialogue avec les pouvoirs publics, de soutenir les activités théâtrales et notamment les festivals).

D’autres instituts historiques disparaissent aussi. Comme par hasard, ceux consacrés à des personnages historiques qui déplaisent fortement à cette droite dictatoriale qui s’est installée à la Casa Rosada depuis l’élection de Mileí : ceux consacrés à Juan Domingo Perón, à Guillermo Brown (un amiral de la période indépendantiste) et à Juan Manuel de Rosas, un gouverneur fédéraliste de la Province de Buenos Aires à l’époque romantique, pendant la Guerre civile qui opposait les libéraux, partisans d’un État unitaire, aux fédéraux qui s’appuyaient plus sur le peuple que sur le développement du commerce international (Rosas a tenté, sans y parvenir, de créer une culture et une société qu’on appellerait aujourd’hui multiraciales en donnant une place aux descendants d’esclaves d’origine africaine et aux Amérindiens de la région que les gravures historiques nous montrent fréquemment dans le paysage urbain de Buenos Aires). Ces personnes ont existé, elles ont marqué l’histoire de l’Argentine, que cela plaise ou non au parti au pouvoir ! Même l’institut consacré au pionnier de l’aviation Jorge Newberry n’échappe pas à l’hécatombe !!!

Le musée Eva Perón échappe, pour le moment, au massacre parce qu’il constitue une attraction touristique importante… à cause de Don’t cry to me, Argentina, qui n’a strictement rien à voir avec elle mais bon, passons ! Tant mieux si ce très intéressant musée survit. En revanche, l’institut d’études historiques Eva Perón disparaît corps et biens.

Les instituts historiques ainsi dissous sont censés voir leurs activités regroupées dans un nouvel Instituto Histórico Nacional qui a surtout, semble-t-il, pour objectif de permettre de supprimer quelques postes de travail.

De toute manière, d’un point de vue scientifique, c’est une nouvelle décision d’une crétinerie sans fond : la recherche sur l’histoire argentine n’est pas encore assez mûre pour mélanger ainsi tous les sujets. Pour l’heure, ce dont le pays a besoin, c’est de se raconter son roman national, sans lequel aucune nation ne peut exister. Toute communauté, nationale ou même plus petite, a besoin de ses mythes fondateurs et il faut bien produire le récit qui fera un jour consensus, or ce consensus sera porté par des figures humaines, des héros à aimer et à admirer. Historiquement, en Europe, ce processus a duré environ 4 siècles, soit 16 générations, dans chacun de nos nombreux États-nations. Les États-Unis ont été les seuls à résoudre ce problème grâce à la littérature et au cinéma. Eux seuls en ont eu les moyens financiers et techniques. Et l’université a fait tranquillement son travail de recherche, de son côté et sans bruit. Cela a eu un prix : les travaux des historiens n’ont pas atteint le grand public et on s’en rend bien compte quand on entend Trump énoncer les âneries qu’il accumule en la matière. Ce qu’il connaît de l’histoire de son pays, c’est ce que racontent quelques films quand ils passent à la télé !

En Argentine, le grand mérite des Instituts, depuis la fondation du Sanmartiniano dans les années 1930, aura été de commencer à opérer la transition entre mémoire et histoire (au sens scientifique du terme). Or cette transition est loin d’être achevée et la séparation des instituts, leur autonomie, chacun avec son personnage tutélaire, donnait déjà un travail de fou aux historiens qui en faisaient partie, dont certains étaient membres de plusieurs d’entre eux.


Il n’est pas habituel dans ce blog que je me mette aussi franchement en avant mais il se trouve que, sous deux statuts différents et depuis plusieurs années, je suis la correspondante en France de l’Instituto Nacional Sanmartiniano et de l’Instituto Nacional Belgraniano. Et je le resterai en dépit de cette nouvelle forfaiture de Mileí et de ses sbires !

Cette double fermeture me concerne donc personnellement et je m’associe aux amis que j’ai dans ces deux sociétés pour vous inviter à signer la pétition qu’ils ont lancée hier dès la nouvelle connue :

NO AL CIERRE DEL SANMARTINIANO
Y DEL BELGRANNIANO

Voici le lien pour accéder à cette pétition.

Le site Change.org vous demandera en français (si vous vous connectez depuis la France) vos nom et prénoms, votre ville, votre pays et votre adresse mail où un message de confirmation vous sera envoyé pour valider votre signature.

Pour les quelques salariés, dont certains sont devenus mes amis et qui viennent de perdre leur travail, historiens, archivistes et agents administratifs, pour tout le travail accompli ces dernières années, notamment la tâche disproportionnée de transcrire l’ensemble des archives connues de l’un et l’autre personnages, pour les dizaines d’historiens qui animent bénévolement ces structures et y apportent leur travail, pour le matériel rassemblé dont on ignore ce qu’il va devenir, je vous remercie pour la signature de notre pétition.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :
lire l’article d’aujourd’hui de Página/12
lire l’article d’hier de Clarín
lire l’article d’hier de La Nación
Página/12 a consacré aussi aujourd’hui un article à la défense du bien-fondé du musée de la Mémoire de la ex-ESMA que le gouvernement menace aussi de détruire : l’objectif du président est de faire disparaître tout ce qui a trait à la mémoire douloureuse de la dernière dictature militaire entre 1976 et 1983 et des crimes contre l’humanité dont elle est rendue coupable et en général de détruire l’histoire, de faire des Argentins un peuple amnésique et donc plus facile à dominer sous la forme d’une nouvelle dictature, celle d’une certaine oligarchie comme en rêve Trump.
Quant à Clarín, il publie aujourd’hui un billet d’opinion concernant la liberté de la presse et les héros de la Révolution de Mai 1910 (ce sont ceux qui l’ont été établie en Argentine pour la première fois).

jeudi 22 mai 2025

Le droit de grève en peau de chagrin [Actu]

"Le droit de grève, au feu !", dit le gros titre
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D’un trait de plume, par un simple décret, Javier Mileí vient de limiter de façon draconienne le droit de grève pourtant inscrit dans la constitution.

Certes l’exercice de ce droit se traduit presque toujours par une gêne considérable (mais éphémère, un jour, deux au pire) pour le public général : absence de transport public, annulation de vol, non diffusion des émissions ordinaires à la radio ou à la télévision, guichets fermés dans les services publics ou privés, notamment dans les banques, dans les cas les plus graves, raréfaction de certains produits dans le commerce quand l’activité est paralysée chez les producteurs, dans les abattoirs ou les laiteries, etc. Sans oublier le chaos automobile en ville à cause des manifestations des grévistes, qui font, de surcroît, un bruit terrible avec leurs slogans et leurs tambours. Cependant, cette gêne ne saurait aboutir à une suppression du droit de grève, un droit que les travailleurs qui dépendent d’un patron, pas toujours ni généreux ni juste, ont mis si longtemps à obtenir et à institutionnaliser. Notamment à travers une inscription dans la constitution de tradition latine ou dans la jurisprudence de tradition anglo-saxonne, et ce dans la plupart des démocraties.

"Mileí va limiter les grèves dans les activités essentielles",
dit le gros titre en taisant une moitié de la vérité
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C’est à ce droit, souvent le seul outil dont disposent les salariés pour défendre ou faire avancer leur situation collective, que Javier Mileí s’est attaqué à travers ce nouveau décret, après une première tentative du même ordre qui a échoué : les tribunaux ont déclaré le décret précédent inconstitutionnel et on attend encore l’analyse de la Cour suprême à ce sujet (elle ne semble pas pressée de se prononcer). Mileí continue donc d’avancer, comme Donald Trump, en faisant fi des décisions de justice.

Ce nouveau décret répartit toute l’activité économique ou presque en deux catégories : les activités essentielles et les activités « transcendantes ». Dans les entreprises, privées ou publiques, de la premières catégorie, les jours de grève, il faudrait désormais que 75 % du service ou de la production soit assuré. Dans les entreprises de la seconde catégorie, ce service minimum obligatoire correspondrait à 50 % de l’activité.

"Avancée contre les syndicats : les grèves seront limitées
et les négociations paritaires plafonnées", dit le gros titre
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Bien entendu, les syndicats sont bien décidés à défendre le droit fondamental acquis depuis longtemps et confirmé au cours des quarante années de démocratie continue depuis le retour à la Constitution en décembre 1983. Ils vont faire des recours devant les tribunaux.

"Le droit de grève sera limité et un plus grand
nombre de secteurs devront proposer un service
minimum les jours de grève", dit le gros titre
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Par ailleurs, j’ai aussi appris aujourd’hui qu’un certain nombre d’instituts nationaux culturels disparaissent, toujours par décret, les uns tout simplement rayés de la carte, les autres fusionnés avec d’autres ou transformés en musée, ce qui n’a ni queue ni tête. Leurs politiques culturelles dépendront désormais d’une commission globale dont les membres, nommés à cet effet, siégeront gratuitement, en lieu et place des muséologues de carrière et des directeurs nommés sur concours qui président actuellement à la définition de ces activités. J’attends d’en parler de vive voix avec mes contacts sur place pour vous en entretenir plus avant. L’histoire, le théâtre, le spectacle en général, les beaux-arts sont les premiers visés. Et pour ce qui est de l’histoire, ce sont surtout les figures inspiratrices de la gauche argentine ou revendiquées par elle qui font les frais de cette réforme scandaleuse qui n’a pour objectif que des faire des économies de bouts de chandelle.

Bizarre, bizarre… Comme c’est bizarre !
Vous avez dit bizarre ?
Moi, j’ai dit « bizarre » ? Comme c’est bizarre !

Ces décisions font en outre la preuve chez les décideurs d’une ignorance crasse de la réalité historique qui n’est pas sans rappeler les âneries dont Trump et ses affidés nous abreuvent à longueur de conférences de presse et d’audiences au Congrès.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :
Pour une fois, tous les journaux mettent l'info à la Une, même à droite (et dans ce cas, pour s'en féliciter) !
lire l’article principal de Página/12
lire l’article de La Prensa
lire l’article de Clarín
lire l’article de La Nación

mercredi 21 mai 2025

L’argent n’a pas d’odeur, disait Vespasien [Actu]

"Blanchir la blanche", dit le gros titre
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L’Argentine manquant de devises étrangères, notamment de dollars US, le gouvernement de Mileí, copiant encore une fois son ami Trump, est en train de détricoter méticuleusement la législation de contrôle des flux financiers mise en place pour lutter contre les trafiquants en tout genre, la corruption et pour respecter les engagements internationaux du pays.

"Investis maintenant", dit le gros titre
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Dernière mesure en date dans ce domaine : les transferts de fonds pourront désormais s’opérer sans qu’à aucune étape, les personnes les effectuant, personnes physiques ou morales, n’aient à justifier de la provenance des sommes en jeu. Il y en a qui se frottent déjà les mains : ce sont les narco-trafiquants, dont ceux qui font régner la terreur à Rosario, par exemple, et dont Mileí prétend débarrasser définitivement le pays à coup d’opérations policières spectaculaires menées par sa ministre de la Sécurité, Patricia Bullrich, devant les caméras de télé et les objectifs des photo-journalistes. De la poudre aux yeux !

D’un autre côté, Mileí appelle les entrepreneurs à investir en Argentine ! Ben voyons !

A droite, à mi-hauteur : "Par décret, le gouvernement
supprime le cabinet d'instructin qui enquêtait
sur le scandale crypto", dit le titre secondaire
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Enfin, le président vient de supprimer purement et simplement le cabinet d’instruction judiciaire qu’il avait lui-même fait mettre sur pied pour enquêter spécifiquement sur le scandale de la crypto-monnaie qu’il avait promue sur ses propres réseaux sociaux un vendredi soir, dont la valeur a monté en flèche pendant quelques heures avant de s’effondrer à minuit le même jour, entraînant dans sa chute de nombreux épargnants mis en confiance par la recommandation du chef de l’État. Comme ce cabinet d’instruction fonctionnait à l’intérieur du ministère de la Justice, il était de fait pieds et poings liés à Mileí et à sa sœur, elle aussi impliquée dans le scandale. Autrement dit, ce cabinet et le procureur qui le conduisait étaient juge et partie. Sa disparition ne change donc à peu près rien à la lenteur de l’enquête et des suites judiciaires qu’encourent les promoteurs et les auteurs de l’escroquerie.

L’argent n’a décidément pas d’odeur. Il n’a rien à voir avec l’honneur non plus.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :
sur les facilités accordées aux opérations de blanchiment d’argent
lire l’article de Página/12
lire l’article de La Prensa
sur la fin de l’unité d’enquête sur la crypto-monnaie
lire l’article de Página/12
lire l’article de La Prensa
lire l’article de Clarín
lire l’article de La Nación