Le port de Colonia del Sacramento, situé sur la rive est du Río de la Plata, est le principal point d'entrée du tourisme argentin (ou provenant de ce pays) en Uruguay. Les pouvoirs publics du département de Colonia proposent donc de baptiser ce port du nom de Carlos Gardel, l'artiste argentin que les Uruguayens cherchent à s'approprier depuis sa mort en 1935 en exploitant un détail des papiers d'identité qu'on a trouvés sur son corps, lorsqu'il a pu être tiré des flammes de l'incendie de son avion, à Medellín, en Colombie. Sur ces papiers, il était en effet noté que Gardel était né en Uruguay, à Tacuarembo, une petite cité du nord du pays, un habile maquillage qui permettait à Carlos Gardel de récupérer un passeport sans passer par les démarches auprès du Consulat de France, démarches qui lui auraient valu des ennuis sans nombre, puisque, bien que né à Toulouse et français de naissance mais élevé à Buenos Aires depuis l'âge de deux ans, il n'avait pas répondu à l'ordre de mobilisation générale d'août 1914.
Le projet de baptême, porté par deux élus de la droite uruguayenne, mais soutenu aussi par des élus du Frente Amplio, la vaste confédération qui rassemble toute (ou presque) la gauche de gouvernement de la petite république sud-américaine, vise à diffuser l'oeuvre de Gardel mais se présente avant tout comme une revendication de la vision uruguayenne de l'histoire de l'artiste. Bref, si ce nom est apposé au port de Colonia, il n'y a pas de doute qu'il va se transformer en une nouvelle pomme de discorde entre les deux pays, qui n'ont guère besoin de ça...
Pour en savoir plus :
lire l'article de La República de mercredi dernier.