Le 7 septembre 1814, José de San
Martín,
nommé Gouverneur-intendant de la Province de Cuyo le 10 août (voir
mon article à cette date cette année), arrivait dans la capitale,
Mendoza.
Très
vite, il allait écrire à sa femme, Remedios de Escalada, de le rejoindre, elle qui, à 17
ans, vivait encore chez ses parents à Buenos Aires et ne l'avait
bien évidemment pas suivi dans sa campagne dans le Haut-Pérou
(aujourd'hui la Bolivie et une petite partie du territoire du
nord-ouest argentin). Il lui demandait de le rejoindre aux pieds des
Andes. Et il faut croire qu'il était passablement impatient de la
retrouver si l'on en croit le ton apaisant du Directeur suprême de
l'heure, Gervasio Posadas, dans un courrier qu'il lui envoya de
Buenos Aires et que je vous ai présenté, pour vous parler d'elle,
le 9 mars dernier.
San
Martín
arrivait de Córdoba,
où il avait passé sa convalescence après une grave crise d'asthme
doublée d'un ulcère à l'estomac qui l'avait saisi à Tucumán.
Il pensait sans doute alors se consacrer pleinement à un vaste plan
de libération du Pérou par la mer, ce Pérou qui restait le point
d'amarrage de la colonisation espagnole dans l'Amérique du Sud.
Hélas, le 3 octobre suivant, une catastrophe arrivait de l'autre
côté de la cordilière : la défaite des révolutionnaires chiliens
et la reconquête du Chili par les troupes vice-royales. Tout son
programme changeait : ses deux années à la tête de cette grande
province (aujourd'hui Mendoza, San Juan et San Luis) allaient être
consacrées à la fois au projet continental et à la défense du
territoire ci-andin.
Imaginez
la situation : c'est la fin de l'hiver, Mendoza compte 3500 habitants
en tout et pour tout et soudain, du 4 au 7 octobre, c'est 2000
réfugiés chiliens qui dévalent de la montagne enneigée et qu'il
faut héberger, organiser, nourir et réconforter. Ils ont tout
perdu. De l'autre côté, leurs biens, quand ils en ont, ont déjà
été confisqués. Ils n'ont plus de chef légitime tant la discorde
est forte entre les deux leaders révolutionnaires, Carrera d'un
côté, O'Higgins de l'autre. Il va lui falloir écarter ce factieux
de Carrera, ses deux frères et les 500 partisans qui ne jurent que
par lui, pour bâtir, avec l'aide de Bernardo O'Higgins et son
demi-millier d'hommes de troupe, une vraie armée capable de
traverser les Andes et de l'autre côté, de reconquérir le Chili,
d'en assurer l'indépendance définitive et il n'a encore aucune
ressource sur place. Il faut tout faire. Il va tout faire.
C'est
cette aventure extraordinaire que va célébrer le Congrès
international d'Histoire qui se tient la semaine prochaine à Mendoza
(Espacio Cultural Julio Le Parc) et auquel j'aurai l'honneur de
représenter la France, avec mes deux ouvrages sur ce personnage
historique qui mérite une célébrité universelle (voir Colonne de droite) ...
Pour
en savoir plus :
lire
l'article d'hier dans le quotidien Los Andes
lire
le communiqué du ministère de la Culture du gouvernement de Mendoza
voir
le programme de la manifestation sur le site Web de l'Espace culturel
hôte.
Vous pouvez également vous connecter à la page Facebook de l'Espace Julio Le Parc.