mardi 5 décembre 2023

Un documentaire sur Taty Almeida pour les 40 ans de la démocratie [à l’affiche]

Taty Almeida devant les photos des trente-mille disparus
pendant la dictature militaire de 1976-1983


Taty Almeida est une figure emblématique de l’association Madres de Plaza de Mayo Línea Fundadora, issue de la scission de l’association originale Madres de Plaza de Mayo. C’est un groupe très politisé et partisan qui a conservé le nom le plus connu dans le monde.

Taty Almeida est issue d’une famille d’officiers, ce qui n’est pas le plus fréquent parmi les militantes de la cause. Elle est née à Mendoza en 1930, elle a fait des études pour être enseignante et elle a exercé le métier pendant quelques années. Le 17 juin 1975, son fils Alejandro a disparu. Un an avant le coup d’État de Videla et consorts, c’était en effet une organisation fondée par Isabel Perón, la dernière femme de Perón, la Triple A (alliance anticommuniste argentine) qui faisait régner la terreur parmi les militants des droits de l’homme et de l’État de droit. Ce n’est que quelques années après le putsch militaire que Taty Almeida a rejoint les rangs de Madres, l’organisation des mères qui exigeaient de savoir ce qu’il était advenu de leurs enfants disparus.

Le 10 décembre prochain, l’Argentine, ou du moins une partie d’entre elles, va marquer le quarantième anniversaire du retour de la démocratie, le jour même où un président qui n’en est pas vraiment un partisan acharné prêtera serment au Congrès.

A l’occasion de ce qui devait être de grandes festivités, un cinéaste, Claudio de Sautu, avait préparé un documentaire pour faire le portrait de cette femme exceptionnelle à base d’archives dans lesquelles elle s’exprime et d’interviews notamment de ses deux enfants vivants, Jorge et Fabiana.

Le documentaire vient d’être présenté lors d’une projection très discrète à la Casa de las Madres à Buenos Aires devant un public trié sur le volet. On ne peut pas dire que dehors règne le respect pour la lutte de ces femmes désormais très âgées et régulièrement insultées et menacées par des nervi de la droite et de l’extrême-droite argentine qui en ce moment se sentent pousser des ailes.

Comme de bien entendu, Página/12 est le seul quotidien d’envergure nationale qui en parle aujourd’hui.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :