Grande surprise en arrivant à Buenos
Aires : les prix des produits de première nécessité sont
restés très stables d'une année sur l'autre.
En grande surface, dans un supermarché
Coto comme dans une supérette de quartier (ce qu'on appelle ici les
supermercados chinos), la yerba mate et les produits laitiers sont
quasiment au même prix que l'année dernière. Un paquet de yerba de
500 gr, le conditionnement le plus courant, tourne selon les marques
et les qualités autour de 26 à 48 pesos. Conditionnée en paquet de
1 kg, la yerba est bien meilleur marché : on tourne autour de
56 $ en fonction du produit.
Les yaourts sont à nouveau vendus
uniquement à l'unité et par pack de deux (avec interdiction de les
fractionner au Coto de San Telmo). Le pack ahorro (le pack
économique) de six pots (125 gr l'unité), qui avait tenté une
percée il y a deux ans, a disparu. Le pot de 190 gr est vendu à
l'unité au prix de 10,55 $ (alors qu'il atteint 14-16 dans un
chino). Le pack de deux yaourts, soit 250 gr, tourne autour de 10-14
$, selon qu'on est dans une chaîne ou dans une supérette. J'ai
trouvé une fois, dans un chino, un pack de 4 yaourts à la fraise à
32 $. Le yaourt nature ou simplement sucré n'existe toujours pas, et
le choix des parfums s'est appauvri : vanille, fraise, pêche,
dulce de leche. On ne trouve plus la poire ni le citron. Il y a trois
ans, il y a eu un essai d'introduire du yaourt nature, présenté
comme un produit à cuisiner. Mais la tentative n'a pas prospéré.
Le yaourt reste donc un produit très cher, à peu près dix fois
plus cher que dans un pays comme la France.
Côté fromage, le kilo de Queso Azul
(lait de vache pasteurisé avec présure et pénicilium) de la marque
San Ignacio est à 145 $ à Coto (le queso azul imite les bleus
français). Le Sardo (lait de vache pasteurisé) de la marque
Verónica est à 204,99 $,
toujours au Coto. Le Sardo s'inspire d'un fromage à pâte cuite de
Sardaigne.
Le petit pot de dulce de leche (200 gr)
va de 12,25 à 16, encore une fois au Coto. Les prix sont un peu plus
élevés dans un chino mais il y a toujours une exception qui
confirme la règle.
L'année dernière, ces produits
étaient déjà à ces mêmes prix. Les plus grandes augmentations ne
dépassent pas les 2 pesos.
Ce qui m'a frappée au Coto, c'est de
constater que les indications de Precios Cuidados ont presque toutes disparu alors
que l'opération semble s'être étendue pour ce qui est du choix de
produits et des acteurs du marché participants, selon les analyses que j'ai
commentées le 9 juillet dernier.
Pour la viande, là encore, les prix
sont restés étonnamment stables par rapport à l'année dernière.
Au marché de San Telmo (il y a longtemps que je n'achète plus ma
viande au supermarché), le même boucher pratique les mêmes prix au
peso près : les bas morceaux commencent à 55 $ au kilo et les
pièces les plus distinguées montent jusqu'à 130 $. D'un autre
côté, je trouve qu'il y a une baisse de qualité. La viande est
plus nerveuse, moins tendre, mais elle est toujours aussi persillée
(une grande différence entre la viande en France et ici : elle
est plus grasse. C'est aussi la raison pour laquelle est a plus de
goût).
Passons aux pâtes fraîches, une des
grandes spécialités de la ville : à La Leonesa, dans la rue
Carlos Calvo, les boîtes de raviolis (vendus par 4 douzaines)
varient de 43 à 75 $ en fonction de la garniture, qui peut être de
légumes, de fromages, de viande ou de poisson (le saumon grimpe à
75 $). Je ne vois pas de différence sur les sauces et autres
fromages râpés d'accompagnement par rapport à l'année dernière où je m'approvisionnais déjà dans cette boutique.
Dans les confiterías,
les facturas (viennoiseries) ont un peu augmenté : on est à
54 $ la douzaine dans une petite boutique de mon quartier (contre 48 l'année dernière), on est à 72 $ la douzaine à La Piedad,
une maison de luxe installée au début de la rue Florida (en 2014,
la douzaine était à 68 $). L'empanada atisanale est autour de 14 $ l'unité
un peu partout puisque c'est le prix auquel je les ai trouvées hier
soir, en sortant du Museo Sarmiento, à la très chic Confitería
Antigua Belgrano dans le quartier homonyme (le prix tourne autour de 7 $ pour l'empanada industrielle ou semi-industrielle vendue à l'unité dans un terminal de cuisson).
Dans une pâtisserie de
la rue Chile, à côté du café La Poesía,
la mini-cremona (pour deux) est
à 4,5 $ l'unité et elle est confectionnée au beurre au lieu du saindoux comme partout ailleurs (le beurre est plus cher que la graisse animale). Un régal comme il y en a peu dans
le patrimoine gastronomique de la pâtisserie argentine.
Le
ticket de métro à l'unité n'a pas bougé : 5 $. Il n'y a
toujours aucune formule pour les personnes de passage à Buenos
Aires. Aucune politique pour prendre en compte les touristes dans ce
service public contrairement à ce qui existe dans toutes les villes
qui veulent développer leur attractivité vis-à-vis des visiteurs
étrangers. Cela existait sous le mandat de Jorge Telerman, qui
s'occupe aujourd'hui de culture dans les instances de la Province de
Buenos Aires.
A
la coopérative des artisans argentins, où j'ai l'habitude d'aller
acheter mates et ponchos entre autres articles que je ne peux trouver
en Europe, j'ai remarqué une seule augmentation mais elle est de
taille : le poncho adulte est passé de 300 $ à 500 $. Comme
elle me connaît bien, la responsable m'a accordé une petite ristourne.
De 2013 à 2014,le poncho n'avait pas bougé : 300 $. A un
moment donné, il faut tout de même rattraper le retard.
Autour
de moi, ces relevés personnels surprennent beaucoup. Mes contacts
argentins ont la nette impression que tout a beaucoup augmenté.
Peut-être y a-t-il dans cette impression une part d'auto-suggestion
collective due à l'habitude d'une inflation constante et très
élevée depuis 2002 et une part de coûts supplémentaires comme
l'accès aux nouvelles technologies, les abonnements téléphoniques
et Internet, comme cela se produit aussi en Europe où nous avons
tendance à attribuer la hausse de nos budgets à la grande
distribution alors qu'elle est en grande partie due à l'existence de
nouveaux services dont nous nous sommes laissés devenir dépendants.