mardi 25 août 2015

Mini-panier de la ménagère à Buenos Aires pendant l'hiver 2015 [Actu]

Grande surprise en arrivant à Buenos Aires : les prix des produits de première nécessité sont restés très stables d'une année sur l'autre.

Collation portègne
Les facturas provinennent de La Piedad,
le yaourt d'un supermarché Coto,
le petit paquet de 250 gr de yerba maté La Hoja du supermercado Panda (un chino, vous l'aviez deviné)
et la pomme d'un frutero du marché San Telmo

En grande surface, dans un supermarché Coto comme dans une supérette de quartier (ce qu'on appelle ici les supermercados chinos), la yerba mate et les produits laitiers sont quasiment au même prix que l'année dernière. Un paquet de yerba de 500 gr, le conditionnement le plus courant, tourne selon les marques et les qualités autour de 26 à 48 pesos. Conditionnée en paquet de 1 kg, la yerba est bien meilleur marché : on tourne autour de 56 $ en fonction du produit.

Les yaourts sont à nouveau vendus uniquement à l'unité et par pack de deux (avec interdiction de les fractionner au Coto de San Telmo). Le pack ahorro (le pack économique) de six pots (125 gr l'unité), qui avait tenté une percée il y a deux ans, a disparu. Le pot de 190 gr est vendu à l'unité au prix de 10,55 $ (alors qu'il atteint 14-16 dans un chino). Le pack de deux yaourts, soit 250 gr, tourne autour de 10-14 $, selon qu'on est dans une chaîne ou dans une supérette. J'ai trouvé une fois, dans un chino, un pack de 4 yaourts à la fraise à 32 $. Le yaourt nature ou simplement sucré n'existe toujours pas, et le choix des parfums s'est appauvri : vanille, fraise, pêche, dulce de leche. On ne trouve plus la poire ni le citron. Il y a trois ans, il y a eu un essai d'introduire du yaourt nature, présenté comme un produit à cuisiner. Mais la tentative n'a pas prospéré. Le yaourt reste donc un produit très cher, à peu près dix fois plus cher que dans un pays comme la France.
Côté fromage, le kilo de Queso Azul (lait de vache pasteurisé avec présure et pénicilium) de la marque San Ignacio est à 145 $ à Coto (le queso azul imite les bleus français). Le Sardo (lait de vache pasteurisé) de la marque Verónica est à 204,99 $, toujours au Coto. Le Sardo s'inspire d'un fromage à pâte cuite de Sardaigne.
Le petit pot de dulce de leche (200 gr) va de 12,25 à 16, encore une fois au Coto. Les prix sont un peu plus élevés dans un chino mais il y a toujours une exception qui confirme la règle.
L'année dernière, ces produits étaient déjà à ces mêmes prix. Les plus grandes augmentations ne dépassent pas les 2 pesos.

Ce qui m'a frappée au Coto, c'est de constater que les indications de Precios Cuidados ont presque toutes disparu alors que l'opération semble s'être étendue pour ce qui est du choix de produits et des acteurs du marché participants, selon les analyses que j'ai commentées le 9 juillet dernier.

Pour la viande, là encore, les prix sont restés étonnamment stables par rapport à l'année dernière. Au marché de San Telmo (il y a longtemps que je n'achète plus ma viande au supermarché), le même boucher pratique les mêmes prix au peso près : les bas morceaux commencent à 55 $ au kilo et les pièces les plus distinguées montent jusqu'à 130 $. D'un autre côté, je trouve qu'il y a une baisse de qualité. La viande est plus nerveuse, moins tendre, mais elle est toujours aussi persillée (une grande différence entre la viande en France et ici : elle est plus grasse. C'est aussi la raison pour laquelle est a plus de goût).

Passons aux pâtes fraîches, une des grandes spécialités de la ville : à La Leonesa, dans la rue Carlos Calvo, les boîtes de raviolis (vendus par 4 douzaines) varient de 43 à 75 $ en fonction de la garniture, qui peut être de légumes, de fromages, de viande ou de poisson (le saumon grimpe à 75 $). Je ne vois pas de différence sur les sauces et autres fromages râpés d'accompagnement par rapport à l'année dernière où je m'approvisionnais déjà dans cette boutique.

Dans les confiterías, les facturas (viennoiseries) ont un peu augmenté : on est à 54 $ la douzaine dans une petite boutique de mon quartier (contre 48 l'année dernière), on est à 72 $ la douzaine à La Piedad, une maison de luxe installée au début de la rue Florida (en 2014, la douzaine était à 68 $). L'empanada atisanale est autour de 14 $ l'unité un peu partout puisque c'est le prix auquel je les ai trouvées hier soir, en sortant du Museo Sarmiento, à la très chic Confitería Antigua Belgrano dans le quartier homonyme (le prix tourne autour de 7 $ pour l'empanada industrielle ou semi-industrielle vendue à l'unité dans un terminal de cuisson).
Dans une pâtisserie de la rue Chile, à côté du café La Poesía, la mini-cremona (pour deux) est à 4,5 $ l'unité et elle est confectionnée au beurre au lieu du saindoux comme partout ailleurs (le beurre est plus cher que la graisse animale). Un régal comme il y en a peu dans le patrimoine gastronomique de la pâtisserie argentine.

Le ticket de métro à l'unité n'a pas bougé : 5 $. Il n'y a toujours aucune formule pour les personnes de passage à Buenos Aires. Aucune politique pour prendre en compte les touristes dans ce service public contrairement à ce qui existe dans toutes les villes qui veulent développer leur attractivité vis-à-vis des visiteurs étrangers. Cela existait sous le mandat de Jorge Telerman, qui s'occupe aujourd'hui de culture dans les instances de la Province de Buenos Aires.

A la coopérative des artisans argentins, où j'ai l'habitude d'aller acheter mates et ponchos entre autres articles que je ne peux trouver en Europe, j'ai remarqué une seule augmentation mais elle est de taille : le poncho adulte est passé de 300 $ à 500 $. Comme elle me connaît bien, la responsable m'a accordé une petite ristourne. De 2013 à 2014,le poncho n'avait pas bougé : 300 $. A un moment donné, il faut tout de même rattraper le retard.

Autour de moi, ces relevés personnels surprennent beaucoup. Mes contacts argentins ont la nette impression que tout a beaucoup augmenté. Peut-être y a-t-il dans cette impression une part d'auto-suggestion collective due à l'habitude d'une inflation constante et très élevée depuis 2002 et une part de coûts supplémentaires comme l'accès aux nouvelles technologies, les abonnements téléphoniques et Internet, comme cela se produit aussi en Europe où nous avons tendance à attribuer la hausse de nos budgets à la grande distribution alors qu'elle est en grande partie due à l'existence de nouveaux services dont nous nous sommes laissés devenir dépendants.