jeudi 20 août 2015

Mozart à Boedo y "los puentes en silencio" del Gordo [à l'affiche]


Vendredi 21 août 2015, à 21h30, à la Casa de Titi Rossi, Bien Bohemio, Sánchez de Loria 745, le chanteur Pepe Kokubu et le pianiste Miguel Pereiro donneront leur récital intitulé Mozart y Troilo son Gardel (ce que l'on pourrait traduire par "Mozart et Troilo sont des génies !". A propos de cette adjectivisation bien porteña du nom de scène de Gardel, je vous renvoie à la rubrique Jactance & Pinta, dans ce blog).

Depuis longtemps, Pepe Kokubu travaille sur l'influence musicale et théâtrale que l'œuvre de Wolfgang Amadeux Mozart a eue sur le tango. Il existe, un peu partout dans le monde, des esprits chagrins, parmi les musicologues spécialistes de la musique classique, qui poussent des cris d'orfraie devant cette affirmation. C'est qu'ils ignorent que le tango a été inventé, très tôt, dès les années 1900, en partie par des musiciens professionnels qui venaient d'Europe et qui avaient travaillé parfois de longues années dans de très grands théâtres lyriques disparus à la suite des unifications nationales, en Allemagne et en Italie en particulier. N'ayant plus de travail sur le Vieux Continent, ces hommes admirablement formés dans les meilleurs conservatoires décidèrent d'aller tenter leur chance en Argentine où ils apportèrent au tango naissant leur savoir-faire et la tradition dont ils étaient nourris.

Le spectacle a été porté sur les fonds baptismaux il y a environ deux ans, à la Academia Nacional del Tango dont Pepe est désormais le secrétaire académique, avec la bénédiction de Horacio Ferrer (1).

Entrée : 80 $ (environ 8 € au cours actuel).

Lors de la création en 2013 dans le Salon de los Angelitos Horacio Ferrer

Il est prévu que j'y sois. D'abord parce que cela fait longtemps que je veux entendre ça. Ensuite parce que je devrais être rentrée de ma journée au lycée à Florencio Varela. Enfin parce qu'un journaliste m'y attend pour une interview à la fortune du pot, après mon intervention à la Academia Nacional del Tango ce lundi qui a secoué quelques idées reçues sur la France et le Tango, dont les relations ne sont pas tout à fait un long fleuve tranquille (ni très heureux non plus. Voir ma revue de presse du 26 juin 1935 publiée le 24 juin dernier).

Pour découvrir Bien Bohemio, visitez sa page Facebook.



(1) C'est d'ailleurs Horacio Ferrer, le premier sans doute, à avoir osé tenter (et réussir) le rapprochement dans un tango en hommage à Troilo (musique de Raúl Garello), La Jaula Mágica, alors qu'il avait déjà concocté celui avec Shakespeare dans un jeu de mots bien à lui, dans cet autre hommage, sur une musique de Piazzolla, El Gordo trite. La Jaula Mágica est un texte traduit dans le cahier Horacio Ferrer de la revue Triages n° 20 (Tarabuste Editions) et El Gordo Triste est dans Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins (Editions du Jasmin).
Dans les deux cas, l'allusion est un jeu de mot. Dans La Jaula Mágica, dans le titre lui-même qui est une déclination de Die Zauberflöte (La Flauta Mágica en espagnol, La Flûte Enchantée en français). Dans El Gordo triste, c'est une allusion ahurissante à une pièce peu connue de Shakespeare, Troilus and Cresinda. Et il fallait oser ce calembour à triple détente façon alfajor de lujo !
Le titre du présent article est donc en forme de citation tirée de El Gordo triste.