Vendredi 21 août 2015, à 21h30, à la
Casa de Titi Rossi, Bien Bohemio, Sánchez
de Loria 745, le chanteur Pepe Kokubu et le pianiste Miguel Pereiro
donneront leur récital intitulé Mozart y Troilo son Gardel (ce que
l'on pourrait traduire par "Mozart et Troilo sont des génies !". A propos de cette adjectivisation bien porteña du nom de scène de Gardel, je vous renvoie à la rubrique Jactance & Pinta, dans ce blog).
Depuis longtemps, Pepe Kokubu travaille
sur l'influence musicale et théâtrale que l'œuvre
de Wolfgang Amadeux Mozart a eue sur le tango. Il existe, un peu partout dans le monde, des esprits chagrins, parmi
les musicologues spécialistes de la musique classique, qui poussent
des cris d'orfraie devant cette affirmation. C'est qu'ils ignorent que le tango a été inventé, très tôt, dès les années
1900, en partie par des musiciens professionnels qui venaient
d'Europe et qui avaient travaillé parfois de longues années dans de très grands théâtres lyriques disparus à
la suite des unifications nationales, en Allemagne et en Italie en
particulier. N'ayant plus de travail sur le Vieux Continent, ces
hommes admirablement formés dans les meilleurs conservatoires
décidèrent d'aller tenter leur chance en Argentine où ils
apportèrent au tango naissant leur savoir-faire et la tradition dont
ils étaient nourris.
Le spectacle a été porté sur les
fonds baptismaux il y a environ deux ans, à la Academia Nacional del
Tango dont Pepe est désormais le secrétaire académique, avec la
bénédiction de Horacio Ferrer (1).
Entrée : 80 $ (environ 8 € au
cours actuel).
Lors de la création en 2013 dans le Salon de los Angelitos Horacio Ferrer |
Il est prévu que j'y sois. D'abord
parce que cela fait longtemps que je veux entendre ça. Ensuite parce
que je devrais être rentrée de ma journée au lycée à Florencio
Varela. Enfin parce qu'un journaliste m'y attend pour une interview à
la fortune du pot, après mon intervention à la Academia Nacional
del Tango ce lundi qui a secoué quelques idées reçues sur la
France et le Tango, dont les relations ne sont pas tout à fait un
long fleuve tranquille (ni très heureux non plus. Voir ma revue de presse du 26 juin 1935 publiée le 24 juin dernier).
Pour découvrir Bien Bohemio, visitez
sa page Facebook.
(1) C'est d'ailleurs Horacio Ferrer, le
premier sans doute, à avoir osé tenter (et réussir) le rapprochement dans un
tango en hommage à Troilo (musique de Raúl
Garello), La Jaula Mágica,
alors qu'il avait déjà concocté celui avec Shakespeare dans un jeu de
mots bien à lui, dans cet autre hommage, sur une musique de
Piazzolla, El Gordo trite. La Jaula Mágica
est un texte traduit dans le cahier Horacio Ferrer de la revue
Triages n° 20 (Tarabuste Editions) et El Gordo Triste est dans
Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins (Editions du Jasmin).
Dans les deux cas, l'allusion est un jeu de mot. Dans La
Jaula Mágica, dans le
titre lui-même qui est une déclination de Die Zauberflöte (La
Flauta Mágica en espagnol, La
Flûte Enchantée en français). Dans El Gordo triste, c'est une
allusion ahurissante à une pièce peu connue de Shakespeare, Troilus and Cresinda. Et il fallait oser ce calembour à triple détente façon alfajor de lujo !
Le titre du présent article est donc en forme de citation tirée de El Gordo triste.