Merci de nous avoir fait rire, dit Miguel Rep en une des pages culturelles de Pagina/12 Il reprend ainsi le titre d'une célèbre chanson Gracias por la vida (merci la vie) |
Il avait le cœur
fragile au propre et au figuré mais ce n'était pas une raison pour
partir comme ça... Après avoir été veillé toute la journée
d'hier dans le quartier de Belgrano, il repose depuis ce matin, 10h,
au Jardín
de la Paz, l'un des cimetières de Buenos Aires.
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Daniel
Rabinovich n'avait que soixante et onze ans et il nous avait fait
mourir de rire tant de fois sur toutes les scènes de théâtre de
toute l'Argentine, du continent entier et d'Espagne. Il était l'un
des fondateurs de ce groupe de frapadingues très sérieux qui
s'appelle Les Luthiers, en français dans le texte, parce qu'ils
fabriquent eux-mêmes les instruments délirants (façon Gaston
Lagaffe, à ceci près qu'ils ont une excellente acoustique, eux, et qu'ils sont solides) avec
lesquels ils régalent le public.
Sur
scène, il tenait souvent le rôle du clown blanc, celui qui parle
sentencieusement et laisse dire à l'auguste les pires pitreries.
Comme ces camarades de scène, il avait tous les talents :
comédien, mime, chanteur, instrumentiste pour ce qui est du jeu
théâtral, mais aussi parolier et compositeur.
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Leurs
gags qui s'appuient sur une connaissance encyclopédique de la
musique et qui savent mêler la chacarera ou le hard rock à Vivaldi
(je vous assure que ce n'est pas donné à tout le monde) sont
indescriptibles. Il faut les voir sur Youtube ou en DVD ou sur scène
(et comprendre a minima l'espagnol) pour s'imaginer ce qu'ils
représentent. Lui, on ne le verra plus. Sans doute, le groupe
trouvera-t-il un autre artiste non pas pour le remplacer mais pour
combler autrement le vide qu'il laisse. Il n'est pas le seul
fondateur du groupe à le quitter et le groupe a toujours su
rebondir. L'un des membres fétiches de la troupe, Carlos Nuñez
Cortes, a confirmé, pendant la veillée funèbre, que Les Luthiers
continueraient d'écumer les scènes du monde latin...
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Depuis
quelques temps déjà, les médecins lui avaient interdit la scène,
à cause de certains coups de semonce cardiaques qui retentissaient depuis
1995. Avec tout ça, on lui avait aussi diagnostiqué un cancer. Il
n'était donc plus sur scène, mais il était présent dans les
mémoires de tout ce public doté d'un tout petit peu de subtilité
(qui ne manque pas en Argentine)...La page Facebook du groupe publie aujourd'hui le communiqué officiel de la formation. Cette page vous conduira aussi au site Internet où vous pouvez découvrir la discographie de Les Luthiers et des vidéos à n'en plus finir.
Daniel Rabinovich nous a fait beaucoup rire, moi y compris et pas seulement quand je
suis à Buenos Aires. En France aussi, je me suis beaucoup divertie grâce à lui
et à ses quarante ans de spectacle au sein de ce groupe hors du commun.
Aujourd'hui, il nous fait tous pleurer.
Comme
vous pouvez l'imaginer, la disparition de ce géant du rire est à la
une de tous les journaux nationaux. C'est dans Página/12,
comme d'habitude, qu'on trouve l'hommage le plus développé avec pas
moins de six articles dont le principal est signé par Karina
Micheletto qui ne cache pas son chagrin, même si elle ne connaissait
pas personnellement le disparu.
Pour
aller plus loin :
lire
l'article de Clarín
lire la dépêche de Télam
écouter
les différents documents audio mis en ligne par Radio Nacional
La presse en Uruguay n'est pas en reste :
lire
l'article de El País